Le président de la SNCF Guillaume Pépy et le maire de Bobigny ont inauguré vendredi dernier une exposition sur la Shoah à l'ancienne gare de Bobigny, d'où sont partis entre 1943 et 1944 plus de 20.000 juifs vers les camps d'extermination.

Cette exposition permanente, intitulée "Bobigny, une gare entre Drancy et Auschwitz", "transforme ce site ferroviaire en un lieu de mémoire et d'éducation", a déclaré M. Pépy, lors de l'inauguration, qui a eu lieu pour la Journée en mémoire de la Shoah. "Ce lieu est porteur d'émotion", a-t-il dit.
Il y a un an, alors qu'il cédait le terrain de la gare à la ville de Bobigny, il avait exprimé "la profonde douleur et les regrets de la SNCF pour les conséquences des actes de la SNCF de l'époque".
"Dans toute l'Europe, le train fut un rouage de la machine de destruction nazie. Cela nous donne une responsabilité particulière dans le devoir de mémoire", a dit vendredi M. Pépy à des journalistes.
Il a répété "l'engagement" de la SNCF à oeuvrer "pour la transparence", "pour la Mémoire" et "pour l'Histoire en poursuivant le travail de compréhension historique de cette période".
Le maire de Bobigny Catherine Peyge (PCF) a indiqué que l'ancienne gare deviendrait "un jardin de la mémoire".
Rappelons que de l’été 1943 à l’été 1944, la gare de Bobigny, qui était alors une gare désaffectée de la grande ceinture, devint le lieu de déportation des Juifs détenus au camp de Drancy, situé à un peu plus de 2 Km. Dans ce rôle, elle succéda à la gare du Bourget qui dés mars 1942 fut utilisée comme principal lieu de déportation des Juifs de France. En 13 mois, 22 407 hommes, femmes et enfants de tous âges y furent embarqués, à Bobigny, dans des convois de wagons plombés qui devaient les mener vers le camp d’extermination d’Auschwitz où l’immense majorité d’entre eux trouva la mort.
Parmi les quelque 150 personnes présentes à l'inauguration, se trouvait Serge Klarsfeld, fondateur de l'Association des fils et filles de déportés juifs de France. Son père fut déporté en 1943 à Auschwitz depuis cette gare. "C'est un haut lieu de la souffrance des juifs dans la déportation. (…) Un peu de moi est parti aussi d'ici", a-t-il dit.