אֵיזֶהוּ עָשִׁיר הַשָּׂמֵחַ בְּחֶלְקוֹ, שֶׁנֶּאֱמַר (תהלים קכח), יְגִיעַ כַּפֶּיךָ כִּי תאכֵל אַשְׁרֶיךָ וְטוֹב לָךְ. אַשְׁרֶיךָ, בָּעוֹלָם הַזֶּה. וטוֹב לָךְ, לָעוֹלָם הַבָּא.
« [Ben Zoma dit :] ‘ Qui est riche ? Celui qui se réjouit de ce qu’il a, comme il est dit (Psaumes 128, 2) : " Oui, le produit de ton travail, tu le mangeras, tu seras heureux, le bien sera ton partage ! ‘ Tu seras heureux : dans ce monde ’ ; et ‘ le bien sera ton partage ’ : dans le monde futur ’ » (Chapitre 4, Michna 1)
Ben Zoma nous conseille vivement ici de ne pas sombrer dans la terrible illusion de croire que la vraie richesse se mesure en fonction de la fortune concrètement amassée. Car la véritable richesse de l’homme, c’est sa capacité à jouir de ce qu’il possède ! En effet, la course à l’argent est toujours effrénée et ne prend jamais fin, comme le dit rabbi Youdane au nom de rabbi Eyvo : « Personne ne quitte ce monde en ayant satisfait ne serait-ce que la moitié de son désir, car celui qui possède cent en veut deux cents, et celui qui possède deux cents veut avoir quatre cents… » (Midrach Rabba sur l’Ecclésiaste, 3, 13)
Dans son ouvrage sur le Choul’han Arou’h, le décisionnaire Éliah Rabba rapporte la sentence suivante de rabbi Yo’hanan au nom de rabbi Yossi : « Celui qui respecte le Chabbat reçoit en récompense un patrimoine sans limites ! » (Traité Chabbat, page118/a) Puis, il ajoute un commentaire – au nom de l’illustre rabbi Heschel de Cracovie – une annotation quelque peu sarcastique citant en substance rabbi Yéhouda, qui a dit au nom de rav : « Celui qui respecte le Chabbat voit ses vœux se réaliser » (Traité Chabbat, page 118/b) Or, commente rabbi Heschel, les envies de l’être humain étant démesurées, le seul moyen de les combler consiste effectivement à lui offrir « un patrimoine sans limites »…
La Torah nous enseigne qu’au moment de la fameuse rencontre entre Yaacov et Essav, ce dernier refusa de recevoir l’hommage de son frère, en disant : « J'en ai déjà amplement ! » Ce à quoi Yaacov répliqua : « D.ieu m’a favorisé et je possède suffisamment ! » (Béréchit 33, 9 et 11)
Cette qualité consistant à se suffire toujours de ce que l’on a est l’apanage du tsaddik : il jouit pleinement de ce qui est en sa possession – à la fois matérielle et spirituelle -, alors que de son côté le racha (l’impie) reste toujours inassouvi en donnant libre cours à sa multitude d’envies et de passions.
À ce propos, le célèbre Machguia’h de Gour, rabbi Godl Ayzner zatsal, avait l’habitude de rapporter le verset suivant : « Le juste ne mange que pour apaiser sa faim ; alors que le ventre des méchants n'en a jamais assez ! » (Proverbes, 13, 25.) A priori, cette sentence semble quelque peu étrange, car est-il possible d’affirmer que le méchant n’atteindra strictement jamais la satiété… ?
En réponse, rabbi Godl expliquait avec un sourire malicieux que le roi Salomon voulait insinuer par là que l’impie, même se sentant concrètement rassasié, n’en a véritablement jamais assez, car son insatisfaction et son avidité sont telles qu’il regrette… de ne pas avoir un ventre plus volumineux qui lui aurait permis d’en ingurgiter encore ! En partenariat avec Hamodia.fr