La contestation sociale a atteint samedi soir un nouveau pic quand 400.000 Israéliens ont déferlé dans le centre de Tel Aviv et dans une quinzaine de localités pour dénoncer le coût de la vie. Il s'agit de la plus importante manifestation sociale de l'histoire de l'Etat juif.

La vaste "Place de l'Etat" kikar hamedina à Tel-Aviv était noire de monde, ont constaté les correspondants de l'AFP, les télévisions chiffrant cette foule à 300.000 alors que la police interrogée se refusait à toute estimation.

"On nous a dit que le mouvement marquait le pas. Ce soir, nous avons démontré le contraire", a proclamé à la tribune l'une des figures du mouvement, Itzik Shmuli, secrétaire général de l'union des étudiant israéliens.

"Nous les nouveaux Israéliens sommes déterminés à poursuivre le combat pour une société plus juste et meilleure, en sachant qu'il sera long et difficile", a-t-il martelé.

Par cette nouvelle démonstration de force, les organisateurs de la vague de contestation sociale ont estimé avoir prouvé la vitalité d'un mouvement populaire sans précédent, qui avait pourtant semblé donner des signes d'essouflement, huit semaines après son déclenchement.

"C'est un moment historique. Quand elle sera grande, ma fille se souviendra avec fierté d'avoir participé à plus grande manifestation sociale de l'histoire d'Israël", a déclaré Gali Zeitoun, une enseignante de 34 ans de Tel Aviv venue manifester avec sa fille de 4 ans.

Adi Markovitch, une graphiste de 28 ans, souhaitait dénoncer le coût de la vie: "Je veux rester vivre dans mon pays. Mais comment faire si je ne parviens pas à boucler les fins de mois?".

L'informaticien Itaï Raphaeli, 34 ans, se félicite de ce que le mouvement soit déjà parvenu à bouleverser l'ordre des priorités dans le pays, en forçant les Israéliens "à tourner leurs regards sur les questions intérieures" de leur société.

Mais "sous sa forme présente, le mouvement a atteint son point d'orgue", estime-t-il, expliquant qu'il faudra désormais inventer de nouvelles formes d'action.

Les manifestants, parmi lesquels se trouvaient un grand nombre de jeunes, presque exclusivement laïcs, et comprenant de petits groupes d'Arabes israéliens, ont scandé "Le peuple exige la justice sociale", dans une atmosphère de kermesse.

Ils brandissaient des pancartes avec le portait du premier ministre Benjamin Netanyahu barré de l'inscription "Limogé" et des pancartes dénonçant "Un pays de lait et de miel… pas pour tous".

A Jérusalem, plus 30.000 manifestants se sont rassemblés devant la résidence du premier ministre et le même nombre de manifestants a été comptabilisé à Haïfa (nord d'Israël).

Les contestataires prônent l'instauration d'un "Etat-providence" et critiques la politique de privatisation des différents gouvernements israéliens depuis plusieurs décennies au détriment des services public: enseignement, santé, habitat.

Ils dénoncent tout particulièrement que la construction publique de logements bon marché ait pratiquement cessé dans le pays depuis une vingtaine d'années, ce qui a provoqué une hausse brutale des loyers, en particulier à Tel-Aviv.

En réponse, M. Netanyahu a créé une commission pour examiner un train de réformes. Mais les protestataires le soupçonnent de ne pas vouloir remettre en cause son credo ultra-libéral et de miser sur un essoufflement de la contestation.

La rédaction