Si le conflit israélien passionne, c'est parce que, qu'on le veuille ou non, il affiche avant tout une dimension religieuse. Ce ne sont pas ''seulement'' Israéliens et Palestiniens qui se disputent la terre d'Israël, ce sont avant tout des Juifs et des Musulmans. Pourtant, lorsque l'on parvient à occulter la politique, judaïsme et islam ont beaucoup à se dire. Hamodia a rencontré plusieurs spécialistes juifs de l'Islam et du monde musulman et leur a demandé si les fils d'Its'hak et d'Ichmaël pourraient, un jour, si ce n'est vivre en paix, tout au moins, dialoguer…
Judaïsme et Islam : certains les appellent les religions abrahamiques, en référence à Avraham, père d'Its'hak et d'Ichmaël. Mais selon la plupart des commentateurs du Coran, elles ont bien plus qu'un patriarche en commun.
A en croire Haï Bar Zeev, enseignant, et l’auteur du livre « Une lecture juive du Coran », Mohammed n'était certes pas juif, mais aurait grandi dans une famille juive qui aurait considérablement influencé le fondateur de l'islam.
«Ce livre que les Musulmans appellent « le Coran », n’est pas ce même livre que Mohamed appelait « le Coran » souligne Haï Bar Zeev. En effet, les livres du hadit (tradition) rapportent que ce livre, que lisent les Musulmans, ne fut consigné que quelques décennies après la mort de Mohamed, qu’il fut copié des textes écrits à l’époque de Mohamed, et que certains des textes qui existaient pendant la vie de ce dernier, furent brûlés et supprimés.» D’ailleurs, les principaux auteurs de ce « nouveau » Coran, furent quelques Chrétiens, mais principalement Zaid ibn Thabit, quelqu’un qui connaissait l’hébreu, et qui, étant gamin, fréquentait un bet hamidrach. (voir A. L. de Prémare : Aux origines du Coran) ».
Dans ce « nouveau » Coran, sont amalgamés des passages de la Torah, du Midrach et du Talmud, à côté des passages des livres des Chrétiens, et d’autres encore.
D'après Bar Zeev, il ressort alors logiquement, que ce livre, que Mohamed appelait « le Coran en arabe », n’est autre qu’un amalgame partiel de Torah, traduite en arabe, et qu’un rabbin juif lui avait enseigné.
Mohamed aurait donc été fortement influencé par un maître juif. L'islam, qui puise une partie de ses sources dans le judaïsme, devrait a priori ressentir du respect pour ce '' père '' ou '' grand frère ''. Or, on a le sentiment que c'est exactement le contraire qui se produit. Comment Bar Zeev explique-t-il ce paradoxe ? Est-ce uniquement dû à des raisons politiques ?
« Les sentiments des Musulmans à l’égard des Juifs sont en effet ambivalents ; ils oscillent entre admiration et mépris, entre la volonté de les imiter et la jalousie, entre l’obligation de se soumettre aux Juifs et de la volonté de se défaire d’eux. En fait, le Coran témoigne, que « D.ieu a choisi les Juifs au mont Sinaï, et qu’Il les plaça au-dessus de tout le monde ». Ainsi, les Musulmans ont sans doute observé certaines qualités extraordinaires chez les Juifs, peut-être d’ordre moral et de l’intelligence. Cela fait qu’ils admirent les Juifs, mais cette admiration les rend jaloux, les excite. Ainsi, le fait qu’ils n’aient retrouvé un certain « réveil religieux » que suite à l’adaptation d’une partie de la Torah, sans pour autant pouvoir s’attribuer ces merveilles dont les Juifs furent gratifiés par D.ieu, les miracles de la sortie d’Égypte, le Don de la Torah en public et tous ces prodiges qu’ils ont vécus, crée alors en eux un complexe. Jusqu’à ce que certains d’eux pensent ne pouvoir exister qu’à la condition de la disparition de ce « grand frère ». Si nous voulions nous aventurer à relever un fait rapporté dans la Torah, nous trouverions qu’à la vue du grand festin qu’Abraham avait organisé en l’honneur d’Its'hak, Ichmaël ricana, et il projeta de mauvais dessins à l’encontre de son « frère », jusqu’à ce qu’Abraham et Sarah le renvoient ».
Le Coran diffuse des messages équivoques quant à la relation qu'il convient d'entretenir avec les Juifs . D'un côté, rappelle Haï Bar Zeev, il invite les Musulmans à respecter les Juifs qui respectent la Torah ainsi que l’islam – et n’ordonne aux Musulmans de mépriser et de persécuter que les Juifs infidèles, ceux qui ne respectent pas la Torah et l'islam. « Pourtant, pour les rendre compatibles l’une avec l’autre, on est forcément obligé d’aplanir le judaïsme, et c’est à ce jeu-là que les Musulmans se sont prêtés à cœur joie, sans pour autant pouvoir les harmoniser. Des oppositions historiques, théologiques, pratiques et eschatologiques sont insurmontables. Ainsi, le Juif ne pourra jamais remplir cette demande des Musulmans, de respecter la Torah et l'islam, et ainsi les conflits sont, malheureusement, inévitables », affirme-t-il.
Après le massacre de Toulouse, les médias français ont pris soin d'établir une nette séparation entre l'Islam modéré et l'Islam fondamentaliste. Cette différence existe-t-elle vraiment ? Bar Zeev soutient que le monde islamique n’est pas partagé en deux, mais en trois : « Les modérés d’un côté, les fondamentalistes de l’autre, et au milieu se trouvent ceux chez qui la séparation n’est pas nette ; c’est peut-être cette partie du milieu, qui est la plus nombreuse ».source hamodia.fr
