Pessah est non seulement la fête familiale par excellence, où l'on aime se réunir autour du Seder. On se réjouit des miracles qu'Hachem nous a témoigné lors de la sortie d'Egypte qui marque notre libération des 210 ans d'esclavage.
Cette fête, qui marque notre libération et nous rappelle la sortie d'Egypte de nos ancêtres, est sur plusieurs points, très spéciale car elle est entoruée de symboles riches en enseignements
On récite les symboles du Séder à voix haute, dans la mesure où ils renferment de profonds secrets. Le verre du kidouch représente la première des quatre coupes, et est soumis aux mêmes lois que les autres coupes évoquées plus haut.
Kadech
On n’entame le kidouch qu’une fois la nuit tombée, après quoi on débute le Séder sans tarder (Choul’han Aroukh 472). Le maître de maison prononce le kidouch et tous les convives répondent amen. Celui qui le récite aura l’intention de rendre quittes tous les convives, et ces derniers auront l’intention de se rendre quittes de cette façon.
Certains ont la coutume de réciter le kidouch à voix basse, en même temps que le maître de maison. Dans ce cas, on veillera à ne pas répondre amen au kidouch du second, pour ne pas créer d’interruption entre son propre kidouch et la consommation du vin.
Les femmes ne prononcent pas la bénédiction de « Chéhé’héyanou » dans la mesure où elles l’ont déjà récitée au moment de l’allumage des bougies. Par conséquent, elles ne répondront pas non plus amen à cette bénédiction lorsque le maître de maison la prononce, car celle-ci constitue pour elles une interruption entre le kidouch et la consommation du vin.
Si une femme a répondu amen à cette bénédiction, elle devra dire quelques mots, dire ensuite la bénédiction « boré péri haguéfen » et enfin boire le verre de vin. D’autres avis considèrent que ceci ne constitue pas une interruption, et qu’elle peut donc boire aussitôt la coupe de vin (Iguerot Moché).
Dans certaines communautés, chaque convive récite son propre kidouch après celui du maître de maison. Dans ce cas, chacun prendra soin de penser à ne pas se rendre quitte avec le kidouch entendu de la bouche d’autrui.
En récitant le kidouch, on aura l’intention de se rendre quitte du kidouch ainsi que de la mitsva des quatre coupes. En récitant la bénédiction de « chéhé’héyanou », on aura l’intention de s’en rendre quitte également pour la mitsva des quatre coupes, pour la consommation de la matsa, pour la mitsva de relater la sortie d’Egypte et pour les herbes amères (Bet Yaacov). De plus, on aura à l’esprit à ce moment d’avoir la possibilité de boire des verres de vin supplémentaires si on en ressent le besoin. On devra énoncer ces différentes intentions à tous les membres de la famille, pour qu’ils pensent également à s’en rendre quitte.
On saisit alors la coupe avec les deux mains, et on la maintient dans sa main droite, avec laquelle on l’élèvera d’au moins un téfa’h (une dizaine de centimètres). On prononce ensuite le kidouch en position debout.
Oure’hats
Après le kidouch, on procède à une ablution des mains, sans prononcer la bénédiction « al nétilat yadaïm ». Cette ablution est rendue nécessaire par le karpass que l’on s’apprête à tremper dans l’eau salée, conformément à la règle voulant que « tout aliment trempé dans un liquide requiert l’ablution des mains ». Même ceux qui n’observent généralement pas cette règle durant l’année devront s’y plier à ce moment, en raison de la sainteté de cette nuit (Taz). Pour d’autres décisionnaires, cette exception est voulue pour susciter le questionnement des enfants (‘Hok Yaacov).
Hormis la bénédiction, cette ablution est soumise aux mêmes règles que toute ablution ordinaire, et c’est pourquoi il faudra notamment prendre soin de ne pas parler entre ce moment et la consommation du karpass (Michna Beroura 158 et 166). Il convient d’avoir l’intention de ne se rendre quitte, avec cette ablution, que de celle nécessaire pour la consommation du karpass, sans quoi on se rendrait également quitte de la seconde ablution nécessaire pour le repas.
Si par erreur, on a prononcé la bénédiction « al nétilat yadaïm », on dira aussitôt « baroukh chem kévod malkhouto léolam vaed ». Dans ce cas, il sera préférable, avant la seconde ablution, de rendre ses mains « impures » au contact d’une partie du corps généralement couverte.
De nombreuses communautés yéménites se conforment, pour cette loi, à l’avis du Rambam selon lequel on doit prononcer « al nétilat yadaïm » même sur cette ablution. D’après cela, il faudra donc consommer plus d’un kazaït de karpass.
Le karpass
Par institution rabbinique, on mange un légume trempé dans l’eau salé avant le repas, afin d’éveiller la curiosité des enfants et les inciter à poser des questions sur la suite du Séder (Peri Mégadim). On mangera moins d’un kazaït du légume, dans la mesure où il existe un doute concernant la bénédiction postérieure « boré néfachot » (Choul’han Aroukh 473). En prenant le karpass, on en laissera un petit peu sur le plateau du Séder pour que celui-ci reste intact jusqu’à la fin du Séder.
Dans l’absolu, on peut utiliser pour le karpass tout légume qu’on n’a pas coutume de manger avant le repas (Tour). Le Ari zal écrit cependant que le choix de ce légume ne doit pas être fortuit, car les coutumes instaurées par nos Sages ont une dimension incommensurable.
A cette fin, certains considèrent que le persil correspond au karpass dont parlent les Sages du Talmud (Maguen Avraham). D’autres désignent le céleri (Ma’hatsit Hachékel ainsi que ‘Hatam Sofer au nom de son maître). D’autres enfin évoquent la pomme de terre ou encore le radis (Divré ‘Haïm).
On trempe le légume précisément avec la main, et on le distribue à tous les convives, enfants inclus. On récite la bénédiction « boré péri haadama », en ayant l’intention de se rendre quitte avec elle également pour la consommation des herbes amères. Si l’on a mangé par erreur plus d’un kazaït, on ne dira néanmoins pas « boré néfachot ».
Le plus âgé des convives récite la bénédiction à voix haute, en rendant ainsi quitte toute l’assistance. Mais s’ils le souhaitent, les autres convives peuvent prononcer la bénédiction chacun pour soi. Bien qu’il y ait une grande discussion pour définir dans quel liquide on trempe le karpass, la coutume la plus largement adoptée est de tremper le légume dans l’eau salée.
Ya’hats
On coupe la matsa du milieu en deux. Le premier morceau est confié à l’un des convives qui la conservera pour l’Afikoman, en la dissimulant sous la nappe. Le second morceau est replacé entre les deux matsot entières. C’est la matsa du milieu qu’on choisit pour cela, afin que l’on prononce sur elle la bénédiction « al akhilat matsa », en souvenir de ce que la matsa est qualifiée de « pain de pauvre ». Il est préférable que le morceau de matsa réservé à l’Afikoman soit de dimension supérieure au second bout, tout en veillant à ce que ce dernier conserve tout au moins la mesure d’un kazaït.
La coutume veut qu’on place le morceau de l’Afikoman dans une pochette, en souvenir du verset : « Leurs sébiles sur l’épaule, enveloppées dans leurs manteaux » (Chémot 12, 34), et de le poser sous un coussin (Techouvat Maharchal). On a également l’habitude de dire aux enfants de « s’emparer » de l’Afikoman, afin de susciter leur intérêt et de les garder éveillés. Il faut cependant les prévenir de ne pas déposer cette matsa dans un endroit qui ne lui sied pas, sous un lit, dans les toilettes ou encore dans un placard qui n’a pas été nettoyé pour Pessa’h (Vayagued Moché).
Dans certaines communautés séfarades, on a l’habitude de dire au moment où on coupe cette matsa en deux : « D.ieu partagea de cette façon la mer en douze tranches, desquelles les enfants d’Israël sortir à pieds secs ». Certains auteurs indiquent qu’il faut couper cette matsa de sorte à ce que la première moitié forme un daleth et la seconde un vav. Le daleth est replacé entre les deux autres matsot et le vav est conservé pour l’Afikoman (Darké Halakha). Enfin, dans certaines communautés, un enfant ou l’un des convives place la matsa réservée à l’Afikoman dans une nappe, il l’attache à sa ceinture et se place près de la porte d’entrée. On lui demande alors : « D’où viens-tu ? », et il répond : « D’Egypte ! ». On reprend : « Et où te rends-tu ? », et lui déclare : « A Jérusalem ! ». Tout le monde entonne alors le chant : « L’an prochain à Jérusalem ».
Maguid – le récit de la Haggada
Avant d’entamer le récit de la Haggada, on aura l’intention de se rendre quitte de la mitsva de raconter les évènements d’Egypte. On prononcera à cet égard la formule figurant dans les Haggadot : « Haréni Moukhan… » (Michna Beroura 473). On aura également à l’esprit que cette mitsva est destinée à « savoir et faire savoir que l’Eternel est le Maître du monde, le D.ieu d’Israël Tout-Puissant, Qui bouleverse à Son gré l’ordre établi dans la Création. Pour divulguer également qu’aucune créature au monde n’a le pouvoir de faire le mal ou le bien sans qu’Il ne l’ait décidé. On aura également à l’esprit qu’en racontant les prodiges de la sortie d’Egypte, on ancre profondément dans son cœur les treize principes de foi comme il est écrit : ‘Afin que tu racontes à ton fils et à ton petit-fils ce que J’ai fait aux Egyptiens et les merveilles que J’ai opérées contre eux ; vous reconnaîtrez ainsi que Je suis l’Eternel’ (début de Bo) » (Dérekh Pikoudékha mitsva 201).
Essentiellement, cette mitsva consiste à susciter chez les enfants des questionnements auxquels les adultes répondront. Ceci est valable pour tout enfant, dès que son âge lui permet de comprendre le sens de la conversation. C’est la raison pour laquelle tant de moyens sont mis en œuvre pendant le Séder pour amener les enfants à questionner (Michna Beroura 473). En conséquence, il faut tenir les enfants éveillés tout au moins jusqu’au passage « avadim hayinou » inclus, afin qu’ils entendent la réponse à leur question, et non les coucher aussitôt après « ma nichtana » en les laissant sans réponse.
Les femmes ont l’obligation de réciter ou au moins d’entendre le récit de la Haggada exactement comme les hommes. A cet égard, les décisionnaires soulignent que les femmes doivent prendre soin d’entendre convenablement tous les passages de la Haggada, sans quoi elles ne se rendraient pas quitte de la mitsva des quatre coupes, qui doivent être bues au fil du récit de la Haggada comme nous l’avons vu (Michna Beroura 472).
La Haggada doit être comprise de tous, et si l’on ne comprend pas l’hébreu, on devra la traduire dans la langue du pays. Il est rapporté à ce sujet que chez le ‘Hatam Sofer, la longueur du récit était dû au fait qu’il traduisait à ses enfants chaque mot de la Haggada, en leur expliquant le sens du récit, sans évoquer le plus petit commentaire (Minhagué ‘Hatam Sofer 10).
Par ailleurs, dans la mesure où chaque parole de nos Sages renferment de très profonds secrets, il convient de réciter chaque passage de la Haggada dans le texte originel, et de l’expliquer ou le traduire ensuite aux gens de la maison (Pélé Yoets).
Selon les termes du Choul’han Aroukh : « Chacun a l’obligation de s’entretenir des lois de Pessa’h et de raconter les miracles et les prodiges que fit le Saint béni soit-Il en faveur de nos ancêtres jusqu’à succomber sous le sommeil » (chap. 481). Cependant, il n’est pas nécessaire de se maltraiter pour autant, en s’imposant de résister au sommeil (Guevourot Hachem chap. 23).
Lorsque tous les convives connaissent déjà parfaitement le récit de la Haggada, il conviendra d’approfondir chaque thème, en entrant dans les plus petits détails de chaque évènement. A cet égard, il convient de se préparer convenablement, en cherchant la veille de la fête de nombreuses explications ou commentaires sur la Haggada.
Il est cependant préférable de s’étendre en commentaires et explications seulement après la fin de la Haggada, afin que les enfants puissent manger la matsa et boire les quatre coupes de vin avant que le sommeil ne les emporte.
Il est écrit dans le Zohar : « Toute personne qui raconte le récit de la sortie d’Egypte avec joie et ferveur est invitée à se réjouir avec la Chékhina dans le Monde futur. Le Saint béni soit-Il rassemble tout le Tribunal céleste et leur dit : ‘Allez donc écouter la louange de Mes miracles, que Mes enfants clament en se réjouissant ». On récitera donc la Haggada à voix haute, posément et sans précipitation (Kaf Ha’haïm).
On ne doit pas s’interrompre au milieu du récit de la Haggada ni en mangeant ou en buvant, ni par des propos profanes, sauf en cas de grande nécessité (Kaf Ha’haïm). En outre, on ne devra en aucun cas s’interrompre entre la bénédiction « gaal Israël » et la troisième coupe de vin, ni entre la récitation du Hallel et la quatrième coupe.
Si l’on s’aperçoit que l’on n’aura pas le temps de consommer la matsa et les herbes amères avant le milieu de la nuit (‘hatsot), on sautera le nombre de passages nécessaires, que l’on reprendra ensuite pendant le repas (Davar Yom Béyomo).
Les autres étapes du Séder
Les herbes amères
Aussitôt après avoir mangé la matsa, on prend un kazaït d’herbes amères (voir plus haut, dans les préparatifs du Séder). Ceci constitue une mitsva d’ordre rabbinique, en souvenir de la mitsva de manger des herbes amères avec le sacrifice de Pessa’h, cette mitsva étant elle-même destinée à nous rappeler l’amertume de la vie en Egypte.
On trempe les herbes amères dans le ‘harosset. On prendra cependant garde de ne pas les y laisser tremper trop longtemps, pour éviter que leur amertume ne s’atténue. De même, on secouera les herbes pour en ôter le ‘harosset superflu (Choul’han Aroukh 475). On mâchera convenablement le maror, et l’on s’efforcera d’avaler le kazaït entier simultanément. A postériori, on se rend quitte de la mitsva dès lors qu’on l’a avalé dans un temps inférieur à « kedé akhilat prass » (2-9 minutes). Comme nous l’avons vu, les avis sont très partagés concernant la mesure de kazaït, les moins exigeants se contentent d’une quantité de 17 grammes pour les herbes amères qui ne sont que d’ordre rabbinique (d’après le témoignage de rav ‘Haïm Kanievski, cité dans le Sidour Pessa’h Kéhilkhato, le ‘Hazon Ich s’en remettait lui-même à cet avis).
Le maître de maison prononce la bénédiction « al akhilat maror » avec l’intention de rendre toute l’assistance quitte (certains ont toutefois coutume que chacun prononce la bénédiction pour soi-même). Avec cette bénédiction, on pensera également à se rendre quitte pour les herbes amères du korekh.
On ne s’accoude pas pour manger les herbes amères, dans la mesure où elles rappellent l’amertume et la servitude égyptiennes. Le ‘harosset vient en souvenir des pommiers – sous lesquels les femmes d’Israël accouchaient en Egypte –, en souvenir du ciment, de la paille, de l’asservissement et de la plaie du sang.
Korekh
On prend un kazaït de la troisième matsa du plateau, on l’enroule avec un kazaït d’herbes amères et on trempe le tout dans le ‘harosset (certains ne trempent pas dans le ‘harosset – Rama). Puis on secoue le ‘harosset et on récite la formule : « En souvenir du Temple comme Hillel… », puis on mange les deux kazétim de la même manière que les matsot ci-dessus mentionnées, en s’accoudant. Notons cependant que si l’on consomme la matsa et le maror séparément, on ne se rend pas quitte du korekh. Si l’on a mangé le korekh sans s’accouder, il n’est pas nécessaire de le manger une nouvelle fois.
Pour les mesures du korekh, on peut s’en remettre aux avis les moins stricts, qui s’en tiennent à 9 grammes pour la matsa et à 17,3 grammes pour les herbes. Certains avis considèrent même qu’il n’est pas obligatoire de manger un kazaït d’herbes amères pour le korekh (Michna Beroura 486).
Choul’han Orekh
C’est une mitsva particulière à Pessa’h que d’avoir un invité pauvre à sa table (Chaar Hatsioun 479). On a l’habitude de manger des œufs pendant ce repas, en souvenir de la destruction du Temple (Rama 476). Certains mangent l’œuf du plateau (Michna Beroura), d’autres prennent soin de ne rien manger du plateau (Darké Moché).
On ne mange aucune viande grillée pendant ce repas, seulement de la viande cuite (Choul’han Aroukh 476). Ceci est également valable pour le foie, qu’on ne pourra manger que s’il a été cuit après avoir été grillé. De la viande fumée est considérée comme ayant été grillée (Aroukh Hachoulh’an). C’est la raison pour laquelle on ne mange l’avant-bras du plateau que le lendemain. En revanche, rien n’interdit de manger du poisson ou des œufs grillés.
On s’abstiendra de manger trop abondamment, pour que l’Afikoman soit consommé avec un minimum d’appétit (Rama 476).
Tsafoun
On prend la matsa mise de côté pour l’Afikoman et l’on mange accoudés deux kazétim de celle-ci, l’un en souvenir du sacrifice de Pessa’h, le second en souvenir de celui de ‘Haguiga. Toutefois, si cela est difficile, on pourra se contenter d’un seul kazaït. Les femmes ont le même devoir que les hommes de consommer l’Afikoman (Choul’han Aroukh 477). On peut néanmoins s’en remettre aux plus petites mesures de kazaït, comme nous l’avons vu pour le korekh.
Si la matsa de l’Afikoman ne suffit pas pour tous les convives, on la partage entre eux et on complète le kazaït avec une autre matsa (Vayagued Moché). Cette matsa doit également être consommée dans un laps de temps correspondant à « akhilat perass », et si l’on a oublié de s’accouder, on n’a pas l’obligation de manger un nouveau kazaït si cela est difficile (Michna Beroura).
L’Afikoman doit être mangé alors que l’on est rassasié, mais que l’on a encore un petit peu d’appétit. C’est la raison pour laquelle on le consomme à la fin du repas, en se réservant toutefois pour cette matsa. En revanche, si l’on est rassasié au point que la nourriture provoque l’écœurement, on ne peut se rendre quitte de l’Afikoman. En outre, les décisionnaires précisent que cette consommation ne doit pas être à nos yeux comme un fardeau, car ceci est contraire à l’esprit de la mitsva (Michna Beroura).
On s’efforcera de manger l’Afikoman avant le milieu de la nuit (‘hatsot) (Choul’han Aroukh 477). Cependant, si le repas a tardé jusqu’après l’heure de ‘hatsot, on n’en sera pas dispensé pour autant (Aroukh Hachoul’han).
Après l’Afikoman, on ne peut rien manger pour que le goût de la matsa reste présent dans la bouche. Si l’on a mangé par mégarde, certains auteurs considèrent qu’il faut consommer un nouveau kazaït d’Afikoman (Michna Beroura). La boisson fait l’objet d’une discussion entre les décisionnaires, et il convient de s’abstenir de boire des boissons alcoolisées après l’Afikoman, mais il est permis de boire de l’eau ou du thé.
Si l’Afikoman a été égaré, on prendra une autre matsa à sa place. Si l’on a oublié de manger l’Afikoman et qu’on s’en rappelle après les maïm a’haronim [ablution finale], on refera nétilat yadaïm sans bénédiction et on mangera la matsa sans la bénédiction « hamotsi ».
Barekh
On prononce le Birkat Hamazon en ayant l’intention de s’en acquitter également pour les deux premières coupes, bues avant le début du repas.
Chefokh ‘Hamatekha
Avant d’entamer le passage « chefokh ‘hamatekha » [déverse Ta colère], on ouvre la porte de la maison pour rappeler que cette nuit est la « Nuit de la protection ». Par la confiance en D.ieu que nous manifestons ainsi, Il nous enverra le Machia’h qui « déversera la colère de D.ieu » sur Ses ennemis. Au moment où on ouvre la porte, certains ont même l’habitude de dire : « Baroukh Haba Eliyahou Hanavi – Bienvenue prophète Eli » (Aroukh Hachoul’han). Cette coutume n’est toutefois pas observée par les communautés séfarades.
Hallel
Idéalement, il convient de réciter le Hallel avant ‘hatsot (Rama), mais certains avis notent que l’on ne doit pas pour autant écourter le repas (Péri Méguadim).
Le plus âgé récite les versets « hodou » et « ana », et les autres convives les répètent après lui (Rama). Il est donc bien que trois hommes soient présents pour le Hallel, de sorte que le premier récitent les versets et les deux autres répètent après lui. Mais à défaut, on peut agir de même avec sa femme et ses enfants (Michna Beroura).
La récitation du Hallel doit obligatoirement séparer la troisième coupe de la quatrième, sans quoi ces deux coupes sont considérées comme ayant été bues simultanément et sont donc sans valeur. De ce fait, il faut informer les femmes et les enfants de l’importance de cette récitation, pour se rendre quitte de la mitvsa des quatre coupes. Il faut néanmoins veiller que les femmes n’entonnent pas de chant de chœur avec les hommes (Choul’han Aroukh et Michna Beroura 479).
La quatrième coupe
On ne s’interrompt pas entre la récitation du Hallel et la quatrième coupe. D’après le rite ashkénaze, on répète à nouveau la bénédiction « boré péri haguéfen », mais pas selon la coutume séfarade.
Si on a bu cette coupe en s’accoudant du côté droit ou en prenant plus de temps que généralement nécessaire pour boire un réviit, on ne boit pas pour autant une nouvelle coupe. En revanche, si l’on a pris plus de temps que « kédé akhilat perass » (entre 2 et 9 minutes) ou si l’on a bu moins d’un réviit, ceci n’est d’aucune valeur et l’on doit boire une nouvelle coupe.
En revanche, si on a bu cette coupe sans s’accouder, les décisionnaires séfarades exigent qu’on boive une nouvelle coupe, mais non les décisionnaires ashkénazes.
On prendra soin de boire la totalité d’un réviit de cette coupe, afin que l’on puisse prononcer la bénédiction « al haguéfen » selon tous les avis (Michna Beroura). Mais si l’on en est incapable, on se rendra quitte de cette bénédiction en l’écoutant de la bouche d’une tierce personne. Et si l’on est seul, on se contentera de penser dans sa tête aux mots de la bénédiction.
Par cette bénédiction, on pensera à se rendre également quitte pour la troisième coupe. Après la quatrième coupe, on s’abstiendra de boire toute boisson hormis l’eau et le thé.
Nirtsa
Toute personne ayant observé la nuit du Séder conformément aux prescriptions ordonnées par nos Sages sera agréée (nirtsa) devant D.ieu. On entonne alors les différents chants figurant à la fin de la Haggada, chacun selon sa coutume. Certains ont l’habitude de conclure par Chir Hachirim.
Il faut veiller à réciter tous les passages de la Haggada, y compris les chants et cantiques figurant tout à la fin. Le ‘Hida se montra d’une très grande virulence envers un homme qui s’était moqué du chant « ‘had gadya », en écrivant qu’il convient de prononcer contre lui un anathème parce qu’il raille une coutume observée par l’ensemble du peuple juif (‘Haïm Chaal I 21).
LéChana HaBaa BiYérouchalaïm !
Par