« Et tu ordonneras aux enfants d’Israël de choisir pour toi une huile pure d’olives concassées, pour le luminaire, afin d’alimenter les lampes en permanence. »
(Chemot 27, 20)
Allumer la ménora du Tabernacle était une des fonctions qui incombaient à Aharon le Grand Prêtre. Pourquoi Hachem dit-il à Moché que l’huile serait choisie « pour toi » ? Rabbi Chalom Chwadron, l’illustre maguid contemporain, répond à l’aide de la parabole suivante.
Deux amis d’enfance se retrouvèrent assis dans une taverne, buvant un verre après l’autre, jusqu’à ce que l’alcool commence à faire son effet. Soudain, l’un des compères attrapa son ami par le cou et lui demanda, d’une voix avinée, « Tu m’aimes ? »
« Bien sûr », répondit son collègue.
« Sais-tu quels sont mes problèmes ? »
« Non. »
« Comment peux-tu affirmer une chose pareille, alors que tu ne sais même pas ce qui me manque, ce qui me fait mal. Comment oses-tu dire que tu m’aimes ? »
Le fondement de la fraternité, explique rabbi Chalom, est le fait que l’on ressent ce qui fait mal à son prochain, à l’instar de deux jumeaux qui perçoivent la douleur l’un de l’autre, même lorsqu’ils sont éloignés.
Or, il existe une fraternité encore plus profonde et forte. Lorsque Moché, sollicité par Hachem devant le buisson ardent, refusa à plusieurs reprises, d’être le messager divin
qui se rendra chez le Pharaon, il perdit ainsi la couronne du sacerdoce et c’est son frère Aharon qui fut intronisé Grand Prêtre.
Le Midrach rapporte que c’est Moché qui devait verser la sainte huile d’onction sur la tête de son frère, et Moché le fit avec tant de joie qu’il se remplit de crainte d’avoir joui lui-même de l’huile d’onction, se rendant ainsi coupable de méila – plaisir prohibé des objets sacrés
Dans le Psaume 133, il est dit « …Ah ! Qu’il est bon, qu’il est doux à des frères de vivre dans une étroite union ! C’est comme l’huile parfumée sur la tête, qui découle sur la barbe, la barbe d’Aharon, et humecte le bord de sa tunique ; comme la rosée du ‘Hermon qui descend
sur les monts de Sion. » Le Talmud, dans le traité Horayot 12/a, explique que ce Cantique se réfère à la sensation de Moché, qui exultait car son frère avait été nommé Grand Prêtre à sa place. D.ieu apaisa la crainte de Moché en lui disant qu’à l’instar de la rosée qui coule sur le mont ‘Hermon et ce dernier reste insensible car il est couvert de neige, ainsi Moché a oint son frère et la jouissance de l’huile sur ses mains ne lui sera pas reprochée.
Cette pureté de coeur a valu à Moché que le verset de notre paracha dise que l’huile de la ménora serait choisie « pour toi », car Moché avait prouvé une grandeur d’âme selon laquelle ‘toi’ et ‘moi’ se confondaient dans la fraternité.