À notre époque où retentissent trop souvent les échos de l’effondrement de la cellule familiale, avec toutes les angoisses qu’ils
génèrent autour d’eux, il est d’autant plus intéressant de mettre l’accent sur l’intégrité du couple juif.
DANS SON commentaire Oznayim
Latorah, rav Zalman
Sorotzkin, zatsal, rapporte
qu’il entend souvent les jeunes
avancer que l’amour est la condition
essentielle au mariage. Ils rejettent
ainsi d’emblée le recours aux chadkhanim,
les entremetteurs qui tissent
la constitution du couple en vue
d’une union.
La Paracha Ki Tétsé débute en évoquant
la situation d’un soldat, qui,
dans le cadre militaire, s’est soudain
épris d’une prisonnière. Nos
Sages nous ont enseigné l’évolution
du désir qui débute par un regard.
Ensuite, le coeur se laisse entraîner
et convoite ce que l’oeil a perçu.
C’est le processus classique du yétser
hara, le mauvais penchant. Nous
l’évoquons à chaque fois que nous
récitons le troisième chapitre du
Chema : la vue de nos tsitsiyot nous
protège contre ces agressions de ce
penchant.
Notre paracha nous enseigne qu’un
sentiment, suggéré et développé par
le yétser hara, ne peut pas durer bien
longtemps et ne résistera pas, par
exemple, à la disparité des conjoints,
trop différents tant par leurs origines
que par leur caractère. Ainsi, on
peut constater que la fréquence des
divorces dans la société moderne est
en rapport direct avec la multiplication
des unions reposant sur le fameux
« coup de foudre », engendrant
la souffrance des maris et celle des
épouses. Soudain, la personne qui
fut tant convoitée s’avère être une
personne immonde et celui que l’on
avait pris pour l’être idéal devient
le pire ennemi. Ces conjoints découvrent
alors que leurs sentiments
les ont aveuglés puis poussés vers
un parti négatif qui n’avait aucune
chance d’aboutir.
Dans le cas de la « rencontre » du
soldat avec une prisonnière, le couple
qu’ils pourraient former n’a clairement
aucun avenir. Les conjoints
sont condamnés tôt ou tard à se haïr.
Leur amour partira rapidement en
fumée. Leurs yeux s’ouvriront alors,
soudain, la séparation deviendra
vite inéluctable. C’est pour cela que
la Torah prévient le soldat, dès le départ,
des interdictions qui accompagneront
leur séparation.
Il faut bien comprendre que la réussite
du mariage dépend de la résidence
de la Ché’hina, la présence
divine. Lorsque Hachem fait résider
Sa Ché’hina dans un couple, l’harmonie
s’installe dans leur maison.
Nos Sages expliquent que les mots
« ich » – mari – et « icha » – épouse,
comportent les lettres qui forment le
nom de Hachem, les lettres Youd et
Hé. Ainsi, lorsque la communication
entre époux est parfaite, cela attire
la Providence. Inversement, dans
une situation de conflit, ces deux lettres
viennent à manquer et les deux
noms, avec les lettres qui restent, le
« aleph » et le « chine », signifient : le
feu. Et leur foyer est en effet dévoré
par le feu de la discorde.
Conçu correctement, un chidoukh se
compose de plusieurs étapes.
1) Un chadkhan – ou une chadkhanit
– propose aux parents d’un jeune
homme et d’une jeune fille leur
union.
2) Les parents, des deux côtés, réfléchissent
à la proposition. Ils se renseignent
avec soin sur la personne
en question, son caractère, son environnement
familial, sa formation
scolaire, etc. Pour cela, on passe au
crible les éclaircissements fournis
par leurs maîtres, les voisins et leurs
amis.
3) Si les parents parviennent à une
conclusion positive, ils mettent au
courant leur enfant et attendent son
accord.
4) Lorsque des deux côtés tout se
présente favorablement, on prévoit
une rencontre entre les parents des
deux familles, et ensuite une rencontre
entre les jeunes. (Quelquefois,
on peut inverser l’ordre de ces rencontres,
et permettre aux jeunes de
se rencontrer avant même la rencontre
entre les parents.)
5) Il peut arriver que les
parents veuillent, à un certain
stade de leur réflexion,
se pourvoir du conseil et de
la Berakha d’un Tsadik.
6) Si les rencontres entre
les jeunes aboutissent à la
conclusion que le projet
leur plaît, cela conduira à
des fiançailles. Si le projet
déplaît à l’un des deux,
l’autre ne lui en tiendra pas
rigueur, car les rencontres
se déroulent toujours sans
engagement. Quelquefois,
le projet déplaît aux
deux !!! Il vaut mieux arriver
à cette conclusion à
cette étape.
Ce qui est important, c’est
que sur tout le parcours, on
s’entoure de conseils et de
renseignements fournis par des personnes
qui veulent le bien des deux
familles.
Dans ce système, adopté par notre
peuple à travers les siècles, l’affection
ne prend pas son départ « sur les
chapeaux de roues », pour s’effondrer
un peu plus loin. Elle se construit, au
contraire, peu à peu et se consolide
progressivement, au rythme souhaité
par les deux conjoints.
Le bonheur dans le couple tire sa
source de sa nouveauté. À l’époque
du mariage, aucune expérience ne l’a
précédé. L’intimité est authentique,
sympathique et pleine de franchise.
La maison d’un tel couple est idéale
pour abriter un bonheur parfait.
L’idée d’une infidélité ou d’une séparation
n’effleure personne. Les
enfants construiront leur bonheur
en s’inspirant à leur tour de ce qu’ils
auront vécu chez leurs chers parents.
Et ainsi de suite.
Rav Hayim Yaacov Schlammé
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