Bien que les juifs ne constituent que 2% de l’électorat américain, dans certains Etats, à savoir ceux dont le vote change au gré des élections, leur vote pourrait être décisif.
Pour comprendre les enjeux, il faut en revenir au système électoral américain. Contrairement à ce qui se passe en France par exemple, le scrutin présidentiel est indirect : dans chaque Etat, les votants désignent des grands électeurs qui, eux, élisent le président des Etats-Unis. Or, si un nombre d’Etats sont acquis d’avance à l’un ou l’autre parti, d’autres « balancent » au fil des élections : ce sont les « swing states » dont certains, vu leur nombre de grands électeurs sont plus importants que d’autres. C’est notamment le cas de la Floride.
Que viennent faire les électeurs juifs dans tout cela ? Tout d’abord, il est à souligner que leur participation aux scrutins est nettement plus importante que la moyenne nationale (+20%). Par ailleurs, un million d’entre eux vivent dans les Etats où les résultats ne sont pas acquis d’avance : le Colorado, la Floride, l’Iowa, le Michigan, la New Hampshire, la Caroline du Nord, l’Ohio, la Pennsylvanie, la Virginie et le Wisconsin.
C’est pourquoi, pour juger de l’importance de ce vote juif, une équipe de chercheurs du « Steinhardt Social Research Institute » de l’Université de Brandeis ont réalisé une enquête très détaillée sur le sujet. Il en ressort que si la préférence marquée pour le parti démocrate reste une constante chez les juifs américains, un tiers de ces derniers ne s’identifient ni à ce dernier ni à son rival républicain. Une statistique qui vaut aussi pour les « swing states » sauf pour la Pennsylvanie (25% d’indécis juifs) et le New Hampshire (47%°).
Or si dans une partie de ces Etats charnières, comme on les nomme en français, le vote juif ne peut pas faire la différence (en raison de sa faible importance), dans d’autres, et non des moindres, les choses sont différentes. Ce, d’autant plus que certains « counties » (comtés) de ces mêmes Etats, dénommés eux aussi par les spécialistes « swing counties », ont une forte population juive. C’est, par exemple, le cas du Comté Hamilton en Ohio (où se trouve la ville de Cincinnati) où vivent plus de 25 000 juifs en âge de voter dont 9 000 ne s’identifient avec aucun des deux partis.
En Pennsylvanie, 6% des électeurs sont juifs (dont un quart non affilié) dans deux comtés-clé au nord de Philadelphie. Quant à la Floride où le Président Obama a obtenu une victoire très serrée en 2012, à Palm Beach, identifié comme « swing county » dans des sondages préliminaires, 15% de la population adulte est juive. Tout cela représente, donc, des votes cruciaux pour l’élection de la semaine prochaine.
Catherine Garson pour Actualité Juive