La situation ne s’est pas encore calmée sur l’ensemble du territoire tunisien. Les touristes poursuivent leur exode, ainsi que les diplomates, mais il semblerait que la situation ne soit pas désespérée. Les responsables de la communauté juive de Tunisie, qui représente environ deux mille personnes, estiment que la vie pourrait prochainement reprendre son cours normal. La situation est certes instable, et l’atmosphère de violence qui règne dans les rues de Tunis, où vit la majorité des Juifs du pays, n’est pas plus déplorable pour les Juifs que pour le reste de la population, et c’est cet aspect de la situation qui permet au rabbin de la grande synagogue de Tunis, le Rav Hattab, de ne pas être trop pessimiste. Il estime que la vie devrait reprendre son cours habituel: «Jusqu’à présent, tout s’est bien passé, et nous ne sommes pas inquiets», a-t-il déclaré. Il reconnaît cependant que les membres de la communauté restent enfermés chez eux depuis le début de l’après-midi jusqu’au matin, et que les études de l’école juive ont été pour l’heure suspendues, mais il constate qu’il en est de même pour toutes les institutions scolaires. Cette situation prévaut depuis le début des émeutes.


Le rabbin rapporte que des individus armés de couteaux et d’armes à feu ont circulé dans les rues, et que des gens ont été frappés sur la voie publique. L’école juive et la grande synagogue ont fait l’objet d’une surveillance rapprochée. Samedi matin, les fidèles se sont rendus à la synagogue pour l’office. «Le fait que des gens sont venus à la synagogue montre qu’il ne faut pas s’inquiéter outre mesure.» L’autre partie de la communauté juive de Tunisie, qui vit à Djerba, rapporte que les incidents qui ont secoué le nord du pays n’ont pas été ressentis chez eux: «Ici, tout est calme, comme d’habitude. Je peux rester au café avec mes amis. Mais tout le monde parle de ce qui se passe, et surtout de l’avenir», rapporte Haï Camus, l’un des anciens de la ville.
Il ajoute: «Maintenant, nous n’avons pas peur. C’est vrai que tout est fermé, mais les gens peuvent circuler dans la rue. On peut parler et on n’est pas obligés de se cacher. Même quand il y a eu des émeutes, elles se sont produites un peu partout, mais pas à Djerba. Mais personne n’est vraiment calme. Nous sommes tous stressés, les Juifs comme les non-Juifs. Nous ne savons pas ce qui va se passer par la suite, nous attendons de voir de quoi demain sera fait.»
Selon un membre de l’opposition tunisienne, Souhil Patouh, qui a pris part aux émeutes contre le président Ben Ali, et dont les propos ont été recueillis par le correspondant du site israélien d’informations Ynet, à quelques centaines de mètres du parlement tunisien: «C’est très dangereux, ici! On tire sur les passants même au moment où je vous parle. Ils ont donné l’ordre de brûler les maisons des opposants. La pénurie commence à se faire sentir. La nourriture, l’essence, et les produits de première nécessité commencent à manquer. Le président a transféré 5 millions d’euros vers des banques européennes avant de prendre la fuite.»

Source: Israel7.com