Pour avoir goûté du fruit défendu, Adam Ha-Richon fut puni, et D.ieu lui dit entre autres : « (…) maudite est la terre à cause de toi, c'est avec chagrin que tu t’en nourriras tant que tu vivras ! » (Béréchit, 3, 17). Ce qui semble être en contradiction avec le verset : « eux qui ont semé dans les larmes récolteront dans la joie » (Psaumes, 126, 5)

Rabbi Chlomo Éfraïm Luntchits zatsal, l’illustre auteur de l’ouvrage « Ollelot Éfraïm », explique cette contradiction à l’aide de la parabole suivante rapportée par le Rambam (dans son « Guide des Égarés », 3, 8)…

Alors qu’un roi siégeait un jour pour rendre justice, deux de ses serviteurs furent amenés devant lui.
Le premier était un haut dignitaire accusé de s’être approprié un cheval lors d’une vente publique en surenchérissant le prix, face au responsable des écuries royales qui voulait acquérir le même cheval pour Sa Majesté.
Le second serviteur était accusé quant à lui de s’être purement et simplement endormi lors de son service dans les cuisines…
Le souverain donna ordre de mener les deux inculpés aux étables du palais et de les employer pendant une journée à récurer et astiquer les lieux. Le haut fonctionnaire blêmit de honte en pensant à l’avilissement qu’il allait subir, tandis que son compagnon, qui redoutait tant d’être flagellé, poussa un soupir de soulagement.
Ils furent donc conduits aux étables et entamèrent leur corvée. Ne pouvant supporter la boue fétide qui l’entourait, le noble se mit au travail du bout des doigts, en évitant de se salir et en marchant sur la pointe des pieds. Il fit de son mieux pour passer inaperçu et attendit avec impatience que la nuit tombe pour être enfin délivré de cette insupportable dégradation. Par contre, son compagnon d’infortune était tout heureux de son sort et pataugeait avec joie dans la bourbe nauséabonde en chantant à tue-tête…
Ainsi, avons-nous été créés pour accomplir la Volonté divine et étudier la Torah. Mais à cause de la faute initiale d’Adam, nous devons suer pour assurer notre subsistance physique qui nous permettra de mener à bien notre mission spirituelle. Mais ce faisant, certains oublient malheureusement pourquoi ils ont été envoyés en ce monde, tout heureux de patauger dans sa » boue matérielle « , ils s’en donnent à cœur joie. Or, notre conduite doit se modeler sur celle du noble qui essaye d’éviter que la boue ne se colle à lui : l’argent, le travail et les repas ne sont que des moyens et des obligations, mais certainement pas un but. Certes, on ne peut guère s’en passer, car telle est la Volonté divine. Mais restons lucides et ne gâchons pas notre véritable potentiel de joie en l’utilisant lorsque nous faisons une corvée, comme se mettre à table ! C’est que l’exultation de l’homme doit être réservée à nos efforts d’élévation lors de la prière, et lorsque nous étudions ou accomplissons des mitsvot. Par Chalom C,en partenariat avec hamodia.fr