Sur le verset : « Et vous saurez que c’est Moi, l’Eternel, votre D.ieu, qui vous fait sortir des affres de l’Egypte » (Chémot 6, 7), on traduira le Sfat Emet (5631) de cette manière : « Cette promesse adressée aux enfants d’Israël, ici, au cœur de l’exil, pour leur rappeler que l’Eternel les a sortis d’Egypte nous enseigne que l’exil a pour la finalité d’amener l’homme à prendre conscience qu’il est, dans son essence même (miTsido), prédestiné à l’exil (moukhan léhiot béGalout). Car, c’est précisément de cette manière que l’Eternel se conduit envers chacun des membres d’Israël…
Secours divin
En effet, si l’être humain avait clairement conscience que tout ce qui lui arrive est orchestré par le Tout-puissant, la réalité se révèlerait à lui dans sa vérité lumineuse, elle ne comporterait plus aucune part d’obscurité. Or, c’est l’inverse que nous vivons ! Puisque c’est au contraire l’inintelligibilité (haHester) de son existence qui force l’homme à penser qu’il peut en être autrement, c’est-à-dire : à penser qu’il peut être, lui, un acteur réel du monde.
Voilà pourquoi il incombe à tout un chacun de ne jamais perdre de vue que, même s’il nous arrive parfois de vivre, pour ainsi dire, dans l’intimité de l’Eternel (béEt ratson) – lorsque l’heure nous sourit, nous sommes en définitive des êtres voués en essence à la méprise (‘hèt) et à la désolation (avon). Car aucune chose ne saurait exister sans un secours divin (béEzer haChem), sans l’aide du Nom.
L’heure du Bien
Ainsi, dans le passage talmudique (Traité Berakhot, p.12/b) commentant le verset : « Afin que tu te souviennes, tous les jours de ta vie, de celui où tu es sorti d’Egypte » (Devarim 16, 3), les Sages enseignent de quelle manière il doit être lu : l’expression « les jours de ta vie » désignant ce monde-ci, tandis que l’ajout du terme « tous » fait référence aux temps messianiques.
Nous avons donc l’obligation de nous souvenir de la sortie d’Egypte, même lorsque nous sommes en pure adhésion avec la vie de l’Eternel (nidbak b-HaChem ‘haïm), attachés vivants à D.ieu ; ce qu’enseignent les Sages sur le verset : « tous les jours de ta vie ». C’est-à-dire : même aux temps messianiques, à l’heure du Bien (èt haTova), lorsque le penchant au mal n’exercera plus son emprise…
On se souviendra alors que, sans la bienfaisance divine (ra’hamav), nous serions restés en Egypte. Comme il est dit : « S’Il ne nous avait pas sortis d’Egypte, nous serions restés esclaves » (Aggada de Pessa’h). Une règle que le Saint béni soit-Il est venu inculquer à Israël, précisément ici, au cœur de l’exil, afin que nous sachions que tout ce qui nous arrive, depuis la délivrance et le don de la Torah, n’a d’autre fin que de nous enseigner ceci : D.ieu seul nous fait sortir d’Egypte… ».
Par Yehuda-Israël Rück, en partenariat avec Hamodia