La prière de Kol Nidré a suscité au fil des siècles de très nombreuses accusations antisémites. Dès le procès du Talmud ou disputation de Paris, en 1240, l'apostat Nicholas Donin de La Rochelle produit le Kol Nidré comme preuve de la perfidie des Juifs et du peu de valeur de leurs serments et autres vœux.

Rabbi Yé'hiel de Paris a beau affirmer que l'annulation ne concerne que les vœux contractés volontairement par un individu pour lui-même, sans implication d'un tiers parti ou intérêt et qu'elle est donc sans effet sur les vœux contractés entre plusieurs partis et, à plus forte raison, devant un tribunal, un roi ou une communauté, ses adversaires chrétiens persistent à prétendre que le Kol Nidré constitue la preuve qu'il est impossible de faire confiance à un Juif.

Cette accusation est ensuite si souvent répétée que, malgré les dénégations énergiques des Juifs, de nombreux législateurs non-juifs refusent purement et simplement de leur accorder le droit de contracter un serment, basant leurs objections sur cette prière principalement tandis que d'autres considèrent nécessaire de faire prêter un serment spécial réservé aux Juifs.
Ce serment spécial est nommé Serment more judaïco ou Serment juif, qui utilisait des termes d'une agressivité inouïe envers celui qui les prononçait et le menaçait de toutes les morts les plus horribles qu'on puisse imaginer. Il était accompagné d'un protocole particulier que les Juifs étaient obligés de respecter dans les cours de justice européennes, depuis le Moyen Âge et jusqu'au début du 20e siècle, et qui était souvent humiliant, voire dangereux.
Sous l'Empire byzantin par exemple, le Juif devait prêter serment avec une couronne d'épines autour de ses reins, se tenir dans l'eau et jurer par Barase Baraa (Béréchit Bara). À Arles, aux environs de 1150, une guirlande d'épines est enfilée autour du cou du jureur, tandis que d'autres branches d'épines entourent ses genoux et qu'une branche de cinq aunes de long est placée entre ses reins, pendant qu'il jurait et qu'il appelait sur lui-même toutes les malédictions de la Torah. À Souabe, au 13e siècle, le Juif devait prêter serment en se tenant debout sur une peau de truie ou d'agneau ensanglantée. En Silésie, le Juif devait se tenir debout sur un tabouret à trois pieds et payer une amende à chaque fois qu'il tombait. S'il tombait quatre fois, il perdait son procès. À Dortmund, le Juif devait payer une amende à chaque fois qu'il s'arrêtait en répétant le serment.
La Prusse garda les formules odieuses jusqu'au 15 mars 1869, les Pays-Bas modifièrent le serment en 1818, la Russie en 1838 et 1860. La Roumanie ne supprima ce serment controversé que très tardivement, en 1902.Par Laly Dera, en partenariat avec Hamodia.fr