La mission sacrée de l’hôpital Laniado

C’est en juin 1976 qu’on inaugurait
le nouveau service
néonatal de l’hôpital Laniado
de Netanya. Au même moment,
le rabbi de Klausenbourg recevait
un appel téléphonique dans son
bureau à Union City, qui lui fit entendre
les cris du premier bébé né
dans cet hôpital.

30 ans plus tôt, prisonnier dans
un camp de travail nazi, affamé et
blessé, il n’avait pas osé s’adresser
à l’infirmerie, sachant qu’il ne s’en
tirerait pas vivant. « Je me suis promis que si, avec l’aide d’Hashem, je
m’en tirais, je construirais un hôpital en Israël où chaque être humain
serait soigné dans la dignité », a-t-il
confié plus tard à ses disciples.
« Les médecins et les infirmières
devront avoir la foi qu’il y a dans
ce monde un D.ieu, et que lorsqu’ils
soignent un patient, ils accomplissent la plus grande mitsva de la
Torah ». En entendant les pleurs de
ce bébé, le rabbi fut ému aux larmes.
« C’est ma revanche sur les
nazis, s’est réjoui le rabbi, et ma
vengeance pour toutes les horeurs
que j’ai endurées ».

Depuis ces débuts pleins d’émotion,
100 000 nouveaux-nés ont
vu le jour à Laniado. Et toutes les
mamans et les bébés sont suivis
avec la même attention exigée par
le rabbi d’outre-Atlantique. Par
conséquent, le service néonatal est
toujours plein et Laniado est l’hôpital
que choisissent la plupart des
femmes de la région pour y accoucher.
Beaucoup viennent aussi de
Bné Brak, Tsfat, Ashdod et même
Eilat. Pour répondre à cette demande
toujours croissante, l’hôpital a
ajouté 5 800 m² à la maternité afin
de doubler sa capacité d’accueil. Il
s’agit de construire une unité d’un
luxe exceptionnel au nom de la famille
Retter de New York, en souvenir
de Mme Betty Retter.

Un mémorial approprié

« C’est à Laniado que nous avons
trouvé, après de longues recherches,
l’endroit qui convenait pour péreniser le souvenir de notre mère »,
explique Daniel Retter. La famille
a été particulièrement émue par
le message du rabbi expliquant le
voeu qu’il avait formulé dans les
camps. « Notre mère est née en
Allemagne et a échappé aux nazis
en s’enfuyant en Belgique puis en
Angleterre. Elle s’est profondément
identifiée avec les rescapés de la
guerre après avoir vu la mort et
la destruction. Elle a alors orienté
tous ses efforts sur la naissance et
la renaissance ».

Betty a ensuite épousé Marcus
Retter en Angleterre, puis ils se
sont installés à New York avec leur
famille. Elle a eu le bonheur de voir
grandir ses enfants, ses petits-enfants
et ses arrière-petits-enfants.
Pendant 40 ans, elle a parcouru le
monde à la rencontre de ministres
et autres dirigeants, dans le cadre
de ses activités professionnelles.
Elle a enseigné la thérapie par le
théâtre et le yoga. Elle aimait aussi
écrire des poèmes et des romans,
écouter de la musique et peindre.
« Notre mère était une personne qui
aimait la vie. Alors il était évident
qu’un centre pour la mère et l’enfant
porte son nom, puisque c’est exactement ce en quoi elle croyait ».

Le centre Betty Retter comprendra
2 grandes maternités, 2 nurseries,
2 salles d’accouchement, des salles
d’opération, et une salle d’accouchement naturel. Cet établissement
ultramoderne comptera 84 lits. Mais
les plans ne racontent que la moitié
de l’histoire. Ce centre va également
servir à promouvoir une philosophie
nouvelle des soins qui mettra Laniado sur le devant de la scène par
rapport aux autres hôpitaux du pays.
Car, dans la vision du rabbi de Klausenbourg, un hôpital est plus qu’un
lieu où se rencontrent les médecins
et les patients, c’est l’endroit de l’expression même du ‘hessed. « La qualité fondamentale que doit posséder
tout médecin et toute infirmière est
la générosité du coeur juif ». Parmi
les principes de base de cet hôpital,
il propose « l’atmosphère qui doit
être imprégnée de l’esprit de paix,
de tranquillité, d’amour et de dévotion. Tous les efforts devront être
déployés pour que les médecins et
autres membres de l’équipe médicale soient recrutés parmi les
meilleurs dans leur domaine et leur
personnalité devra refléter l’amour
de leur prochain comme le dit la
Torah, « Ve’ahavta leréa’ha kam
mo’ha ».

Cette attitude est en effet présente
dans les couloirs de l’hôpital. Les
médecins et les infirmières sont
souriants et aimables, les familles
des patients sont traitées dans le
respect car ici on sait que la contribution
des parents à la guérison est
primordiale. En outre, le dévouement
et le sérieux sont de mise car
le corps médical se considère investi
d’une mission sacrée.

Un service à la carte

L’individu est au centre de cette
unité, et c’est pourquoi chaque
femme peut choisir le type d’acccouchement
qu’elle souhaite : accouchement
sans douleur avec intervention
médicale complète, méthodes
non invasives ou accouchemment
naturel avec une sage femme.
Le nouveau service apportera la
sécurité que procure la proximité
d’un service médical de pointe, et
la jeune maman sera entourée du
confort nécessaire à son rétablissement.
La conception a été mûrement
pensée pour, qu’après l’accouchement,
la convalescence se
fasse dans le calme, la décoration
de l’hôpital est lumineuse et gaie.
Le centre Betty Retter comportera
également plusieurs chambres individuelles
de taille plus modeste,
et les repas seront dignes de la
haute gastronomie. Les heures de
visite sont strictement observées,
de manière à ce que les mamans
puissent prendre du repos. Elles
peuvent aussi choisir de garder leur
bébé avec elles dans la chambre ou
de le laisser à la nurserie entre des
mains expérimentées.

Pour répondre à toutes les questions,
à tout moment, un personnnel
expérimenté est à disposition.
Et comme c’est souvent le cas, la
maman de retour chez elle a des
questions à poser, un numéro de
téléphone est disponible pour toute
aide supplémentaire. Le service de
soins intensifs néonatal est toujours
prêt pour prendre en charge
d’éventuels prématurés. Laniado
ne refuse jamais de patients, même
si l’assurance médicale ne couvre
pas tous les frais. « Tout d’abord
nous apportons notre aide, et ce
n’est qu’ensuite que nous traitons
les questions annexes ».

Cet hôpital fonctionne grâce à des
dons pour équilibrer le budget, ce
qui permet de recruter plus et de
pourvoir les services en médicaments
onéreux.

Un hôpital orthodoxe

À Laniado, les femmes apprécient
que le Chabbat puisse être observé
selon les règles, et que la cacherout
soit stricte. Le rabbin de l’hôpital,
le rav ‘Haïm Yaacov Schwartz,
est un décisionnaire respecté qui
est toujours prêt à répondre aux
questions à caractère médical 24
heures sur 24. Les lois de la tsniout
sont également respectées :
tout le personnel masculin juif
doit porter la kippa ou un bonnet
de chirurgien, quant aux femmmes
juives, elles se doivent d’être
vêtues décemment. En revanche,
Laniado ne pousse pas les patients
à être religieux, et de fait, lorsque
le service néonatal a ouvert, certains
membres de la communauté
avaient suggéré au rabbi d’en faire
un service de rapprochement : des
dépliants soulignant les diverses
mitsvot pouvaient être distribués
aux femmes non religieuses etc.
Mais le rabbi souhaitait une approche
différente : « Je construis un
hôpital pout y guérir des personnes. D’autres hôpitaux comme les
hôpitaux catholiques accrochent
des croix dans toutes les chambres et mettent une bible dans les
tiroirs. Les Juifs ne font pas cela. Si
nous nous consacrons à soigner les
malades correctement, l’influence
se fera d’elle-même ».

L’approche du rabbi a été un succès
car Laniado est non seulement un
hôpital respecté par les patients relligieux
ou non, mais il a en outre
présenté une vision positive de la
religion. La gentillesse et les bons
soins parlent d’eux-mêmes. L’hôpittal
s’est en outre donné pour prochain
objectif de construire un
centre consacré à la recherche sur
le diabète.

Mais qu’est devenu le
premier nouveau-né ?

Le premier bébé qui avait tant
ému le rabbi est le quatrième fils
d’une famille orthodoxe d’origine
yéménite de Netanya. Pour exprimer
leur gratitude au fondateur du
nouveau centre médical, les parents
ont nommé leur fils Yékoutiel. Il est aujourd’hui âgé de 32
ans, lui-même papa de 4 enfants, il
étudie au kollel le matin et il enseigne
l’après-midi… Harav Yekoutiel
Yehoudah Halberstam, zatsal, peut
être fier de son entreprise !

L’hôpital, également témoin
de drames qui finissent bien

L’ambiance à Laniado peut se résumer
en deux mots : kedouchat
ha’haïm, la sanctification de la vie.
C’est un hôpital où les médecins se
battent pour chaque patient, sans
prendre en considération le prix
des services médicaux. Une des
histoires les plus troublantes s’est
déroulée au service néonatal un
matin de Chavouot il y a de cela
25 ans. Suite à une naissance qui
s’était normalement déroulée, une
hémorragie se déclencha subitement
chez la maman. Le chef du
service d’alors, le docteur Yaacov
Mamet, fut appelé à son chevet et
devant l’ampleur de la situation,
il fut le premier à retrousser la
manche de sa chemise pour donner
son sang. Toute l’équipe suivit
alors, Juifs comme non Juifs.
Mais malgré cela, l’hémorragie
ne fut pas stoppée. Les chefs des
services d’hématologie, de cardiologie
et de soins intensifs furent
alors convoqués. De l’autre côté
de la rue, à la synagogue de Sanz,
le rabbi demanda aux membres
de l’assemblée d’arrêter le service
de Yom Tov. Toutes les personnes
de rhésus O se rendirent à l’hôpittal
pour y donner leur sang. On
vit se précipiter des dizaines de
‘hassidim. Le sauvetage dura des
heures, jusqu’à ce qu’on réussisse
à arrêter l’hémorragie. La jeune
maman, inconsciente, fut ensuite
transférée au service de soins intensifs.
6 jours plus tard, son état
stabilisé, elle put être envoyée à la
maternité. Après avoir subi cette
hémorragie, elle est aujourd’hui
la maman comblée d’une famille
nombreuse !