Le mot Hasbara, comme on le sait, est un terme intraduisible en français mais on peut dire qu’il exprime la nécessité pour Israël de faire comprendre sa politique et ses positions à l’étranger en luttant contre la désinformation.
Parmi ceux qui sont très mal informés de la réalité israélienne, il faut compter les Musulmans et les Arabes vivant dans des pays dont les régimes cultivent la haine d’Israël et où sont colportées des informations tout à fait erronées sur l’État juif. Et c’est pour remédier à cette situation qu’un jeune Israélien d’une trentaine d’années tenant à garder l’anonymat, qui vit dans la région du Sharon, a décidé de se lancer dans la Hasbara en arabe sur Internet en créant un site qui s’intitule www.yahoodi1.com.
Cela fait quatre ans qu’il œuvre ainsi bénévolement après avoir obtenu une licence en science politique, avec pour spécialisation le Proche Orient, et avoir acquis de bonnes connaissances en arabe lui permettant de bien maitriser la langue.
En fait, il ne s’agit pas pour lui de faire de la Hasbara mais plutôt d’échanger des connaissances et de renforcer les liens entre personnes a priori très différentes. « Nous n’avons pas à nous justifier, précise-t-il, nous avons des informations à communiquer, et nous ne disposons pas pour l’instant d’outils suffisants pour le faire. Un Arabe qui rentre sur le Web pour trouver des informations sur Israël ne trouvera aucune donnée objective dans sa langue l’incitant à avoir une attitude positive à notre égard, qu’il soit question de respect, d’appréciation ou de relations humaines ». Et d’ajouter: « Et pourtant, il y a dans le monde arabe une soif d’en savoir davantage sur Israël, sur sa culture et son histoire.
Ce militant, qu’on appellera Aaron, explique encore que de nombreux Arabes s’intéressent à l’histoire du peuple juif sur la terre d’Israël ou sur celle de communautés juives au Proche-Orient parce qu’elles éclairent certains angles obscurs de leur propre histoire. « Si vous évoquez l’histoire et si vous avez un échange de propos avec un contenu, au lieu de leur parler de façon théorique d’une paix abstraite, alors vous trouverez de quoi parler ».
Ce jeune homme très entreprenant se montre plutôt critique à l’égard des institutions gouvernementales qui selon lui ne font pas correctement leur travail et « oublient de défendre le point de vue d’Israël en se prenant pour l’Onu ». Et de préciser: « Le site du ministère des Affaires étrangères pèche par son manque d’assurance et fait preuve d’un grand complexe d’infériorité, n’osant pas raconter que les Juifs ont vécu ici (en Israël) avant les Arabes, que l’Islam a puisé ses sources dans le judaïsme, ou encore que l’hébreu est la seule langue antique de la région qui s’est développée à l’époque moderne ». Au lieu de cela, que font-ils ? Ils racontent combien nous sommes bons et beaux, combien Israël est un État pluraliste et démocratique où vivent des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans ». Et d’estimer : « Apparemment, ils ne sont pas convaincus eux-mêmes et celui qui ne s’aime pas et n’est pas conscient de sa propre valeur ne peut pas inciter les autres à l’apprécier ».
Aaron travaille essentiellement sur trois réseaux, en arabe et en anglais : sur le site www.yahoodi1.com, sur Facebook et sur YouTube où il diffuse des vidéos, avec un lien entre eux.
Pour donner un exemple du travail effectué sur son site en langue arabe, il a indiqué que le dernier grand titre mis en ligne portait sur les pierres lancées par des agitateurs arabes sur la voiture de David Beeri, dans le quartier du Shiloah, en Vieille Ville de Jérusalem. Présentant une analyse des étapes de l’événement, photos à l’appui, il y dénonce les mensonges de la presse arabe avec des images prouvant la complicité active des caméramans et des photographes.
Sur Facebook, tout est présenté sous forme de dialogue très vivant avec les internautes. Et là une question s’impose: voit-il des différences entre ses internautes de différents pays : Aaron répond que « les Koweitiens sont les plus ouverts vis-à-vis d’Israël, parlant franchement et voulant créer des liens sans s’intéresser au sort des Palestiniens qui, rappelle-t-il, ont soutenu Saddam Hussein pendant la Guerre du Golfe ». « Les Irakiens seraient selon lui très nombreux à communiquer par Internet et auraient gardé un très bon souvenir des familles juives qui vivaient dans leur pays ».
Il y a bien sûr quelques interventions haineuses ou injurieuses mais Aaron préfère les ignorer la plupart du temps. « Ces gens appartiennent au noyau dur qui viendront après les autres ». Mais il arrive qu’il leur renvoie leurs injures et que ça se termine finalement par une discussion intéressante.