À la veille même de Pessa’h, nous aurons cette année le bonheur d’accomplir une mitsva qui ne revient seulement que tous les 28 ans et qui est mentionnée dans la Guémara de Bra’hot (page 59/b) : celle de Birkat Ha’hama, la bénédiction du soleil.

En effet selon les calculs de Chemouel
qui correspondent aux données
astronomiques courantes, les années solaires durent 365 jours et six heures environ, si bien que tous les 28 ans, un observateur placé sur la terre peut constater la conjonction
de la constellation du Bélier, de la planète Saturne, et du soleil !
Or, c’est précisément cette position qu’avaient ces trois astres en question au mercredi (le 4e jour) de la création du monde. Et c’est donc là l’occasion de rendre un hommage au Créateur. Cette bra’ha de « Ossé Maassé Beréchit » que nous réciterons donc au matin de ce mercredi 8 avril appelle à nos yeux deux types de réflexions…

Qu’est-ce que ce jour
a de si particulier… ?

Comme l’indique le Choul’han Arou’h dans le Ora’h ‘Haïm, cette bra’ha se récite
devant un paysage majestueux, ou bien face à l’océan car de tels spectacles
sont censés provoquer chez l’homme
un moment véritable d’extase. Au point que la Hala’ha indique qu’il ne faut pas réciter cette bénédiction de « Ossé Maassé Béréchit » plus d’une fois tous les trente jours.

Et c’est là qu’intervient notre réflexion principale : car que verrons-nous de si particulier à l’aube de ce mercredi 8 avril ? En fait, rien d’autre qu’un simple
lever de soleil !

Alors comment donc pourrions-nous nous émerveiller face à un spectacle qui se reproduit ainsi au quotidien, chaque matin ?

La réponse tient dans le fait que ce n’est pas tant l’émerveillement que suscite tel ou tel spectacle de la nature qui justifie la récitation de cette bénédiction,
mais plutôt l’émotion intérieure
qu’il doit susciter au plus profond de notre être.

La douzième et… dernière fois en 6 000 ans !

Il faudra réciter la Birkat Ha’hama
au matin de ce 14 Nissan tout de suite après le lever du soleil et en présence impérative d’un minyan.
Or depuis la création du monde, nous en sommes au 207e cycle solaire, mais ce 14 Nissan représentera seulement la douzième
fois, depuis la création du monde, que la conclusion de ce cycle intervient justement une veille de Pessa’h ! Et ce sera surtout la dernière fois jusqu’à l’an 6 000 que la Birkat Ha’hama sera récitée
la veille de Pessa’h. Ce qui donne évidemment cette année un cachet très particulier à cette bra’ha… D’autant que certains de nos maîtres, comme l’Admour de Oztrovstza, ont clairement écrit que lorsque cette 12e fois arrivera, la venue du Machia’h sera imminente !


Savoir joindre avec harmonie
le particulier avec l’universel !

Evidemment, la forte densité de cet événement donnera à la célébration de Pessa’h 5769 un relief tout particulier.

On sait ainsi que le kidouch de Chabbat
mentionne à la fois le souvenir du Maassé Béréchit (la création du monde) et celui de « Yetsiat Mitsraïm 
» (la Sortie d’Égypte), le premier
renvoyant à l’universel et le second à la singularité d’Israël.
On voit donc que pour la Torah, être Juif ce n’est pas cesser d’être homme, mais au contraire c’est être capable de savoir joindre avec harmonie le particulier
avec l’universel !

L’émerveillement par le questionnement !

Or, c’est bien la Haggada de Pessa’h qui nous invite à ce processus d’émerveillement
par le questionnement en posant la fameuse question suivante, dès le début du récit de la soirée du Séder :
« Ma nichtana halaïla hazé – En quoi cette nuit diffère-t-elle des autres nuits ? » Et le Talmud précise bien que même un érudit qui connaît évidemment
la réponse et qui se retrouverait seul le soir de Pessa’h devrait se poser impérativement une telle question et y répondre pour lui-même !

C’est que cette tradition est une occasion
unique, pour chacun d’entre nous, de maintenir en éveil notre propre
curiosité. Et les « quatre fils » de la Haggada ne constituent qu’une sorte de prétexte pour parler tout aussi bien des adultes…

D’ailleurs en hébreu, la valeur numérique
d’Adam est 45, ce qui correspond à celle du mot « ma » (Quoi ?). Car savoir
assumer pleinement son « métier d’homme », c’est initier un questionnement
permanent.
Le génie du peuple juif tel qu’il s’est manifesté tout au long des siècles
jusqu’à aujourd’hui ne consiste-
t-il pas à savoir conserver cette âme d’enfant qui fait de nous des êtres en perpétuelle découverte ?

Pessa’h Casher véSaméa’h !

Grand rabbin Yossef ‘Haïm Sitruk


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