"Quand tu sortiras pour la guerre contre tes ennemis, Hachem, ton Dieu, le livrera en ta main. (21, 10)

Pourquoi le verset ne dit-il pas simplement : « quand tu combattras tes ennemis ? », plutôt que : « quand tu sortiras pour la guerre » ?
Pour de nombreux commentateurs, fait remarquer le Kethav Sofèr, la Tora envisage ici la guerre que l’on doit mener contre son penchant au mal, au sujet duquel nos Sages ont affirmé (Souka 52b) : « l’inclination de l’homme se dresse constamment contre lui, et si Hachem ne l’aidait pas, il ne pourrait la maîtriser.

»
L’individu ne peut pas mener seul le combat contre son yétsèr ha-ra’ (« penchant au mal ») ; sans l’aide du Ciel, il n’est pas apte à le subjuguer. Mais il doit au moins « sortir pour la guerre », faire tout ce qui est en son pouvoir pour assumer cet affrontement. C’est alors seulement que Hachem lui apporte Son aide.
Voilà pourquoi le verset commence par : « Quand tu sortiras pour la guerre » – si tu accomplis ce qui t’incombe – et se termine par : « … Hachem, ton Dieu, le livrera en ta main. »\r\n
Le ‘Hafets ‘Hayim ajoute que si nous montrons notre volonté de mener ce combat, la Tora nous promet : wechavita chivyo – « tu captureras sa captivité » ; ce que t’aura pris ton penchant au mal, tu le lui reprendras. En d’autres termes, lorsque tu engageras le combat et que tu y déploieras tous les efforts requis, Hachem te donnera la victoire, et les péchés que le yétsèr hara’ t’aura incité à commettre seront transformés en des sources de mérite.

Quand tu sortiras pour la guerre contre tes ennemis, Hachem, ton Dieu, le livrera en ta main. (21, 10)

Le verset débute par « tes ennemis », au pluriel, et se poursuit par « le livrera », au singulier, fait remarquer Rav Morkekhaï Gifter. Comme nous le savons, nos Sages voient dans ce paragraphe la description de la guerre menée par l’être humain contre son yétsèr hara’. Or, ce dernier emploie plusieurs apparences dans le combat contre l’homme. Selon un enseignement talmudique, il porte sept noms (Souka 52a) ; autrement dit, il emploie sept méthodes pour tenter de nous détruire. Dans ses efforts pour nous empêcher de suivre le chemin de Hachem, il recourt à maintes supercheries.
En combattant notre penchant, on a l’impression d’affronter des ennemis innombrables, car même si l’on réussit à maîtriser une pulsion, il en apparaît aussitôt une autre qui réclame notre attention. Mais une fois notre victoire remportée, on s’aperçoit que l’on avait un seul adversaire. C’est ainsi qu’on part en guerre contre « des ennemis », mais qu’il « est livré » finalement en nos mains par Hachem.

Si un homme a deux femmes, l’une aimée et l’autre haïe […] et que le fils premier-né soit de celle qui est haïe. (21, 15)

Ce verset a suscité de nombreuses questions de la part des commentateurs. Il indique que chacune des deux épouses a un fils : « … et elles lui ont enfanté des fils, l’aimée et la haïe » – et l’ordre dans lequel elles sont mentionnées semble suggérer que c’est la femme aimée qui a enfanté en premier. Pourtant, il est ensuite précisé : « et que le fils premier-né soit de celle qui est haïe », impliquant que c’est elle qui a d’abord accouché. Puis vient l’interdiction faite au père de favoriser financièrement le fils que lui a donné l’épouse préférée en le proclamant « premier-né ». Pourquoi serait-il tenté de le faire, dès lors que le premier-né était l’enfant de la femme haïe ? Enfin, comment la Tora définit-elle une épouse « haïe » ?
En réalité, explique le Qol Eliyahou au nom du Gaon de Vilna, l’Ecriture envisage ici la situation suivante : Un homme a épousé une femme dont il a ensuite divorcé, d’où son appellation de « femme haïe ». Aussitôt après son divorce, il a pris comme épouse la « femme aimée » dont parle la Tora. Celle-ci, sept mois plus tard, a donné naissance à un fils prématuré, et peu de temps après, la femme divorcée a accouché à son tour d’un enfant né à terme.
Se pose alors la question de savoir lequel des deux enfants est à considérer comme « premier-né » par rapport à son père. Si l’on se réfère à la date de la conception, cette qualité appartient au fils de la « femme haïe », mais si l’on envisage celle de la naissance, ce titre revient à celui de la « femme aimée ».
Dans une telle situation, le père serait tenté de préférer « reconnaître » comme premier-né le fils de l’épouse « aimée » et non celui de la « haïe ». Aussi la Tora stipule-t-elle qu’il n’en a pas le droit. C’est au fils de la « femme haïe » – à celui qui a été conçu en premier –, que revient le droit d’aînesse.
Dans son commentaire ‘Emeq Davar sur la Tora, le Netsiv écrit qu’il ne prête absolument pas foi à cette explication prétendument « entendue au nom du Gaon ». Il est inconcevable que ce grand Maître ait proposé cette thèse, ajoute-t-il, puisqu’on ne se fonde jamais, pour définir lequel de deux enfants est le premier-né, sur la date de sa conception, mais toujours sur celle de sa naissance !"