Le début de notre paracha traite
des cas d’impureté consécutifs
au contact avec un cadavre.
Le verset aborde ainsi le
sujet : « Voici la règle : lorsqu’il se
trouve un mort dans la tente (…) »,
(Bamidbar, 19, 14). Mais nos Sages
découvrirent un tout autre
sens à ce même verset qui, selon
eux, peut se lire ainsi : « Voici le
principe de la Torah : l’homme
doit se vouer de tout son être [littéralement
: se tuer] dans la maison
d’étude », (Traité talmudique
Berakhot, page 63/b).
Cependant, il convient de comprendre
pourquoi use-t-on ici
d’un tel rapprochement entre la
Torah et… la mort ; car n’est-il
pas dit concernant les paroles de
la Torah qu’elles sont au contraire
un « gage de vie pour qui les accueille
» (Proverbes 4, 22) ?
Le ‘Hafets ‘Haïm répondit à cette
question par la remarquable parabole
que voici…
Un homme avait consacré toute sa
vie à sa réussite financière. Il avait
investi tant d’argent et d’énergie
dans son commerce qu’il était devenu
le plus prospère de la région.
Son adresse était devenue incontournable
et d’un bout à l’autre de
l’année, son commerce ne désemplissait
pas.
Mais ce tableau comportait fatalement
une ombre : il ne disposait
pas d’une seule minute de libre
pour se consacrer à sa vie spirituelle…
Sans même songer à fixer
quelques heures régulières pour
son étude, il ne fréquentait la synagogue
qu’en coup de vent et sa
vie spirituelle débutait à l’heure
où chaque Chabbat, il posait enfin
la tête sur son oreiller pour se
reposer du labeur de la semaine.
Mais arriva un jour où notre
homme réalisa que le temps passait
: l’heure où il se présenterait
devant son Créateur s’approchait,
et les arguments qu’il pourrait
présenter en sa faveur lui semblaient
plus que faibles… Il décida
donc de consacrer dorénavant
bien plus de temps aux mitsvot, et
c’est ainsi que dès le lendemain
matin, au lieu de se rendre à son
commerce, il resta à la synagogue
après la prière et se plongea
dans les merveilles de l’étude.
Les heures passèrent et la situation
dans la boutique devint
réellement critique : une foule de
clients attendaient que les portes
ouvrent, les employés ne savaient
pas quelles étaient les directives
du jour et les fournisseurs étaient
déjà repartis avec leurs marchandises…
L’épouse de notre commerçant
se mit donc activement
à sa recherche et lorsqu’elle le
découvrit au Bet Hamidrach assis
en toute sérénité devant un grand
livre d’étude, elle ne put réprimer
sa colère : « Que fais-tu ici ? Tout
le monde réclame ta présence ! ».
Mais le mari trouva les mots
justes pour calmer son épouse :
« Imagine que l’on vienne t’informer
demain de mon décès, comment
réagirais-tu…? ». Fronçant
les sourcils, la femme répondit :
« Eh bien dans ce cas, il n’y aurait
pas d’autre choix que de continuer
sans toi… ».
« En fait, j’ai réalisé que mes derniers
jours approchaient, enchaîna
le mari, et c’est pourquoi dès
aujourd’hui, je me considère comme
à la veille de ma mort ! Rien
ne saurait me détourner de cette
pensée… Quelle que soit l’urgence
de mes affaires, il vous faudra désormais
continuer sans moi ! ».
« Se tuer pour la Torah », conclut
le ‘Hafets ‘Haïm, renvoie précisément
à cette idée : il s’agit pour
l’homme de se considérer comme
« mort » et de ne voir dans ce monde
plus que lui-même et la Torah…
Y. Bendennoune
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