. Malgré le deuil, il faut en effet assurer le quotidien de la plus grande institution du judaïsme français. Les administrateurs du Consistoire de Paris, et son président, Joël Mergui, ont donc choisi de privilégier la stabilité en demandant aux grands rabbins Alain Goldmann et Michel Guggenheim d’assurer en duo la transition, en attendant la désignation d’un successeur au grand rabbin Messas.
Personnalités incontestées du judaïsme français, ces deux sages ont en outre l’avantage de connaître parfaitement la maison. Grand rabbin du Consistoire, le rav Goldmann est en effet l’ancien grand rabbin de Paris, un poste qu'il avait occupé avant le rav Messas. Depuis, il s’était efforcé de ne jamais gêner l’action de son successeur. Cette volonté de se tenir à l’écart des polémiques qui agitent parfois la rue Saint-Georges caractérise également le rav Guggenheim. Le directeur de l’École rabbinique y joue pourtant un rôle clé, puisque Dayan au Beth-Din Consistoire, il supervise également deux dossiers majeurs : la cacherout et les divorces.
Depuis sa désignation, le tandem semble fonctionner harmonieusement. Les deux hommes qui par respect pour sa mémoire ont refusé d’investir le bureau du grand rabbin Messas au deuxième étage du bâtiment se sont en effet réparti les tâches. Du lundi au jeudi, c’est le grand rabbin Goldmann qui occupe le bureau du président Mergui au Consistoire de Paris au premier étage (qui s’est installé au Central). De là, il gère la partie administrative de la lourde machinerie consistoriale. Quant au grand rabbin Guggenheim, il sera présent certains après-midi et le vendredi matin pour trancher les questions hala'hiques et les guitim (divorces).
Après que le grand rabbin de France, Gilles Bernheim s'est dans un premier temps indigné de n'avoir pas été, selon lui, consulté avant leur désignation et après que les deux grands rabbins lui ont répondu dans un courrier tranchant, la formule proposée d'emblée semble aujourd’hui faire l’unanimité. Temporaire par définition, elle a en outre l’avantage de calmer le jeu concernant l’élection du nouveau grand rabbin de Paris. Entre les partisans d’un scrutin organisé rapidement et ceux qui préconisent, d’attendre la fin de l’année de deuil de rav Messas, les seconds semblent tenir aujourd’hui la corde. Officiellement, le Consistoire de Paris ne s’est pour l’instant pas prononcé. Une décision concernant le calendrier des élections pourrait toutefois être prise lors du prochain Conseil du Consistoire de Paris, en février. Par Serge Golan, en partenariat avec Hamodia .fr