La municipalité d'Amsterdam a demandé aux habitants de la ville de se souvenir de leurs anciens concitoyens juifs, en accrochant à leur fenêtre, le Jour de la Shoah, une affiche soulignant que leur maison abrita des Juifs durant la Seconde Guerre mondiale.
Selon les données relevées, quelque 21 662 appartements ont abrité des Juifs avant et pendant la Shoah à Amsterdam. Ce projet des « Maisons juives » a d'ailleurs conduit un journaliste, Toby Sterling, à découvrir la tragique histoire de l’immeuble où il habite.
Alors que des millions de touristes ont visité le logement étroit dans lequel Anne Frank s’était cachée des nazis et avait rédigé son célèbre journal, Sterling a en effet découvert que l’appartement qu'il occupe fut l'abri de deux Juifs qui ont été déportés et exterminés à Auschwitz. En effet, au domicile du 46 de la Hemonystraat, au troisième étage, vivaient Elsje Wagenhuijzen, assassiné à Auschwitz le 1er octobre 1942, et Arnold Kater, lui aussi exterminé dans le même camp, le 7 décembre 1942 : « En découvrant cela dans les archives municipales, j'en ai eu des frissons, a affirmé Toby Sterling. Je ne suis pas juif, mais je sais que j’aurais subi le même sort que ces personnes, parce que selon les lois de Nuremberg de 1935, j'ai des grands-parents juifs qui, par chance, avaient émigré aux États-Unis avant la prise de pouvoir par Hitler ».
Il s'est avéré que pendant la guerre, l’appartement appartenait à un Hollandais, qui a loué son bien à une famille hollandaise immédiatement après l’arrestation des Juifs. Depuis, plusieurs propriétaires et locataires se sont succédé. La porte-parole du projet « Maisons juives » Olivia Somsen a dit que, finalement, il a été assez facile de créer cette base de données, car les autorités locales avaient répertorié ces « Maisons juives » avec efficacité, ce qui d'ailleurs avait permis de les déporter en masse pendant l’occupation. En 1939, les Juifs formaient 10 % de la population de la ville et 70 % de la communauté ont été exterminés soit près de 61 700 Juifs : « C’est un chapitre noir de notre histoire, mais nous ne voulons pas l’oublié », ajoute Somsen. Par Yoel Sellem, en partenariat avec Hamodia.fr