Si la crémation reste un sujet très tabou chez la plupart des juifs (notamment du fait d’associer cette pratique à la Shoah) et malgré l’interdiction de la halakha, la tendance depuis quelques années est à la hausse aux Etats-Unis. Les Rabbins sont de plus en plus inquiets.

Il n’y a pas de chiffres précis sur cette pratique mais les professionnels des sociétés funéraires juives à travers les USA sont unanimes : si la crémation augmente dans les communautés juives, elle varie, en revanche, très fortement d’un Etat à l’autre.

Des chiffres non officiels  mais qui inquiètent

Dans les milieux non-juifs, la popularité de cette pratique est montée en flèche depuis une décennies. En 2009, 38% des personnes décédées en Amérique du Nord ont été incinérées contre seulement 15% en 1985, selon un rapport publié par l'Association des Crématoriums d'Amérique du Nord.
Pour en revenir aux crémations dans les cimetières juifs, le taux dans la région de Philadelphie semble être particulièrement élevé d’après les estimations de certains professionnels funéraires  de la ville. Selon un directeur d’un centre funéraire juif,14% des décès juifs qu'il manipule finissent dans un crématorium. Un autre déclare que ce chiffre varie entre 10% et 11% des funérailles. Pour infos, il y a 15 ans, ce chiffre était de 3% à peine.
Une autre région, où le taux est relativement élevé, est l’Etat de New York. Le Département newyorkais de la Division des Cimetières estime que 8% des enterrements dans les cimetières juifs finissent au crématorium alors qu’il y a dix ans, ce chiffre était infinitésimale.
À Chicago, ce chiffre est compris entre 6% et 7% des décès.
À Toronto, qui compte une importante population orthodoxe, William Draimin du Memorial Park a déclaré que les taux de crémation étaient au contraire très faibles : 10 ou 20 crémations sur environ 1 500 décès par an. Et Stan Kaplan, directeur exécutif de l'Association juive des cimetières du Massachusetts (comprenant 106 cimetières dans tout l'État), a déclaré que moins de 1% des inhumations dans les cimetières sont des urnes funéraires.
Un entrepreneur de pompes funèbres à Seattle, Ross Kling du service funèbre Rosebud, a déclaré quant à lui que 3 à 5% des morts juifs finissaient en crémation.

On peut expliquer cette tendance à la hausse très simplement :

– D’abord l’influence culturelle.
Dans une société libérale, de plus en plus permissive et athée, l'augmentation de la crémation influence également la communauté juive notamment dans les milieux non orthodoxes et surtout réformés ou libéraux.
Car après avoir opté pour les couronnes de fleurs lors d’obsèques (chose qu’interdisent les sages de la Torah), certaines familles juives pensent également et en toute naïveté que la crémation est tout aussi autorisée.

– Ensuite, les raisons financières: la crémation coûte moins cher qu’un enterrement classique. Le coût moyen d'une crémation est de $ 1 650 tandis que le coût moyen d'un enterrement est de 7 300 $.

Une identité juive abandonnée 

Autre problème : les familles juives qui choisissent la crémation renoncent souvent à d'autres rites funéraires juifs très importants (lecture du Kadish, interdits pendants la période de deuil, etc..).
C'est cet abandon du rituel qui rend certains rabbins inquiets. Abandonner nos pratiques  millénaires et nos rites ancestraux, c'est abandonner notre foi, notre Torah.
Car les Juifs ont toujours eu la tradition, qui remonte aux temps bibliques, de créer un espace sur la terre pour pleurer leurs morts. Abraham lui-même avait donné une forte somme d’argent pour trouver un lopin de terre afin d’enterrer sa femme Sarah comme il se doit et respecter, ainsi, la volonté du Créateur de l’univers.