Rabbi Yonathan dit : « Celui qui accomplit la Torah dans l’indigence l’accomplira aussi dans l’opulence. Et celui qui la renie dans la richesse la reniera plus tard dans le dénuement !» (Chapitre 4, Michna 9)


רַבִּי יוֹנָתָן אוֹמֵר, כָּל הַמְקַיֵּם אֶת הַתּוֹרָה מֵענִי, סוֹפוֹ לְקַיְּמָהּ מֵעשֶׁר. וְכָל הַמְבַטֵּל אֶת הַתּוֹרָה מֵעשֶׁר, סוֹפוֹ לְבַטְּלָהּ מֵענִי.
Le Alche’h Hakadoch fait remarquer que l’énoncé de ces deux principes est asymétrique, car notre Michna ne traite pas des conséquences de la négligence de la Torah dans la pauvreté ni de celles de son observance dans la richesse ! Alors, pourquoi rabbi Yonathan a-t-il donc choisi d’analyser uniquement les effets du respect de la Torah dans le dénuement et ceux de sa négligence dans l’opulence ?
Dans un commentaire magistral, rabbi Moché Alche’h explique que la richesse et la pauvreté sont des épreuves qui peuvent aisément détourner l’homme de l’accomplissement de la Volonté divine. C’est ce que dit le roi Salomon, « l’homme le plus sage » : « Ne me donne ni pauvreté ni richesse, mais accorde-moi la part de nourriture qui m'est indispensable ! Car, vivant dans l'abondance, je pourrais te renier en disant : “ Qui est l'Éternel ? ”… Ou bien, poussé par la misère, je pourrais voler et offenser le Nom de mon D.ieu ! » (Proverbes, 30, 8-9)
L’analyse des épreuves respectives souvent imposées au pauvre comme au riche démontre que si le dénuement peut engendrer le vol ou l’anathème contre le Nom divin, le riche risque quant à lui de dévier complètement de son devoir, en allant même jusqu’à renier D.ieu… C’est que l’opulence dans laquelle il baigne sans cesse pousse le riche à se sentir « supérieur », et de là il n’y a qu’un pas pour renier son D.ieu : « Yéchouroun, engraissé, regimbe ; tu étais trop gras, trop replet, trop bien nourri ; et il abandonne le D.ieu qui l'a créé ; et il méprise son Rocher tutélaire ! » (Dévarim, 32, 15)
Rabbi Yonathan nous exhorte donc ici à savoir surmonter l’épreuve de la misère et à en sortir victorieux, car c’est justement grâce aux privations et aux difficultés que l’homme plie réellement l’échine pour se tourner avec humilité vers le Ciel. Il se sera de la sorte exercé à recevoir l’abondance en toute harmonie et en pleine reconnaissance, car il aura appris à la maîtriser, tout en restant fidèle à la Torah. Voilà pourquoi il ne devra pas craindre, alors, d’affronter la richesse.
Par contre, celui qui a toujours connu l’aisance et la « supériorité sociale » n’aura guère forgé sa personnalité dans l’endurance, et il succombera donc aux tentations de la richesse en risquant fort de devenir infidèle à son D.ieu. Même lorsque son étoile déclinera et qu’il sera assailli par le manque et la pauvreté, son arrogance ne se brisera pas et il restera obstinément un renégat !
Rabbi Moché Alche’h paraphe ce commentaire avec une magnifique explication du verset suivant, faite dans le même sillage : « Grâce à D.ieu, je puis célébrer Son arrêt ; grâce à l’Éternel, je puis célébrer Son arrêt ! » (Psaumes 56, 11)
Il ne s’agit pas là d’une quelconque « redondance » de l’écriture, explique Rabbi Moché : car « D.ieu » (Elokim) représente le Din – la Rigueur divine – ; alors que « l’Éternel » (le Nom divin s’exprimant par le Tétragramme) représente la Miséricorde du Ciel. Le Psalmiste nous enseigne donc ici que celui qui s’habitue à accepter les décrets divins dans la Rigueur (ce qui renvoie à l’indigence) saura les accepter dans la Miséricorde – à savoir l’opulence…
Une subtile leçon à méditer au sortir de Kippour et avant d’entrer dans la Soucca…Par Chalom C.,en partenariat avec Hamodia.fr