LES DIX VIDOUYIM DE YOM KIPPOUR
Pourquoi nos Sages ont-ils institué de répéter tant de fois le vidouï?
Rabbénou Yossef Guikatilia comparait le péché à la corde qui permet de tirer l’eau du puits. Cette corde est très solide mais à force d’être utilisée, elle s’use peu à peu jusqu’à se déchirer…
La faute la plus grave est comparable à cette corde. Si le pécheur en demande le pardon maintes fois, sans se lasser, elle finira par s’effacer et disparaître comme il est dit (Isaïe 44, 22): “J’ai dissipé tes fautes comme un brouillard et tes péchés comme un nuage”.
(Séfer hamechalim, 53)
A ce propos, le maguid de Ratsky racontait:
Un des membres de ma communauté contracta une grave maladie qui mit sa vie en danger. Le médecin appelé à son chevet confirma que le moment critique approchait mais si le malade commençait à transpirer, dit-il, sa fièvre tomberait et il serait sauvé. Dieu merci, il se mit à transpirer et, bien que la fièvre fût toujours élevée, le médecin manifesta son soulagement. “Le malade est effectivement couvert de sueur mais comment se fait-il que la fièvre n’ait pas disparu?” ai-je demandé, inquiet.
“Voyez-vous, Rabbi”, me répondit le médecin, “lorsqu’une voiture roule, la roue tourne sans arrêt, mais le voyageur n’est toujours pas parvenu à destination. Nous savons toutefois qu’à chaque tour de roue, la voiture se rapproche de son but… Il en est de même pour notre malade: chaque goutte de sueur nous rapproche de la guérison”.
Ainsi, disait le maguid, à chaque vidouï, le cœur s’attendrit davantage et les péchés fondent peu à peu…
(Seriguei nefichei, derouch 7)
NOUS SOMMES OPINIATRES ET TOI, TU ES LONGANIME
Que signifie cet argument, cette excuse? Le maguid de Doubno posa cette question à propos de ce que dit Moché Rabbénou (Chemoth 34, 9): “Si j’ai trouvé grâce à Tes yeux, de grâce, qu’Hachem soit parmi nous car c’est un peuple opiniâtre”. Or, Hachem n’avait-Il pas dit auparavant (Chemoth 33, 3): “Car Je ne monterai pas avec toi car tu es un peuple opiniâtre”? Dans la bouche de Moché, ce même défaut devint un argument, une raison pour demander la présence de la Chekhina parmi les Enfants d’Israël! Comment est-ce possible? Le maguid l’expliqua par un machal:
Un colporteur acheta un important lot de chutes de tissu épais et rude, de tous coloris et de tous genres, dans l’intention de les vendre comme pièces de raccommodage. Un petit rapiècement peut parfois sauver un vêtement et il comptait tirer un bon bénéfice de sa marchandise. Son ballot sur le dos, il se rendit à la capitale. Là-bas, se dit-il, les habitants sont riches et ils donneront un bon prix pour ma marchandise.
Lorsque les habitants de la capitale virent de quels articles il s’agissait, ils lui dirent: “Excusez-nous, cher ami, mais ce n’est pas ici que vous trouverez des clients. En ville, les gens portent des habits très élégants, et si l’un d’eux se déchire, on le jette, voilà tout! Si vous voulez vraiment vendre votre marchandise, rendez-vous plutôt dans les villages, à la campagne. Là-bas, les gens portent des habits simples et bon marché et n’hésitent pas, si besoin est, à les raccommoder avec des pièces de tissu!”
Hachem a révélé à Moché Rabbénou qu’Il était “miséricordieux et clément, longanime, plein de bonté et de vérité, qu’Il supporte l’offense, le péché, la transgression”. Ces attributs ont pour objet de pallier à nos erreurs, à nos manques et de “rapiécer les déchirures”. Moché Rabbénou dit alors: “Maître du monde! Dans le ciel, il n’y a pas de clients pour cette sorte de marchandise. Tout le monde porte des habits élégants et chers qui ne se déchirent jamais. ‘Si j’ai trouvé grâce à Tes yeux, qu’Hachem soit parmi nous’ qu’Il use de Ses attributs envers nous, ‘car c’est un peuple opiniâtre’ chez nous, les habits se déchirent sans cesse. C’est pourquoi: ‘Tu pardonneras notre faute et nos péchés et Tu nous conserveras en héritage.’”
Ainsi, nous disons: “nous sommes opiniâtres”, c’est pourquoi il sied que Tu uses à notre égard de Ton attribut: “longanime”!
(Ohel Ya‘aqov, Ki tissa)