Miracles et nature
Hachem a ordonné à Moché d’envoyer douze
explorateurs au pays de Canaan, en fait le
territoire d’Eretz Israël. Leur rôle était de
renseigner le peuple hébreu sur l’approche la
plus efficace pour l’armée des Bné Israël afin de
conquérir aisément le pays. Mais tout a ensuite
fort mal tourné…
Depuis la Sortie d’Égypte,
toute la vie de notre peuple
fut une suite ininterrompue
de miracles : la manne tombée du
ciel, le puits d’eau sans cesse disponible
en plein désert et les colonnes
de nuées et de feu qui guidaient et
protégeaient la marche des Hébreux
en ces zones arides et hostiles. En
plus de ces constants phénomènes
surnaturels, le chemin du peuple
était aussi jalonné de miracles ponctuels,
et ce, chaque fois que cela était
nécessaire.
Or, il est bien connu qu’on ne peut
acquérir Eretz Israël que de manière
difficile et éprouvante. Avec l’épisode
des explorateurs et l’entrée du
peuple hébreu au pays d’Israël, ce
qui était en jeu c’était le passage
d’une Hachga’ha élokit (conduite
divine) complètement miraculeuse
– dont Hachem avait continuellement
gratifié notre peuple depuis sa
Sortie d’Égypte -, vers un type de
conduite divine censée associer désormais
aux miracles les efforts bien
terrestres des Bné Israël !
Ainsi, le fait même que Hachem ordonne
l’envoi de douze explorateurs
pour espionner Eretz Israël constitue
en quelque sorte une phase transitoire
vers une « conduite divine naturelle
«. Car leur mission supposée
ne constituerait qu’une première
étape, appelée à associer l’effort
humain aux miracles divins. Par la
suite, chacun ayant son métier et son
activité terrestre sur la terre d’Israël,
le cultivateur hébreu devrait ainsi
assumer lui-même ses tâches agricoles
quotidiennes sans compter sur les
miracles venus du ciel…
De ce point de vue, la conquête
même d’Eretz Israël se devait d’offrir
au peuple une préparation à ce
grand changement de conduite divine.
Voilà pourquoi l’épreuve relatée
dans notre paracha ne concernait
donc pas seulement les douze
explorateurs, mais aussi le peuple
tout entier !
Seulement deux explorateurs furent
à la hauteur de leur tâche !
C’est ainsi que la Torah nous raconte
que sur les douze explorateurs, deux
seulement ont été à la hauteur de leur
tâche, à savoir Yéhochoua et Calev.
Eux deux ont en effet montré qu’ils
savaient assumer un rôle difficile au
prix de gros efforts, sans perdre de
vue un seul instant que, de manière
invisible et cachée, Hachem les
aidait et réalisait encore et encore
des miracles. Car c’est une évidence
que Hachem les a accompagnés
dans leur mission, guettait leurs
efforts et les assistait discrètement
et miraculeusement à la fois. En
fait, cette approche visionnaire de
Yéhochoua et de Calev s’est avérée
indispensable pendant leur mission
car elle préparait l’attitude générale
qui devait être ensuite celle
du peuple dans le quotidien de son
existence en Eretz Israël, puis plus
tard dans son exil aux quatre coins
du globe, et même aujourd’hui encore…
En effet, de manière identique
aujourd’hui, ceux qui pensent intensément
à Hachem en Israël et
dans le monde entier bénéficient
de miracles et réussissent ce qu’ils
ne pourraient jamais réaliser par
leurs seules forces. En Israël, plus
clairement encore qu’ailleurs – où
cette hachga’ha se fait plus discrète…
– Hachem aide Son peuple. Et
Son peuple sait se montrer plein de
gratitude envers Lui.
Les dix autres explorateurs ont
lamentablement échoué. Ce sont
d’ailleurs eux qui, les premiers,
ont présenté un rapport de mission
catastrophiste à Moché, à Aharon
et à tout le peuple. Pressentant,
lors du déroulement même de leur
mission, la nouvelle dimension de
l’histoire juive voulant qu’il ne faudrait
désormais ne compter que sur
eux-mêmes et que les miracles vécus
dans le désert tireraient à leur
fin, ils n’ont pas eu la force morale
de réaliser sincèrement que Hachem
continuerait toujours d’accomplir
des miracles pour Israël, son « enfant
», son peuple élu.
C’est ce manque de émounah en Hachem
et aussi dans le niveau de son
peuple qui les a entraînés à estimer
que la conquête d’Eretz Israël était
devenue « irréalisable ». Complètement
défaitiste et désespéré, leur
rapport de mission a donc découragé
le peuple au point de lui donner l’idée
de revenir en Égypte !!!
D’ailleurs, leur punition ne s’est
d’ailleurs pas fait attendre : les dix
explorateurs coupables moururent
immédiatement ! Quant au peuple, il
fut condamné à mourir petit à petit
dans le désert pendant quarante
années… Autrement dit, le seul fait
de penser un instant que l’on ne peut
pas compter sur l’aide de Hachem
les a conduits à être privés de cette
même aide divine.
De nos jours également, ceux qui
n’ont pas confiance en l’aide de D.ieu
subissent des épreuves dans lesquelles
ils sont effectivement privés de
cette aide. Ainsi, ceux qui considèrent
que s’ils observaient le Chabbat
et les fêtes, ils ne gagneraient pas
« assez d’argent pour vivre », sont
ensuite privés de l’aide miraculeuse.
Hachem les abandonne et les laisse
« se débrouiller tout seuls ». Si bien
que certains y perdent leur vie, pendant
que d’autres y perdent leur vie
juive.
À noter aussi que dans notre paracha,
Hachem introduit les châtiments
qu’Il va infliger aux explorateurs et
au peuple par les mots : « Véoulam
‘Hay Ani ! (…) [Cependant, aussi
vrai que Je suis vivant ] » Or, c’est
par cette expression très spéciale
que D.ieu jure d’appliquer Son châtiment
aux coupables.
Toutefois, le Séfer Tiféret Chimchon
nous permet de découvrir une explication
supplémentaire. En effet, ce
qui est déterminant dans notre vie
et ce qui consacre notre croyance
authentique – notre émouna -, c’est
bien la conscience de ce que Hachem
est un « D.ieu vivant ». En effet, il ne
suffit pas d’adhérer à notre croyance
d’une manière exclusivement intellectuelle
ou d’être capables de
démontrer aux autres la véracité
de notre émouna, la véritable question
étant de savoir : Hachem est-Il
vivant pour nous ? Prenons-nous
conscience qu’Il nous aime réellement
? Eprouvons-nous une crainte
face à Lui, comme on craint un homme
de chair et d’os – ou au moins
comme au volant, lorsqu’on a peur
en apercevant la police… ?
Ne quittons surtout pas la paracha
Chela’h Le’ha sans faire grandir sincèrement
en nous la claire conviction
que Hachem est vivant. Nous
devons ressentir qu’Il nous aime
comme si nous pouvions Le voir et
nous devons le craindre comme si
nous pouvions L’apercevoir !
Car ce qui manquait vraiment à
dix de ces douze explorateurs défaillants,
Hachem nous l’a révélé
dans cette expression : « Véoulam
‘Hay Ani ». Ne l’oublions jamais !
Rav Hayim Yaacov Schlammé
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