Notre paracha mentionne le fameux verset du « Chéma Israël » :
« Véhaavta ète Hachem Eloké’ha be’hol levave’ha (…) [Tu aimeras l’Éternel, ton Dieu, de tout ton cœur] », (Devarim, 6, 5). Et Rachi d’ajouter à ce propos : « ‘De tout ton cœur’ : il ne faut pas que ton cœur soit divisé à l’égard d’Hachem ! ».
En fait, c’est sur le fondement de ce verset que les Juifs, à travers toutes les épreuves de l’Histoire, ont sacrifié leur vie pour le Saint Nom divin. Toutefois, ce commandement concerne essentiellement la conduite des vivants tout au long de leur vie, et pas seulement le sacrifice suprême « au Nom de D.ieu ». Le rabbi de Kotsk ne disait-il pas qu’il est plus difficile de vivre en sanctifiant quotidiennement le Nom divin, que de mourir pour Son Nom…
Voici donc deux histoires qui illustrent ce que la Torah exige réellement de nous.
Après que le jeune fils du ‘Hafetz ‘Haïm, rabbi Avraham, fut décédé subitement, toute la ville vint assister à l’oraison funèbre prononcée par l’illustre maître de Radine.
Le ‘Hafetz ‘Haïm, très ému, raconta au public qu’à l’époque de l’Inquisition espagnole en 5252 (1492), une mère juive assista à la cruelle mise à mort de ses deux fils. Elle leva ses yeux au ciel et s’écria : « Maître du monde ! J’avoue que jusqu’aujourd’hui, tant que mes enfants vivaient, je ne pouvais pas T’aimer d’un amour total, car je gardais un petit recoin de mon cœur pour l’amour de mes enfants. Mais maintenant que Tu me les as pris, je n’ai plus que Toi au monde et je pourrai dorénavant accomplir intégralement la mitsva de ‘be’hol levave’ha’ [de tout ton cœur] ! »
À ce moment, le ‘Hafetz ‘Haïm leva ses yeux vers le ciel et s’écria : « Maître du monde ! L’amour que je ressentais jusqu’à présent pour mon fils, je Te le consacre entièrement ! »…
Dans le camp de concentration nazi de Buchenwald, un ancien élève de rabbi Godl Ayzner zatsal, l’illustre machguia’h de Gour, s’approcha furtivement de son ancien maître pour le supplier, les larmes aux yeux, de lui insuffler de la émouna (foi et confiance en D.ieu) dans ce sinistre endroit. Rabbi Godl l’attrapa alors par le bras et le mena dans un coin quelque peu à l’abri des regards indiscrets. Là, face à son élève ébahi, il tira de sa chaussure quelques pages fripées de l’ouvrage ‘Hovot Halevavot, (au Chapitre de l’amour divin) – que seul D.ieu sait comment il était parvenu à sauvegarder au cœur de cet enfer terrestre -, et il se mit à lire la phrase suivante attribuée au ‘hassid : « Mon D.ieu ! Tu m’as affamé, Tu m’as laissé sans habits, Tu m’as installé dans les ténèbres, et Tu m’as montré Ta force et Ta puissance. Mais sache que même si Tu me brûles dans le feu, cela ne fera qu’agrandir mon amour pour Toi ! »