Le Pays du Nil est à nouveau plongé dans les émeutes et la confusion après que son président, Mohammed Morsi a publié le 22 novembre deux décrets renforçant encore ses pouvoirs déjà énormes : l’un lui permettant de révoquer le procureur général égyptien, ce qui constitue un « abus de pouvoir » de l’exécutif sur la sphère judiciaire et l’autre empêchant toute dissolution du Comité national de parlementaires (à nette majorité islamiste) en train de rédiger la future constitution du pays.
Même si les opposants de Morsi – la gauche, les libéraux et les socialistes regroupés dans le Front de Salut national (FSN) – l’ont bien vu préciser en ce début de semaine qu’il ne s’agissait que de « mesures temporaires (…) ne concernant que des questions de souveraineté présidentielle (…) dans le but d’accélérer les réformes et d’achever la transformation démocratique du régime », personne n’est dupe : le président – qui a pourtant lui-même passé de longues années en prison en tant qu’opposant islamiste au régime Moubarak – veut encore plus de prérogatives ! À tel point que Mohammed Baradei, l’ex-chef de l’Agence internationale à l’Énergie atomique de l’ONU et actuellement l’un des leaders de l’opposition démocratique a comparé Morsi au « nouveau Pharaon d’Égypte »…
Résultats : les juges se sont mis en grève illimitée – comme la plupart des journalistes des titres non islamistes de la presse nationale -, pendant que des manifestations souvent violentes se succèdent sur la Place Ta’hrir du Caire où des islamistes cagoulés ont à plusieurs reprises attaqué les rassemblements massifs du FSN avec des cocktails Molotov ; le tout faisant près de 400 blessés et un mort en cinq jours.
Baroud d’honneur de l’opposition anti-islamiste, ou début d’une nouvelle phase de la révolution égyptienne ?
Après l’échec, le 26 novembre, de la rencontre entre Morsi et les délégués des juges en grève exigeant l’abrogation de ses deux décrets, la réponse est sans doute à nouveau dans les mains de l’armée, pourtant mise au pas l’été dernier par Morsi, mais qui pourrait dire son mot si les choses s’envenimaient… Par Richard Darmon, en partenariat avec Hamodia.fr