Le thème de la paracha Terouma est la construction du Michkan, le temple démontable qui servait de Sanctuaire à toutes les
étapes où le peuple d’Israël campait pendant les 40 années de la traversée du désert, et même plus tard en Eretz Israël. Et ce,
alors qu’ensuite le Bet Hamikdach de Jérusalem fut un édifice fixe, construit 440 ans après l’entrée de notre peuple
en Eretz Israël sous la direction de Josué..
Hachem dit à Moché : « Parle
aux Enfants d’Israël et
qu’ils prennent pour Moi
un prélèvement. De la part de
chaque personne inspirée par sa
générosité, vous prendrez Mon prélèvement », (Chemot, 25,1 et 2). Or,
tous les commentateurs posent cette
question : puisque le Michkan devait être construit grâce aux dons
offerts par le peuple, pourquoi Hachem ordonne-t-Il ici de « prendre »
un prélèvement alors qu’il s’agit en
vérité de « donner » ?
Le Yalkout Méam Loez répond
qu’Hachem n’aime que les dons qui
résultent d’un geste de générosité
sincère, d’amour envers Lui et donc
effectués sans aucune contrainte !
Pour cela, l’accent est mis sur une
collecte qui ne sera faite que parmi
les véritables Enfants d’Israël et non
pas chez le « Erev rav », cette foule
hybride des Égyptiens qui s’étaient
infiltrés dans le peuple d’Israël à la
Sortie d’Égypte.
Il fallait aussi éviter que certaines
personnnes et familles authentiquement membres d’Israël mais très
fortunées couvrent financièrement
tout ce qui était nécessaire pour le
Michkane, ce qui aurait empêché
des gens et tribus moins riches de
participer à l’oeuvre du Michkan.
Enfin, les collecteurs responsables
ne devaient pas passer « de tente à
tente » par crainte d’exercer ainsi
une quelconque pression sur les
donateurs. En fait, il incombait
au peuple lui-même de se rendre
auprès des collecteurs.
On le voit bien : partout ici, l’accent
est donc mis sur la tâche de « prendre ».
Le Talmud Yerouchalmi (fin de
« Péa ») raconte l’histoire de rabbi
‘Hama ben ‘Hanina et de rav Hochaya qui se promenaient près de la
ville de Lod. Rabbi ‘Hama raconta à
son compagnon que ses ancêtres dépensèrent de grosses sommes pour
l’embellissement des synagogues de
Lod. Rav Hochaya lui répondit que
cet argent aurait été plus utile s’il
avait été utilisé pour aider des personnes à se consacrer à l’étude de
la Torah. Car c’est une évidence que
l’utilisation de la fortune, même à
des fins de tsédaka, doit respecter
un ordre hiérarchique. Une synagogue, c’est certes indispensable, mais
l’apparence luxueuse qu’on veut
souvent lui donner est beaucoup
moins cruciale que la nécessité impérative de subventionner ceux qui
désirent s’adonner à l’étude de la
Torah !
Voilà pourquoi investir de l’argent
dans la tsédaka est une lourde responsabilité : pour ce faire, il faut
absolument suivre la Hala’ha afin
d’éviter de soutenir des projets peu
urgents au détriment des réels besoins auxquels il aurait fallu faire
face en toute priorité.
Au début du traité talmudique Baba
Batra, nous apprenons que le roi
Mounbaz était autrefois le responsable de la caisse nationale de tsédl
daka. Lors d’une année de famine,
une femme lui demanda de lui donner de quoi subsister, elle et ses sept
enfants. Or, Moubaz lui répondit
que la caisse de tsédaka était complètement vide. Elle lui dit alors :
« Si tu ne m’aides pas, nous allons
mourir, moi et mes sept enfants ! »
Entendant cela, Mounbaz remit à
cette femme de quoi vivre en prenant cet argent de sa fortune persl
sonnelle. Quelque temps plus tard,
Mounbaz fut atteint d’une maladie
très grave à tel point qu’il était près
de succomber. Au ciel, les anges dirent alors à Hachem : « Tu as promis
que sauver la vie d’un Juif équivaut
à faire exister un “monde entier”.
Mounbaz a sauvé la vie d’une mère
et de ses sept enfants. Le laisseras-
Tu mourir de sa maladie. ? ». Alors
Hachem guérit Mounbaz et lui accorda 22 années de vie supplémentaires.
Une autre fois, en pleine famine, le
roi Mounbaz distribua toute l’immense fortune que sa famille avait
longuement accumulée. Ses frères
lui en firent le reproche : « Commment
peux-tu ainsi dilapider les trésors
que nos parents ont mis tellemment
d’années à accumuler ! » Mais
Moubaz répondit : « Je vais vous
expliquer les six différences qu’il y
a entre mes parents et moi…
1) Ils ont accumulé des richesses sur
terre. Moi, j’en ai accumulé au ciel.
2) Nos parents ont accumulé des
richesses qui sont à la merci de voleurs,
d’incendies ou d’autres sinistres.
Moi, je les ai placées dans un
endroit en toute sécurité.
3) Nos parents ont placé leur argent
là où il ne rapporte aucun intérêt.
Moi, je l’ai placé là où il apporte de
très gros intérêts.
4) Nos parents ont accumulé de l’argent.
Moi, j’ai acquis des “mondes
entiers” en maintenant en vie des
gens qui seraient morts de faim.
5) Nos parents ont économisé pour
d’autres, notamment pour leurs héritiers.
Moi, j’ai utilisé cet argent
pour qu’il me rapporte à moi de
grands mérites.
6) Nos parents ont économisé pour
ce monde-ci; après leur mort, il ne
leur reste rien de leur fortune. Moi,
j’ai économisé pour le monde futur,
car la ‘tsédaka’ accomplie sur terre
nous accompagne et nous honore
pendant toute l’éternité de notre vie
future ».
Cette mitsva d’offrir généreusement
des dons pour la construction du
Michkan a été accomplie à la perfection. C’était en l’an 2449 de la
création du monde. Depuis, 3320
ans ont passé, et cette mitsva continue toujours de nous transmettre
ses précieux enseignements, notamment pour la mitsva de tsédaka
dont l’importance est encore plus
soulignée de nos jours par la période de grandes difficultés économiques que nous traversons en ce
moment…
Pour cette raison supplémentaire,
faisons pleinement notre profit
de cet important message de la
Torah !
Rav Hayim Yaacov Schlammé
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