A TEMPORALITÉ juive scandée autour des « rendez- vous » que nous lui connaissons n’a rien d’une Histoire comme nous l’entendons communément aujourd’hui. Même si chaque date du calendrier hébraïque est là pour nous rappeler des évènements historiques qui se sont effectivement passés, le temps juif est avant tout un appel à la mobilisation de notre conscience et de notre responsabilité face à la temporalité certes, mais entendue cette fois-ci comme dévoilement – ou parfois au contraire comme voilement – de la Présence divine dans le monde.

Ainsi, bien que nous nous souvenons à Pessa’h être sortis d’Egypte et d’avoir accédé à cette liberté propre au peuple de l’Eternel, nous gardons tous par ailleurs à l’esprit qu’il s’agit aussi pour chacun d’entre nous de nous situer à nouveau vis-àvis de cet héritage et de prendre conscience que l’esclavage d’Egypte constitue une dimension intemporelle et métaphysique inscrite au plus profond de l’existence humaine et de son Histoire.

Il en est de même pour ‘Hanouka : bien que nous fêtions la victoire militaire d’une poignée d’hommes héroïques contre les armées grecques et le miracle d’une petite fioled’huile conservée intacte avec le sceau du Cohen Gadol, il ne faut pas perdre de vue que ce qui se joue pendant ces huit jours de fête, c’est notre disposition d’aujourd’hui vis-à-vis de cet exil de la Torah et de ses impératifs qui pénétra le temps et l’espace au point d’avoir provoqué cette fissure bien réelle – présente encore en chacun d’entre nous – entre le métaphysique et le rationnel, la spontanéité et la culture, la prophétie et la dialectique… Vivre ‘Hanouka – ou faire Pessa’h – signifie donc relever le défi que l’Histoire (c’est-à-dire la Providence divine) a lancé à Israël. C’est cela que nous appelons : vivre dans l’intensité de la Transcendance !

Car le calendrier juif n’a de sens que pour autant que nous le vivons dans toute son intensité. Sinon autant avouer – ‘HasvéChalom ! – qu’il ne vaut pas mieux que celui des pompiers…

Y. RÜCK