Malgré les efforts déployés de part et d’autre, il faut se rendre à l’évidence: la Turquie n’est pas l’amie d’Israël. Et elle l’a montré une nouvelle fois lors d’une intervention à Vienne de son Premier ministre Erdogan, qui a pris la parole au cours d’une conférence de l’Onu.
Dans son discours, Recep Tayyip Erdogan n’a pas hésité à comparer le sionisme à l’antisémitisme. Ses propos ont été clairs : « Comme pour le sionisme, l’antisémitisme et le fascisme, a-t-il déclaré, il faut considérer l’islamophobie comme un crime contre l’humanité ». Pourtant, le débat ne portait absolument pas sur Israël.
Les déclarations d’Erdogan ne sont pas trop surprenantes. On se souvient qu’il s’était exprimé de façon très agressive envers Israël après l’affaire du bateau turc Mavi Marmara transportant vers Gaza des militants pro-palestiniens, en mai 2010. Ces derniers, rappelons-le, avaient attaqué les soldats israéliens venus à bord pour arraisonner l’embarcation. Les affrontements qui s’en étaient suivis avaient fait 9 morts côté turc et dix blessés chez les Israéliens. La presse internationale s’était empressée de condamner Israël alors que les militaires de Tsahal avaient agi en état de légitime défense.
L’amalgame honteux d’Erdogan a suscité l’indignation du Premier ministre israélien. Dans le communiqué qu’il a publié, Binyamin Netanyahou a qualifié la déclaration d’Erdogan de « sombre et d’erronée », estimant en outre qu’elle devrait « appartenir au passé ».
La Maison Blanche, par l’intermédiaire du porte-parole de Barack Obama Tommy Vietor, a dénoncé également les propos du Premier ministre turc, en précisant que la comparaison qu’il avait établie était « offensante et fausse ».
L’organisation UN Watch a, elle aussi, fait part de son ressentiment. Son directeur, Hillel Neuer, a rappelé à l’actuel secrétaire général de l’Onu Ban Ki-moon que son prédécesseur Koffi Annan avait reconnu que la résolution des Nations unies adoptée en 1975, qualifiant le sionisme de racisme, était antisémite, soulignant qu’il avait salué son annulation.
UN Watch a incité ses membres à « dénoncer les propos d’Erdogan qui vont à l’encontre de ce forum œuvrant en faveur de la tolérance ».
UN Watch est une ONG basée à Genève, qui a été fondée en 1993. Depuis sa création, l’organisation agit essentiellement pour dénoncer le traitement discriminatoire d’Israël dans les instances de l’ONU ainsi que les comportements répréhensibles envers les Juifs à travers le monde. Mais elle a également pour objectif de promouvoir la tolérance et la protection de la liberté religieuse et lutte notamment pour la sauvegarde des droits de l’homme dans des pays où ils ne sont pas respectés.
