On constate qu'à la fin de la Paracha de Chela'h Lekha , deux sujets différents ont été juxtaposés, le récit du Mekocheche qui a profané la sainteté du Chabbat dans le désert, et la Mitsva du Tsitsit.
Quel rapport y'a t'il entre ces deux thèmes, qui à priori, n'ont rien en commun?
Rachi explique: qu'en effet, ces deux notions "le tsitsit et le Chabbat" ont une similitude.Car celui qui porte les Tsitsit est considéré comme ayant accompli les 613 Mitsvot.
La valeur numérique de Tsitsit (en hébreu) étant de 600 + 8 fils + 5 noeuds = 613
Tandis que le profanateur du Chabat, est comparé à un idolâtre qui renie toutes les Mitsvot de la Tora.
Mais dans le livre Tana Deve Eliaou (compilation des enseignements d'Eliaou Hanavi retranscrits par son élève Rav Hanan)
On y retrouve une autre explication quant à la relation Chabbat-Tsitsit,
que voici:
Hachem révéla à Mohé Rabenou la raison pour laquelle le mekochêche était tombé si bas jusqu'à pouvoir transgresser le chabbat,c'était du fait que durant ce jour là on ne porte pas les Tephilines .
Généralement, durant les jours de semaine, ce sont les Tephilines qui ont pour effet de rappeler à l'homme son devoir vis à vis du créateur, et le respect qu'il lui doit.
Mais le jour du Chabbat, étant donné que cette Mitsva n'existe pas, alors le Ben Israël n'avait plus de repère.
C'est pourquoi, Hachem ordonna la Mitsva des Tsitsit, qui sera applicable le Chabbat également. Ainsi la personne n'oubliera jamais son créateur.
On peut, à ce propos, s'interroger: par quel effet magique la personne se souviendra des Mitsvot en voyant les tsitsit?
1ère explication: Selon Rachi cité plus haut, c'est par l'équivalence numérique(guematria)
de "Tsitsit" avec le nombre des mitsvot.(613).
Le Baal Hatourim fait remarquer également que les 5 nœuds évoquent les 5 livres de la Tora que l'on doit étudier, et les huit fils nous feront prendre conscience de ne pas fauter avec les 8 membres susceptibles d'être entraînés par le péché, tels que: les yeux -les oreilles -la bouche -le nez(l'odorat excitant) -les mains -les pieds -la mila et le cœur.
2ème manière de comprendre: La Guemara (menahot 43b) enseigne qu'initialement, la mitsva de tsitsit comprenait deux parties:"bleu et blanc". Une partie des fils étaient teints en bleu azur, tandis que les autres, restaient blancs.
(le colorant bleu était extrait d'un poisson rare, le Hilazone)
Cette couleur fut spécialement choisie, parce qu'elle évoque la couleur de la mer qui rappelle le Ciel. Grâce à cela, l'homme se souviendra d'Hakadoch Baroukh Hou, qui siège sur son trône dans les hautes sphères célestes.
Par cette prise de conscience, il se soumettra à la volonté d'Hachem, en accomplissant toutes les Mitsvot.
3ème interprétation: d'après le Sefer Hahinoukh (mitsva 386) également selon le Sephorno dans son commentaire sur la Paracha: Les tsitsit accrochés aux 4 coins du vêtements sont comparable au "sceau du maître" qui est suspendu au vêtement de « l'esclave ».
C'était un signe qui indiquait autrefois, l'appartenance du serviteur à son maître, et du devoir de soumission qu'il avait envers lui.
À ce titre, les Bene Israël ont eu la Mitsva des tsitsit, qui signifie leur appartenance à Hachem et leur engagement à le servir.(La Brith Mila ne suffit pas, étant toujours couverte de vêtement)
En effet, le nombre de rondelles des Tsitsit correspond à la valeur numérique du nom Divin (26) selon rabbi chelomo molko, cité par le Michena beroura.
Ou 39 rondelles selon le Choulhan Aroukh, qui équivaut la guematria de "Hachem Ehad" (39) nous explique la Halakha.
Autrement dit, nous portons le sceau d'Hachem sur les quatre coins de notre vêtement, afin de nous souvenir en permanence que nous sommes ses serviteurs .
On réalisera également par cela qu'il est le Roi du Monde et qu'il domine les quatre points cardinaux du cosmos.
Selon cette dernière réflexion, on comprendra mieux, le rapport entre la paracha de tsitsit et celle de Yetsiat Mitsraim, car Il parait étonnant que la Tora ait intégré le rappel de la sortie d'Egypte dans le texte de la mitsva de Tsitsit, ce qui à priori est sans rapport !?
Mais c'est qu' en effet, en nous délivrant de l'esclavage en Égypte, Hachem nous a acquis comme serviteurs pour l'éternité.
(Attention, cette servitude envers Hakadoch Baroukh Hou constitue la vraie liberté.
Eine lékha ben horine éla mi cheossek batora)
Ce regard sur la mitsva de Tsitsit, donnera un nouvel éclat à l'enseignement de nos sages, dans la massekhet houlin (89a):
"Par le mérite d'avoir refusé au roi de sedom " un fil" ou une "lanière de chaussure"
Avraham fit mériter à ses descendants 2 Mitsvot: "le fil du tsitsit" et "la lanière des Tefilines"
Il y'a lieu de comprendre,selon cette analyse,que la relation entre le comportement positif d'Avraham avinou et la récompense qu'il a reçu pour sa descendance,n'est pas uniquement liée à "la forme"(fil pour fil, lanière pour lanière) mais également par rapport "au fond"!
Le motif qu'avait avancé Avraham pour argumenter son refus au roi de sedom était qu'Hachem lui avait déjà promis de l'enrichir, et il ne voulait donc pas que cet enrichissement soit attribué à un être humain.
En d'autre termes, Avraham avinou voulait qu'il soit clair pour tous que son existence,ainsi que les biens matériels qu'il possède,proviennent uniquement d'Hachem.
C'est à lui qu'appartient son Etre et son Avoir,à personne d'autre qu'Hachem.
Et s'il vit "par lui". il vivra donc "pour lui"!
C'est cet esprit de soumission qu'avait développé Avraham avinou à l'égard d'Hakadoch Baroukh Hou, qui nous a fait mériter ces deux Mitsvot Tsitsit et Tephilines,
car elles véhiculent toutes les deux,la même idée: un souvenir permanent des devoirs
des créatures au devant de leur créateur.
Essayons d'accomplir ces mitsvot quotidiennes avec la kavana requise, ainsi nous ne laisserons pas l'accoutumance éteindre les sentiments!
Par le Rav Abdelhak