COMME cela est enseigné dans le
Traité talmudique Baba
Kama (3/b) au sujet du
concept « Mavèh », la dent du taureau
et l’homme sont deux termes
qui se superposent. Tant et si bien
que les versets qui servent de référence
à Rav et Chmouel discutant
de cette question sont à plus d’un
titre complémentaires, et ô combien
dignes d’intérêt.
Se référant au verset qui dit :
« Le Guetteur [il s’agit du Saint
béni Soit-Il] dit : « Le matin vient
[c’est-à-dire la délivrance], puis
la nuit [la punition des scélérats] ;
si vous désirez savoir, demandez
[sous-entendu : repentez-vous,
Rachi] !» » (Isaïe, 21, 12), Rav en
effet pense que le terme « Mavèh »
désigne l’homme, puisque c’est la
parole, celle qui s’adresse à D.ieu,
qui définit la spécificité d’Israël.
Tandis que Chmouel, qui pense
pour sa part que le terme « Mavèh »
se rapporte à la dent du taureau,
trouve une preuve à son affirmation
dans le verset suivant : « Ah !
Comme Essav est fouillé en tous
sens ! Comme ses retraites mystérieuses
sont mises à découvert ! »
(Ovadia 1, 6) ; puisque comme
cette dent qui, parfois est cachée,
et parfois est à découvert (Rachi),
l’empire de Rome a beau dissimuler
sa véritable nature, il ne saurait la
cacher éternellement…
Ainsi, parce que les deux versets
précités traitent directement de la
fin des temps, et plus particulièrement
de la mise en échec de la
royauté d’Essav, le dernier empire
de l’exil d’Israël, Rav et Chmouel
expriment, sous deux facettes différentes,
un même avis.
Et pour cause ! Car il ne serait être
question de l’identité humaine retrouvée,
c’est-à-dire d’Israël (comme
il est dit : « Vous seuls portez le
nom de l’homme, tandis que les nations
ne sont pas appelées l’homme »
– Traité Yévamot, 61/a) libéré du
dernier exil, sans un rapport direct
avec ce qui en constitue l’expression,
à savoir l’étude de la Torah.
« Les paroles des docteurs rabbiniques
se comparent [en effet] à la
braise ardente (Traité des Principes
2, 15) ; elles deviennent flamme
quand on souffle sur elles. Ardeur
et lumière sont ici affaire de souffle
! » (E. Lévinas, Nouvelles lectures
talmudiques, introduction). Cela
est vrai pour chaque membre du
peuple juif, mais à plus forte raison
pour l’assemblée d’Israël dans son
ensemble. Or ce souffle n’est autre
que celui que le Tout-Puissant plaça
en nous à l’aube de notre création,
comme il est dit : « VaIpa’h
BéApav Nichmat ‘Haïm – D.ieu a
insufflé en l’homme une âme de
vie » (Béréchit
2, 7) ce
que Onkélos
traduit :
« R o u a ’ h
Mémaléla –
un souffle
de parole ».
Ainsi, comme
le souligne le Midrach au sujet
du verset : « La voix, c’est la voix
de Yaacov » (Béréchit 27, 22), « tant
que la voix de Yaacov continuera
à résonner dans les synagogues
et les maisons d’étude, les mains
d’Essav n’auront aucun pouvoir
sur le peuple juif ; mais dans le cas
contraire, ce sont les mains d’Essav
qui auront la suprématie sur les
Enfants d’Israël » (Midrach Raba,
Béréchit, 65, 25). Puisque la fin
du royaume d’Essav est fonction
de notre capacité à nous adonner
à l’étude de la Torah, tandis qu’inversement,
c’est l’extinction (‘Has
veChalom) de la voix de l’étude qui
déclenche la haine d’Israël.
Loin donc des grands discours sur
l’antisémitisme, nos Sages ont toujours
su que le monde se construit
ou se défait au sein même du Bet
haMidrach. Une autre manière
peut-être de comprendre cet enseignement
du Séfer Yétsira (chap. 1,
Michna 1), quand il nous dévoile
qu’il y a 32 chemins de la sagesse
(Nétivot ‘Hokhma), tout comme
l’homme dispose – avec ses dents
de sagesse ! – de 32 dents précisément…
Yehuda Rück
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