La chronique hebdomadaire du
grand rabbin Yossef ‘Haïm Sitruk

Une véritable « révolution » – le terme
n’est pas exagéré – s’est produite sous
nos yeux au cours des dernières années
! Une révolution qui n’est ni politique,
ni économique, ni culturelle, mais qui se
rapporte à la communication.

Elle a débuté voilà quelques années par le
foisonnement des téléphones mobiles qui
ont totalement transformé la vie de centaines
de millions de personnes. Elle s’est
poursuivie par l’invasion du réseau Internet
qui, après avoir été un vecteur économique
et informatif, s’est imposé comme un véritable
phénomène sociologique avec, par
exemple, le succès colossal de « Facebook »
(23 millions de personnes connectées en
France !)…

Or ce constat nous interpelle, et nous allons
tenter de lui donner une explication.
À mon avis, le succès du « portable » est dû
au fait que les hommes, et surtout les plus
jeunes, se sentent isolés même lorsqu’ils
sont au milieu de la foule : ils ont un besoin
permanent de se sentir rattachés à un
univers familier. On pourrait en fait se réjouir
de ce constat, mais en l’analysant de
plus près, on se rend compte que ce besoin
quasi-vital de « communiquer » avec l’autre
a totalement occulté l’intimité de l’être humain.
Car nos interlocuteurs vivent aussi
au rythme de nos appels… Comme s’il était
indispensable de savoir, à tout instant, où se
trouve l’autre !

Avec ce dialogue permanent – parfois désiré,
mais d’autres fois subi -, il est donc rare de
se retrouver seul. Or l’homme se construit
lorsqu’il se retrouve seul avec lui-même. Il
existe donc une solitude nécessaire et positive.
Et l’on peut se demander si l’homme
d’aujourd’hui, inconsciemment ou pas, ne
cherche pas à fuir cette solitude en refusant
de se retrouver bel et bien seul avec
lui-même.

Mais avec l’apparition de sites tels que Facebook,
un pas supplémentaire a été franchi.
En effet à travers des photos et autres renseignements
qu’ils proposent, les utilisateurs
s’exposent ouvertement au regard des
autres. On assiste là à une véritable atteinte
à l’intimité. Et encore une fois, cette attitude
apparaît comme un appauvrissement de la
personnalité humaine !

De plus, sur des sites comme ceux là, on risque
de « tomber » sur des charlatans qui dissimulent
leur véritable identité, sans parler
des désaxés… Des exemples dramatiques récents
ont bien démontré les risques évidents
de toutes ces dérives. Enfin, par écran interposé,
on s’habitue à une relation virtuelle
qui n’a strictement rien d’authentique.
Selon la Torah en effet, l’enseignement
authentique n’est pas celui que l‘on reçoit
sur un ordinateur ou sur un site internet,
mais bien à travers le visage d’un rav qui
nous regarde à nous seul, dans une relation
exclusive, intime et authentique. La Torah
est d’abord un dialogue en face-à-face qui
nous construit.

Le verset « Et tes yeux regarderont tes maîtres
», nous enseigne que le visage du rav
constitue déjà, à lui seul, une leçon ! Ce n’est
pas un visage sur un écran, ni une photo
que l’on communique à un magazine, mais
une relation privilégiée et exclusive qui
conditionne la transmission de la Torah.
Si la Torah a été donnée oralement, c’est
précisément pour que, entre autres, le rav
puisse toujours s’assurer de la bonne réception
de son enseignement par l’élève et de sa
totale compréhension.

Voilà pourquoi il est intéressant et important
de marquer une petite pause dans cette
course effrénée aux nouvelles technologies
de chaque instant – aussi merveilleuses
soient elles ! – pour définir ce qu’est la véritable
dimension humaine : celle qui demeure
essentielle et qui est préconisée par la
tradition juive !

Sachons donc garder et analyser toute
ces techniques avec le recul nécessaire.

Grand rabbin Yossef ‘Haïm Sitruk


Avec l’accord exceptionnel d’Hamodia-Edition Française

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