Dans la prière de Yom Kippour, nous récitons le « vidouï » – la confession de nos fautes commises pendant l’année écoulée – en disant, entre autres : «ולא שווה לנו סרנו ממצותיך וממשפטיך הטובים, [nous avons dévié de Tes commandements et de Tes bonnes injonctions, et cela ne valait pas la peine ! ». Or rabbi ‘Haïm de Tsanz, zatsal, avait l’habitude d’expliquer cette phrase grâce à la parabole suivante…

Dans un village, l’ivrognerie battait sans cesse son plein à tel point que le curé de la paroisse décida qu’il fallait tout de même faire cesser ce fléau. Il rassembla donc ses ouailles pour les sermonner très sévèrement. Ainsi, tenta-t-il de les raisonner en expliquant que les boissons alcooliques leur faisaient perdre à tous leur argent, tout comme leur propre dignité. La foule l’écoutait avec attention : les nombreux buveurs présents se sentirent tout honteux de leur vice, et ils promirent de se réhabiliter en faisant tout pour s’éloigner de la boisson…
Mais le lendemain, Ivan était à nouveau couché le long d’un caniveau, saoul et complètement brisé par la boisson. Or, les passants ressentirent que cette attitude constituait un véritable affront contre la notoriété cléricale de leur curé et ils le traînèrent chez ce dernier afin qu’il décide quelle punition lui administrer.
Le curé observa l’ivrogne à nouveau vautré sur le sol et resta perplexe… Il expliqua alors à son entourage qu’il n’avait jamais lui-même bu d’alcool et qu’il ne connaissait donc pas cette tentation.
« Comment pourrais-je punir quelqu’un, déclara-t-il à l’assistance assez surprise, si je ne peux pas de moi-même jauger le penchant auquel il n’a pas pu résister ?! » Après quelques instants de réflexion, le curé trouva donc une issue à ses hésitations : avec un sourire triomphant, il ordonna qu’on lui donne sur-le-champ un verre de schnaps… pour goûter. Aussitôt dit, aussitôt fait ! Il approcha le verre de sa bouche et goûta du bout de sa langue qui s’embrasa de la goutte amère. Il rejeta avec dégoût la boisson acerbe en s’écriant : « Vous voulez punir ce malheureux ? Mais il n’existe pas de châtiment plus grand et plus efficace que d’avaler ce poison. Il est lui-même suffisamment puni de tant souffrir de son propre vice qu’il ne mérite pas une correction supplémentaire ! »
Nous aussi, enchaîna rabbi ‘Haïm de Tsanz zatsal, nous nous repentons et nous prions intensément pendant les « jours de pénitence » afin que D.ieu nous préserve d’une rechute dans nos fautes – pour lesquelles nous ne ressentons que dégoût et mépris. C’est que le « baal téchouva » authentique, le vrai repentant, est celui qui regrette sincèrement son délit au point de ressentir que son plus grand châtiment était en fait son écart de la Volonté divine. Pour cela, nous implorons la Miséricorde divine de ne pas nous infliger de punition supplémentaire, car – par le fait même de fauter – nous l’avons déjà reçue…En partenariat avec Hamodia.fr