La pureté de l’âme juive
La coutume veut que dès leur plus jeune âge, les enfants d’Israël fassent
leurs premiers pas dans l’étude par celle des sacrifices ! Ceux-là ne
constituent-ils pas pourtant l’une des dimensions les plus difficiles de la
Torah ?

Les premiers pas…

Dans le Midrach, il est écrit en effet
: « Rabbi Assi a demandé : ‘Pour
quelle raison commence-t-on à enseigner
la Torah aux jeunes enfants
avec la Torat Cohanim [c’est-à-dire
avec les lois concernant les sacrifices
: la paracha Vayikra- Ndlr.],
et ne débute-t-on pas par Béréchit
?’. Il répondit : ‘Parce que de
même que les jeunes enfants sont
purs, les sacrifices sont purs. Que
viennent donc ceux qui sont purs
et qu’ils étudient ce qui est pur ! »,
(Vayikra Raba 7, 3).

Si nous demandions à tout homme
doué d’un esprit clairvoyant – et qui
n’est pas ignorant des règles minimales
de la pédagogie – par quelle
section de la Torah il conviendrait
de commencer l’enseignement des
jeunes enfants, il répondrait sûrement
qu’il semblerait judicieux
de débuter par la paracha « Lekh
Lékha » qui décrit comment Avraham
Avinou fut sensible à la voix
du Tout-puissant, comment Sarah
Iménou pleura et pria jusqu’à pouvoir
mettre au monde un fils, etc.
Mais jamais, il ne répondrait qu’il
convient de débuter cet enseignement
par la paracha décrivant les
sacrifices dans la mesure où l’on ne
voit pas ce qu’un enfant en bas âge
peut retirer, et à plus forte raison
comprendre, de notions si difficiles
: quel intérêt y aurait-il en effet
à lui expliquer le sens de l’abattage
rituel d’un animal ? Le fait de réceptionner
son sang avant d’en
asperger l’autel ? A telle enseigne
que si nous demandions à un jeune
élève quel est le sens de cette aspersion,
de même que son maître
est certainement incapable de le
lui expliquer avec toute la clarté
nécessaire à laquelle oblige un tel
enseignement – alors que la moindre
des choses serait pourtant que
le maître sache faire comprendre à
ses élèves les notions qu’il leur inculque
(…) – comment pourrait-il
lui-même nous l’expliquer !?
Toutefois, il faut reconnaître que
nous ne comprenons pas non plus
l’intérêt d’enseigner à un enfant
comment le monde a été créé…
Car, que pourrait-il comprendre
au « Tohou vaVohou » [le néant et
le chaos-Ndlr] ? A « l’obscurité recouvrant
la face de l’abîme » ? A
« l’esprit de D.ieu planant sur la
face des eaux », (Béréchit, 1, 1) ?

« C’est quoi l’essence ? »

Pour répondre à cette anomalie, il
convient de nous aider d’une métaphore.
Un homme vient d’acheter
une voiture neuve et étincelante.
Fou de joie, le voilà qui file à toute
allure… Soudain, la voiture s’arrête
net : impossible de la faire
avancer ! Notre homme se rend au
plus vite chez le concessionnaire
automobile et se plaint de ce que le
véhicule, dont il a fait aujourd’hui
même l’acquisition, ne roule plus.
Perplexe le vendeur lui demande
s’il a pensé à faire le plein.

– « A quoi … ?! », demande interloqué
notre homme.

– « Etes-vous passé à la pompe pour
faire le plein d’essence ? », reprend
le marchand.

– « C’est quoi l’essence ? », s’enquiert
alors l’automobiliste.

– « Ecoutez, peu importe maintenant
que vous sachiez ce que c’est !

L’important pour le moment, c’est
que vous vous rendiez sur le champ
avec ce bidon à la pompe à essence
qui se trouve en face. Demandez
qu’on le remplisse de ‘super’. Payez
et versez-en le contenu dans le réservoir
qui se trouve à l’arrière de
votre véhicule. Démarrez, et vous
devriez à nouveau rouler », explique
le vendeur en désignant sur le
même modèle garé devant lui où se
trouve le réservoir…

Et revoilà notre homme, un jerricane
vide à la main qui se dirige à
grands pas vers la station essence
située de l’autre côté de la rue.
Mais à peine a-t-il payé pour le
remplir du précieux « or noir » qu’il
s’exclame : « Quelle terrible odeur !
Ma voiture ne roule déjà plus et il
faudrait par-dessus le marché que
je verse des ces eaux sales dans
son moteur ?! Hors de question ! Je
ne ferai jamais une chose pareille
tant qu’il y a encore un espoir pour
que ma voiture roule »…

La réponse qu’il conviendrait de
fournir à cet homme est la suivante
: est-ce toi qui as conçu cette
voiture ? Est-ce toi qui as construit
son moteur ? Sais-tu seulement
comment il fonctionne ? N’y a-t-il
pas au contraire quelqu’un d’autre
qui a effectivement pensé et réalisé
ce véhicule, et qui connaît
dans tous ses détails son fonctionnement
? Non ! Alors, quand on te
dit qu’il faut verser de ce liquide
transparent et légèrement verdâtre,
bizarre et à l’odeur écoeurante
dans le réservoir de ce véhicule
pour qu’il se mette en branle et que
sans ça, jamais il ne se mettra en
marche, pourquoi ne pas le croire ?
Pourquoi s’obstiner… ?


« Que viennent ceux qui
sont purs et qu’ils étudient
ce qui est pur ! »

Il en est de même en ce qui nous
concerne. Même le plus génial des
pédagogues, celui possèderait les
meilleures qualités d’enseignant,
ne pourra jamais prétendre avoir
réalisé l’âme de l’enfant qu’il éduque.
Mieux, il est incapable de savoir
ce qu’elle renferme !

Car, en dehors du Créateur, personne
n’est susceptible de comprendre
ce qui se joue au fond de l’âme de
quiconque. C’est Lui « qui l’a créée,
l’a formée, qui l’a insufflée au coeur
de chacun d’entre nous ». Et pour
cause : sainte et pure, l’âme n’est elle
pas une partie de D.ieu Lui-même ? La
seule chose qui peut donc la nourrir,
c’est la Torah et plus particulièrement
l’étude des sujets les plus
hauts, ceux qui relèvent de la pureté
et de la sainteté. Voilà pourquoi
il est dit : « Que viennent ceux qui
sont purs et qu’ils étudient ce qui
est pur ! », au point où sans cette
étude l’âme ne pourrait jamais atteindre
son accomplissement.

Le Rambam enseigne dans son fameux
traité « Les Huit Chapitres »
(Introduction aux Pirké Avot) que
c’est des médecins que nous devons
apprendre comment soigner
l’âme. En effet, s’étant ouvert la
main, un homme s’est rendu chez
le médecin pour qu’il lui prescrive
une pommade. Mais le médecin
lui explique qu’une pommade ne
servira à rien et qu’il est nécessaire
d’absorber un certain remède
afin de lutter contre une probable
infection. Le patient s’étonne :
« Comment le fait d’avaler un médicament
me guérirait-il d’une blessure
à la main… ? ».

Or, il en est de même pour l’étude de
la Torah. L’homme fut créé tel « un
âne sauvage » (Job, 11, 12) et aucun
des chercheurs les plus diplômés
n’est à même d’affirmer sans l’ombre
d’un doute de quelle manière il
convient de l’éduquer pour que cet
homme intègre en lui les qualités
les meilleures.

Nos Sages quant à eux déclarent
qu’il convient que l’homme étudie
la Torah et qu’il accomplisse les
mitsvot. Pourtant, il y a lieu de s’en
étonner : en quoi le récit de la création
de la terre et du ciel empêchera-
t-il un homme de voler ? Pourquoi
l’histoire de la vente de Yossef
par ses frères devrait-elle nous
guérir de la jalousie ? Pourquoi le
chofar devrait-il nous soigner de la
colère et la matsa, améliorer notre
mode de penser ?

La réponse qui convient à toutes
ces questions se trouve dans cet
adage : « Que viennent ceux qui
sont purs et qu’ils étudient ce qui est
pur ! ». Car le remède que constitue
la Torah pénètre directement dans
le sang : au plus profond de l’âme
qu’elle soigne de l’intérieur…

YEHUDA RÜCK (Adaptation d’un
passage du livre « Tiférèt Torah »
– paracha Vayikra – du rav Chimchon
David Pinkous zatsal)


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