Le public italien a réservé un accueil plus qu’enthousiaste au premier volume du Talmud publié en édition bilingue.

Qui aurait pu s’en douter ? Le premier volume du Talmud de Babylone traduit en italien (les autres devraient suivre au fur et à mesure de l’avancement de la traduction) est devenu, dès sa sortie, un des best-sellers des librairies transalpines. Une première édition de 2.000 ouvrages a, en effet, été épuisée en trois jours et les 3.000 volumes réédités, livrés en toute hâte, sont déjà tous réservés selon l’éditeur, Shulim Vogelmann, qui parle d’une « demande extraordinaire lorsque l’on considère le marché actuel du livre ». D’ailleurs, une troisième édition est en préparation.

Le même précise que l’ouvrage (qui coûte une quarantaine d’euros) a surtout été acheté par des non-juifs, signe, selon lui, de l’intérêt croissant pour le judaïsme dans le pays. Et pas seulement, peut-être, pour ce dernier, pense Shulim Vogelmann, qui a évoqué, à l’AFP, une vraie curiosité pour « un livre ancien chargé d’histoire et de mystère » qui, en raison de son influence sur la culture occidentale, « faisait déjà partie de l’imaginaire collectif ». « Nous vivons des temps difficiles avec de moins en moins de certitudes… alors quand ils voient qu'un livre de sagesse et de spiritualité est publié, beaucoup pensent que cela pourrait leur donner de la force », a-t-il encore ajouté.

Rappelons, au passage, que, financé en partie par l’Etat italien, ce projet de traduction du Talmud a été lancé il y a cinq ans et a mobilisé un réseau de linguistes et d'experts à travers le monde. « C'est très compliqué, ce n'est pas une traduction normale, a expliqué l’éditeur. Il faut réunir beaucoup de monde qui connaisse l'hébreu et l'araméen et, bien sûr, qui parle parfaitement italien ». Or, vue la taille de la communauté italienne, il a été nécessaire de faire appel à tout un tas de spécialistes étrangers qui ont pu travailler ensemble grâce à l’utilisation de l’application Traduco, un outil particulièrement innovant. A l’heure actuelle, et en cinq ans de travail, moins de 10% du Talmud de Babylone a déjà été traduit. « J’ai maintenant 57 ans et, peut être, lorsque j’en aurai 80, nous aurons le texte en entier en italien », dit encore Shulim Vogelmann. 

Catherine Garson pour Actualité Juive