Dans les kibboutzim des années 50, le jour de Kippour était un jour comme
les autres. Aujourd’hui, une multitude de jeunes gens dont les grands parents
étaient autrefois hostiles à toute forme de pratique religieuse, se
réunissent là, à l’intérieur de belles synagogues flambant neuves. Preuve
irréfutable du réveil spirituel qui se produit au sein de la société israélienne
laïque.

Moshé Michaël Tsoren
Les automobilistes qui empruntent
la route menant aux
localités du Sharon, ont certainement
remarqué que sur le bord
de la route avoisinant les vieux
moshavim de Tel Mond, Hérout
ou Mishmeret, on peut apercevoir
un mikvé. Mais la particularité de
ce mikvé est qu’il se trouve non
pas au coeur du mochav mais « de
l’autre côté de la barrière ».

Comment expliquer un tel phénomène? Il faut pour cela bien
connaître l’histoire des localités
du coeur du Hasharon et remonter
plusieurs générations en arrière,
à l’époque où seules quelques familles
religieuses vivaient dans
cette région. Ces résidents avaient
émis le souhait naturel de se doter
d’un mikvé. Mais la population
laïque, largement majoritaire, s’y
était farouchement opposée. Une
opposition qui n’était pas guidée
par une haine viscérale de la religion
mais par l’ignorance la plus
parfaite qu’avaient ces Israéliens
de la Hala’ha et de la tradition
juive.

L’idée même de construire un
mikvé souleva, alors, les passions :
des manifestations de masse furent
organisées dans les mochavim. De
telle sorte que les habitants religieux
n’eurent d’autre choix que
de construire le mikvé à l’extérieur.
Et il n’a pas changé de place
jusqu’à aujourd’hui…

Un net rapprochement

Israël Ben ‘Haïm, l’un des fondateurs
de Hérout se souvient de ces
manifestations mais promet que
lui-même ne s’est jamais opposé à ce qui touchait à la religion. Il
n’empêche que des documents
prouvent que les membres avaient
pour habitude de se réunir, précisément
le jour de Kippour, non
pas pour prier ou pour faire leur
examen de conscience, mais pour
régler les affaires administratives
courantes ou pour présenter les
rapports financiers, comme si cette
journée devait résolument ressembler
aux autres. Les réunions des
membres du mochav se tenaient
justement le jour de Kippour. Sur
les cartons d’invitations retrouvés,
il était précisé que la réunion
se terminerait par… des chansons
d’Eretz Israël.

Les quelques anciens de Hérout qui
désiraient malgré tout prier durant
les Yamim Noraïm étaient relégués
à l’intérieur d’une petite cabane
exiguë au fin fond du mochav !

Le seul souvenir de cette époque
révolue, fait aujourd’hui sourire
de nombreux habitants de ces mochavim
: « Qui aurait cru ? » affirme
tout ému l’un d’eux. Imaginez
la réaction de nos ancêtres laïcs si
soudain, ressuscités, ils tombaient
nez à nez avec les 70 membres
de Hérout, jeunes et moins jeunes,
tout de blanc vêtus, qui se
sont rassemblés, à l’issue de Kipppour,
sur la place du mochav pour
danser et chanter leur joie d’avoir
été lavés de toutes leurs fautes ! :
« C’était tellement émouvant que
j’ai pleuré comme un enfant, confie
le rav Acher Zemel, rabbin du
conseil régional du Sharon depuis
des décennies. C’est effectivement
incroyable de voir un mochav traditionnellement laïc et très aisé
comme Hérout, demander qu’on lui
envoie le meilleur des Chaliah tsibour en prévision des Yamim Noraïm ! L’année dernière, précise-t-il,
le secrétaire du mochav a justifié
sa demande par ces mots : ‘Nous
avons besoin du meilleur avocat
en-haut !’ »

La synagogue, que l’on avait refusé
de construire 70 ans auparavant,
était pleine à craquer, y compris
la ezrat nachim, qui comptait une
cinquantaine de dames coiffées de
foulards blancs. Après la prière de
« Kol Nidré », le rav Zemel a tenu
un discours d’une quarantaine de
minutes, entrecoupé par les pleurs
déchirants de certains « non-religieux
patents ».
Enfin, peu pressés de rentrer chez
eux après la fin de la prière, les fidèles
sont encore restés à la synaggogue,
deux heures durant, pour
étudier les commentaires du traité
de Yoma.

Cette année, juste avant les fêtes,
les conférences de « Ara’him » sur
l’importance et la signification
de la prière ont attiré près de 150
personnes dans la synagogue du
mochav Ein Vered voisin de Hérout
: « En fait, nous ne savions
pas comment cette initiative serait
accueillie, raconte un des militants
d’Ara’him. Nous avancions à tâtons, incapables de prévoir le nombre de participants ». Et la réalité a
dépassé tous les espoirs : « Vouloir
parler de l’importance de la prière
dans un mochav résolument laïc
peut apparaître complètement fou,
mais parvenir à attirer les foules
relève assurément du miracle. Nous
avons été exaucés.»

Durant l’une des conférences, un
officier haut gradé de Tsahal se
tenait là, écoutant les propos du
rav avec une attention toute particulière.
On reconnut bien vite le
colonel Itzhak Reicher, petit-fils
du rav Moché Smet, un des fondateurs
de Ein Vered. Le rav Smet
faisait partie de ceux qui s’étaient
battus 80 ans auparavant contre
les membres du Mapaï afin de pouvoir
construire cette synagogue.
Pour les fondateurs du mochav,
la construction d’une synagogue
représentait une « aberration » et
allait à l’encontre de leur idéologie.
Forçant le destin, rav Moché Smet
avait alors mobilisé des ouvriers
qui posèrent les fondations de la
nouvelle synagogue. Mis devant
le fait accompli, les pionniers, furieux,
entreprirent de détruire ce
qui avait été construit pendant la
nuit. L’épreuve de force s’engagea,
qui perdura jusqu’à ce que finallement,
rav Smet trouve les mots
convaincants. La synagogue vit le
jour ; c’était il y a 78 ans.

Désormais, contre toute attente, les
membres des mochavim Ein Vered
et Hérout emplissent les synagogues
durant les fêtes de Tichri et,
pour rien au monde ils ne manqueraient
ce rendez-vous spirituel.

La voix de la Torah
jusque sur les rives
de la mer Morte

Le kibboutz laïc Kalia, campé au
bord de la mer Morte, est le plus
ancien de la région. Il compte
aujourd’hui près de 180 habitants
dont plusieurs célibataires, et abrite
un village de vacances, le site
touristique à Qumran, ainsi que
des terrains agricoles fertiles, un
champ de dattes, un poulailler et
une écurie.

Le rav Chlomo Landau, rabbin
de la municipalité régionale Meguilot,
explique que désormais
le kibboutz possède un minyian
régulier, fonctionnant non seulement
durant les fêtes, mais aussi,
le Chabbat. Quant à la cuisine du
kibboutz, elle est à présent sous la
stricte surveillance quotidienne
du rav David Steinberg. Ce cheminement,
qui tend vers les valeurs
du judaïsme, a de quoi surprendre
quand on se rappelle le degré
de religiosité initial du kibboutz
Kalia.

Le kibboutz Ein Guedi est remarquable
aussi en ce sens : la presque
totalité de ses membres suit désormais
l’office de Kippour, organisé
par d’anciens fondateurs du kibboutz,
originaires de pays orientaux,
un retour aux sources également
visible à Mitspé Chalem, petit
kibboutz de qualité, situé entre
Kalia et Ein Guedi.

Les kibboutzim de Galilée
théâtre d’un retour
aux sources

Dans les localités proches du mont
Hermon, une autorisation spéciale
a été délivrée pour permettre le
transfert de chaises du Beit Aam
(le centre communautaire) vers
la synagogue régionale. Si ce fait
mérite d’être relevé c’est que le règlement
des localités stipule qu’il
est formellement interdit de déplacer
des chaises du Beit Aam. Et là
encore, c’est l’afflux de membres
des kibboutzim et mochavim de
la Haute Galilée pour les offices de
Tichri qui a permis cette entrave
à la loi : « Il y avait tant de monde
pour ces fêtes, s’exclame le rabbin
régional, rav Israël Rochesky, que
nous avons dû improviser d’urgence des places au dehors »… Le
rav Rochesky explique que désormais
chaque yichouv dispose
aujourd’hui d’une synagogue et de
sifré-Torah casher.

À Beit Hillel, un autre yichouv
de la région, deux systèmes d’air
conditionné ont été installés dans
la synagogue, récemment réaménnagée,
afin de pallier le manque de
place.

Au mochav Chaar Yachouv, les
membres fréquentent la synagogue
depuis plusieurs années et ils
sont encore plus assidus depuis la
catastrophe des hélicoptères qui
s’est produite sur ses terres et qui
a coûté la vie à des dizaines de
soldats.

Le mochav Carcoum, qui surplombe
le Kinneret, n’est pas en
reste non plus. Ce yichouv, nommé
ainsi d’après l’épice odorante,
le curcuma, qui pousse entre les
rochers, abrite à ce jour, près de
200 familles, heureuses d’avoir
pu échapper ainsi aux tracas de
la société urbaine. Certes, il y a
quelques années, une polémique
a vu le jour autour de la nécessité
de construire un mikvé, mais c’est
déjà de l’histoire ancienne, puisque
le mikvé a été inauguré, il y a six
mois et que le jour même, les membbres
du yichouv ont posé la première
pierre de leur synagogue…
Cette soif de spiritualité juive touche
également les localités de la
Galilée occidentale, comme le kibboutz
‘Hanita, sur la route du Nord,
ou les kibboutzim situés plus à l’est
comme Leiman et Betset, Ben Ami
et Kalil.

Le rabbin de la région, le rav
Chmouel Ben Eliyahou raconte
qu’il a été assailli, une semaine
avant Roch Hachana, par les demmandes
de membres de ces kibboutzim
frontaliers qui souhaitaient
organiser un mynian pour
Roch Hachana et Kippour : « C’est
grâce à des dizaines d’élèves de
yéchivot venus spécialement en
renfort dans ces localités que ces
offices ont pu se tenir », explique
le rav Ben Eliyahou. Mais leur rôle
ne se limite pas à la prière, précise-
t-il encore : ces jeunes gens
sont également sollicités pour des
conversations et des cours. À cette
période de l’année, ces conférences ont un effet bénéfique et un
impact non négligeable sur les
mentalités. »

Ce réveil spirituel dans les kibboutzim
coïncide avec le désenchantement
des habitants face à
des idéaux périmés. Cette prise de
conscience, rendue plus aiguë par
la privatisation des kibboutzim,
laisse dans le coeur de ces hommes
et femmes, un profond sentiment
de vide, désolation qui ne demande
qu’à être comblé.

Le rapport entre Chavouot
et les kibboutzim

L’un des correspondants d’Hamodia raconte avoir rendu visite, il y
a de nombreuses années, à un proche,
résident dans la vallée de Beit
Chean, à l’approche de Chavouot. À
sa grande surprise, il a pu constatter
qu’une véritable euphorie liée
aux préparatifs de la fête régnait
dans ce kibboutz laïc exactement
comme dans les milieux orthodoxes
: la même agitation, le même
affairement. Partout, de grandes
affiches avaient été placardées
pour inviter les membres à particciper
aux festivités. Mais contrairement
à la mise en exergue du
Matane Torah, du don de la Torah,
ces kibboutzim insistaient bien
évidemment sur l’aspect champêtre
de cette fête ! Aujourd’hui, même
cette orientation a été révisée et de nombreux kibboutzim consacrent une partie de la nuit de Chavouot a
une veillée d’études et de réflexion
sur les enseignements puisés dans
la Torah ou dans d’autres textes.
Et cet engouement pour l’étude se
retrouve également, durant cette
nuit de Chavouot dans de nombreuses villes d’Israël, y compris
dans le bastion du laïcisme qu’est
Tel-Aviv.

Une expérience
traumatisante

Les changements intervenus dans
le monde kibboutzique ne s’arrêtent pas à la quête de spiritualité
de bon nombre de ses membres
telle qu’elle est constatée en particulier durant les fêtes de Tichri.
Les kibboutzim ont modifié leur
style de vie : ils ont abandonné
le système controversé des « maisons pour enfants » qui brisaient,
de facto, la cellule familiale.

Dans ce contexte, il convient
de mentionner la plainte de
Na’hchon Goltz, membre du kibboutz Rohama qui a fortement
ébranlé le mouvement des kibboutzim. Goltz a intenté une action en justice contre la « maison des enfants », qui se trouvait
alors dans chaque kibboutz et qui
abritait les enfants des membres.
Goltz a demandé des dommages
et intérêts, ou selon ces termes,
« un dédommagement pour cette
expérience psychologique pratiquée sur des êtres humains, sans
leur consentement ».

Cette lettre a eu l’effet d’une bombe. Comment donc un kibboutznik
pouvait-il ainsi porter atteinte à
la sacro-sainte institution qu’était
l’internat des enfants dans les
kibboutzim. Comment pouvait-il
oser parler d’expérimentation sur
des hommes ?

Goltz sait pertinemment que son
action est un crime de lèse-majesté, mais il refuse de se taire et
décrit la vie dans la maison des
enfants comme traumatisante :
« J’ai l’air d’un homme normal,
écrit-il, sain d’esprit, mais je ne le
suis pas. Je suis infirme de l’intérieur. Je ne sais pas ce qu’est une
maison. Je n’ai ni père ni mère.
Je ne sais pas ce que sont des frères et des soeurs. Je n’ai aucune
notion de ce qu’est une famille.
C’est ainsi que l’on m’a élevé. C’est
ainsi que j’ai grandi. J’ai été victime d’une expérimentation, et
l’on m’a déformé depuis la racine.
Et pas seulement moi, mais tous
les enfants qui ont grandi dans
les kibboutzim, et ils se comptent
par milliers… On a fait des expériences sur moi, comme sur un
rat de laboratoire. Au kibboutz
Rohama où j’ai vécu, on ne disait
pas ‘papa’ et ‘maman’. On appelait nos parents par leur prénom.
Ceci est très révélateur. Je ne me
trouvais avec mes parents que 2
ou 3 heures par jour, nuits comprises. C’était ce que l’on appelait
des « heures de qualité ». Dans
les textes du mouvement des kibboutzim, ces heures étaient censées être des heures de réunion,
d’amour porté à l’enfant. Mais les
parents revenaient fatigués d’une
dure journée de travail. Ils avaient
leurs propres soucis. Ces moments
sont devenus une fade routine,
vide de sens. J’ai grandi avec une
profonde sensation de manque
de parents. Le sentiment d’être
orphelin. »

La lettre de Goltz émeut par sa
franchise : « Mes parents ne
m’ont pas nourri. Ils ne m’ont
pas élevé. Ils ne se sont pas levés
la nuit quand j’étais un bébé de
quelques semaines. Ils ne s’asseyaient pas à côté de moi quand
j’avais fait un cauchemar. Ils ne
m’entendaient pas quand je pleurais. Plus grand, ils me laissaient
seul la nuit. Aujourd’hui, quand
des parents laissent leurs enfants seuls au même âge, c’est un
crime. C’est ce que faisaient nos
parents. Ils nous ont abandonnés.
À nos peurs, à nos rêves, à notre
solitude. »

« Il y a quelques années, explique
Goltz, j’ai demandé à mes parents : comment n’avez-vous pas
pensé aux conséquences ? Comment ne vous êtes-vous pas demandés ce qui allait advenir de
vos enfants ? Ils n’avaient pas de
réponse. Ils n’y avaient pas pensé,
tout simplement. »

Aujourd’hui, cet ancien kibboutznik accuse ses parents d’avoir façonné son identité et d’avoir fait
de lui un être de nulle part, totalement déconnecté d’une cellule
familiale : « J’ai vécu, tel un sans abri,
déplore-t-il. La maison, c’est
la source, les racines. Moi, je n’ai
jamais eu de foyer ; aussi loin que
je me souvienne, je ne connaissais
pas le sens du mot ‘maison’. Lorsque j’allais, enfant, quelques heures dans la demeure des parents,
le terme employé était ‘on va à la
chambre’. Durant toutes mes années d’enfance et d’adolescence,
j’ai erré entre la chambre des enfants et la maison des enfants. J’ai
entendu des histoires semblables
dans les autres kibboutzim. Je me
demande quel impact cela a eu
sur nous… Tant de cruauté et de
méchanceté. Et je parle des années
1970-1980, non pas du début du
siècle ! »

Bien sûr, en portant plainte, Goltz
savait qu’il s’attirerait les foudres
du mouvement kibboutzique et
que peu de membres de son âge
le soutiendraient. Mais il n’a pas
hésité : « La seule différence entre
nous, dit-il, c’est que moi, je dis la
vérité. Je ne décris pas mon histoire personnelle ; il s’agit de notre histoire à tous. Nous avons été élevés dans une réalité fictive. ‘Un
nouvel homme’ dans un ‘nouveau
monde’. On nous a trompés. »

Alors, peut-être que la quête identitaire que l’on ressent aujourd’hui
au sein des kibboutzim est le résultat de certaines carences profondes en matière d’éducation et
d’enseignement de valeurs.

Comme si un besoin inassouvi
forçait ces membres du kibboutz
à abandonner la voie tracée
par leurs parents pour s’engager sur celle de la spiritualité,
des valeurs historiques de notre
peuple ?!

Le virage à 180 degrés
des kibboutzim

Dans les localités de Haute-Galilée, de Galilée occidentale, mais
aussi de Basse-Galilée, la prière
réunit désormais jeunes et moins
jeunes, poussés par un irrésistible élan d’unité et de spiritualité.
Ainsi, si vous cherchez un minyan, peu après le grand carrefour de Golani, vous tomberez
après quelques minutes de voiture face à l’une des plus belles
et plus grandes synagogues du
pays, qui se dresse fièrement au
beau milieu d’un yichouv qui se
définit pourtant comme laïc. Tous
les vendredis soirs, la synagogue
se remplit de jeunes qui a priori
n’ont aucun lien avec la religion.
Pourtant, à l’entrée du chabbat,
les centaines de sièges sont pris
d’assaut et ils écoutent attentivement le rabbin de la région, le
rav Yossef ‘Haïm Rosenblatt leur
parler de commandements divins
et de la valeur inestimable du
Chabbat.

Entre Roch Hachana et Kippour,
les membres des yichouvim des
alentours affluent vers cette synagogue : « Si ces gens résidaient
en ville, fait remarquer le rav Rosenblatt, ils ne fréquenteraient
pas forcément la synagogue. Mais
habiter dans un endroit calme, tel
que celui-ci, favorise l’attirance
vers le spirituel ». Et le voici nommant les localités qui connaissent un retour vers la religion.
« Le mochav Arbel, par exemple,
a un minyan, non seulement à
Kippour et le Chabbat, mais aussi
les jours de semaine. Idem pour le
village ‘Hitin adjacent, où exerce
le rav Herzl, et la petite implantation Mitzpé, qui a récemment
célébré son centenaire, où les familles sont venues écouter le chofar, rassemblées dans une grande
caravane ». Tous ces kibboutzim
qui autrefois ne voulaient pas entendre parler de érouv, ou de cachérisation des cuisines, ni même
d’enterrements juifs, ont opéré
un virage à 180 degrés. Presque
tous les enterrements sont à présent dirigés par un rabbin qui fait
la Hachkava ; les membres de la
famille récitent le kaddich, et les
Psaumes remplacent les chants
de deuil d’antan. En outre, de
plus en plus de couples issus des
kibboutzim demandent à un rabbin de les marier. Régulièrement,
des rabbins sont sollicités pour la
pose de mézouzot, pour dispenser des cours, ou parler à la jeunesse. La reconnaissance de ces
kibboutzim est grande. Dernièrement, le secrétaire du kibboutz
Kfar Guiladi, phare de la laïcité
a remercié, dans une lettre, ce
rabbin qu’il considère désormais
comme un bienfaiteur : « Puisse
Dieu vous donner la force physique et morale pour nous enseigner, des années durant, la Torah
et la sagesse », concluait-il.

Enfin, pour clore cette série de
témoignages, un rabbin en activité dans le nord, a rapporté
cette histoire : « L’année dernière,
dit-il, je priais dans un des kibboutzim réputé pour sa laïcité à outrance. La grande salle qui
servait de synagogue était bondée. Au beau milieu de la prière
de Moussaf, j’entends soudain
un cri déchirant, provenant du
fond de la salle. Surpris par ce
cri et par l’agitation soudaine, je
me retourne pour comprendre ce
qui se passe et aperçois, adossé à un mur, un jeune homme d’une
vingtaine d’années, un ma’hzor à
la main, les jambes tremblantes,
prononçant des mots incompréhensibles. À un moment donné, il
a même explosé en pleurs, et cela
a perduré pendant toute la prière
de Moussaf. Comme ses cris s’amplifiaient, des gens ont commencé à le faire taire. Intervenant, j’ai
demandé à ce qu’on ne l’interrompe pas. Je m’étais souvenu en
effet, de cette fameuse histoire de
l’époque du Baal chem Tov : un
simple villageois illettré, venu
prier pour Kippour, se trouva bien
incapable de déchiffrer les mots
du ma’hzor qu’il tenait entre les
mains. Ne sachant comment participer à la prière, il entonna une
série de « cocorico » tonitruants.
Les gens autour de lui essayèrent
bien de le faire taire, mais le Becht
le leur interdit en expliquant que
ce simple villageois priait ainsi
de tout son coeur. Cette prière,
ajouta-t-il, est reçue dans le ciel,
car elle est pure et innocente ; elle
provient du plus profond du coeur
d’un Juif. »

Il était important de savoir qu’une
telle prière retentit désormais de
plus en plus fréquemment dans
les bastions du judaïsme laïc en
Israël que sont les kibboutzim et
les mochavim…
Moshé Michaël Tsoren

Avec l’accord exceptionnel d’Hamodia-Edition Française

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