Selon les statistiques publiées par le ministère de la Santé à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac, organisée par l’OMS tous les 31 mai, Israël compterait (parmi les adultes) 20,6 % de fumeurs – soit près d’une personne sur cinq – qui, pour moitié, ne manifesterait aucune intention de s’arrêter.
Les conclusions du vice-ministre de la Santé, rav Yaacov Litzman, sont pourtant optimistes : « Depuis 2010, nous constatons un déclin du tabagisme de 2,7 %. En 2007, on recensait 25 % de fumeurs. Ce sont donc les plus faibles pourcentages jamais enregistrés en Israël. Ces données témoignent d’une meilleure prise de conscience des dangers du tabagisme. »
Il n’empêche que l’année dernière, les Israéliens ont fumé 426 millions de paquets de cigarettes, permettant à l’État d’empocher au passage 5 milliards de shékels de taxes. Alors : irrémédiablement accros, les Hébreux ? Pas forcément. Le géant pharmaceutique Pfizer, qui commercialise Chantix (un médicament antitabac), s’est livré à une enquête auprès de 461 fumeurs israéliens : 51 % d’entre eux ont essayé d’arrêter au moins une ou deux fois. Et 81 % de ceux qui ont réussi y sont parvenus sans traitement médical, par la simple force de leur volonté – et pour différentes motivations : rester en bonne santé, obéir à la pression des proches, et dans une très faible mesure en raison du coût élevé des cigarettes.
Comment arrêter ?
Pour s’arrêter de fumer – lorsque l’acupuncture, l’hypnose, la sophrologie ou les patches ont échoué – des chercheurs israéliens viennent de mettre au point une méthode – par stimulation magnétique transcranienne (TMS) – qui affiche un taux de réussite de 40 %. Durant les traitements, le patient, qui reste conscient, revêt une sorte de casque en métal qui émet dans le cerveau des ondes magnétiques de faibles impulsions. Cette thérapie a prouvé son efficacité pour traiter la dépression, l’accoutumance aux stupéfiants et à l’alcool.
Durant les deux dernières années, le Pr Abraham Zangen, l’un des inventeurs du système, et le Dr Moché Kotler, président de l’Association israélienne de psychiatrie, ont testé avec succès cette méthode sur des sujets sains, de plus de 18 ans, et fumant plus de 20 cigarettes par jour. Avant chaque traitement, les sujets ont été exposés à la fumée de cigarette pour stimuler leur envie de tabac. Chaque jour pendant deux semaines, ils ont alors été soumis à des sessions de TMS d’une puissance de 10 Hertz. Au terme de ce traitement, 80 % des sujets traités ont réduit leur consommation de moitié. Dans un autre groupe témoin, ayant reçu un traitement placébo, le même résultat fut atteint par seulement un quart des participants. Vladimir Berlavsky, un résident de Holon de 47 ans, témoigne : « Après avoir suivi le traitement pendant trois semaines, j’ai pu mettre fin à une accoutumance de près 32 ans ! »
Un enjeu national
La nocivité du tabac ne fait plus de doute. Cette addiction – responsable de 6 millions de morts par an dans le monde – est un fléau qui remet en question toutes les politiques de santé publique. Selon le Pr Robert Proctor, qui enseigne à l’Université de Standford (Californie), l’addiction mondiale au tabac représente « une Shoah par an ». Pour l’heure, en Israël, bien que l’interdiction de fumer dans les lieux publics ait été votée, le nombre d’amendes dressées (2051 en 2011) pour son infraction est « ridiculement bas », selon le Pr Roni Gamzu, directeur général de la Santé : « Le ministère de la Justice a rejeté notre demande de créer une société privée chargée de faire respecter la loi. De son côté, le ministère des Finances n’a pas de ligne budgétaire pour salarier les centaines d’inspecteurs qui seraient nécessaires. Pour l’instant, la tâche revient aux employés municipaux qui répugnent à dresser des contraventions aux fumeurs et trouvent beaucoup plus facile de verbaliser les voitures en stationnement interdit… » Par David Jortner,en partenariat avec Hamodia.fr