La paracha Pékoudé débute par ce verset : « Telle est la
distribution du Tabernacle, le Tabernacle du témoignage tel
qu’il fut établi par l’ordre de Moché ». Évidemment, l’anaphore
figurant dans ce verset ne manque pas d’attirer notre attention…

En effet, nous explique Rachi dans le
premier verset de la paracha, si le mot
« Michkan » [Tabernacle] est formulé
ainsi à deux reprises consécutives, c’est parce
qu’il peut également vouloir signifier un
« gage ». Ce verset constitue donc une allusion
aux destructions futures des deux Temples
de Jérusalem qui seront tous deux « pris
en gage à cause des fautes d’Israël »…

Comme l’expliqua l’Avné Ezer, le mot Michkan
s’avère être de fait en étroite relation avec
cette notion de gage. Le Talmud (Traité Érouvin
2) nous révèle que le terme « Michkan »
– que l’on retrouve tout au long des parachiyot
de ces dernières semaines et que l’on traduit
par « Tabernacle »- et celui de « Mikdach »
qui désigne plus généralement le « Temple »,
renvoient en fait au même élément : « Le Michkan
est appelé Mikdach, et le Mikdach est
appelé Michkan », y apprend-on ainsi.

De fait, « Mikdach » signifie littéralement
« sanctifié », parce que le Temple est
le lieu sanctifié et consacré par les hommes
pour D.ieu et pour Son service. Inversement,
le vocable « Michkan » annonce quant à lui
l’idée de « résidence », puisque c’est entre ces
murs que la Présence divine (la Ché’hinah)
réside bel et bien. Autrement dit, expliqua
l’Avné Nézer, on retrouve dans le Temple
l’idée selon laquelle ce sont les hommes qui,
par leur travail de « sanctification » de ce
lieu, suscitent le dévoilement de la Présence
divine dans le Temple. En substance, c’est
cette fameuse notion d’« aller-retour » (en hébreu
: « Itraouta »), souvent évoquée par les
maîtres de la kabbale que l’on peut déceler
ici : par ses actes, l’être humain suscite une
« volonté » dans les Cieux qui, en retour, lui
accorde la réponse à ses propres besoins. Le
Michkan et le Mikdach ne représentent donc
en clair qu’une seule et même notion : l’étroit
rapport unissant l’action de l’homme à la Volonté
divine.
Par voie de conséquence, il apparaît que lorsque
l’être humain n’est pas méritant et que de
par ses fautes, la Présence divine ne peut plus
résider entre les murs qui lui ont été consacrés,
le Temple ne peut dès lors plus perdurer…
L’existence du Temple n’est en effet qu’une
« réponse » divine aux motivations élevées des
êtres humains, et par conséquent le Michkan –
c’est-à-dire le « lieu de Résidence » – n’est que
fonction des actes des hommes : dès lors que
ceux-ci ne sont plus méritants, ce lieu si particulier
leur est fatalement « pris en gage »…
Y. Bendennoune


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