Les dirigeants israéliens ont exprimé leur inquiétude, dimanche, après la victoire des islamistes lors des élections en Égypte, nouvelle preuve à leurs yeux que le Printemps arabe est lourd de menaces pour Israël et la région. "Nous sommes inquiets, j'espère que la démocratie l'emportera en Égypte et que ce pays ne deviendra pas un État islamiste extrémiste, car cela mettrait en danger toute la région", a affirmé le ministre des Finances Youval Steinitz à la radio publique.


Les résultats du premier tour des législatives égyptiennes font apparaître les islamistes comme les grands vainqueurs, crédités de 65 % des voix, avec en tête les Frères musulmans tandis que les fondamentalistes salafistes ont réalisé une percée inattendue. Et c'est sans surprise que le mouvement islamiste palestinien Hamas, au pouvoir à Gaza et issu des Frères musulmans, s'est réjoui du bon score de ses alliés égyptiens, qu'il escomptait. "C'est un très bon résultat (…), cela signifie un soutien de plus en plus important aux questions palestiniennes", a déclaré à l'Agence France-Presse un porte-parole du Hamas, Fawzi Barhoum.

"Hostilité"

Les médias israéliens, en revanche, ne cachaient pas leurs craintes. "C'est encore pire que prévu", a reconnu un responsable d'une agence de sécurité cité par le quotidien Yediot Aharonot. "Ce qui était un danger est devenu une menace", a commenté le journal. "La prudence qu'Israël a toujours prêchée à propos du Printemps arabe est plus que jamais de rigueur", a expliqué à l'Agence France-Presse un responsable gouvernemental israélien.

"Ceux qui attribuent notre isolement à l'absence de négociations avec les Palestiniens manquent de perspicacité", a ajouté ce responsable, parlant sous le couvert de l'anonymat, en réponse aux critiques du secrétaire américain à la Défense Leon Panetta. Le chef du Pentagone a estimé, vendredi, qu'Israël devrait "faire des efforts pour arriver à faire la paix avec les Palestiniens". Interrogé sur ce que ce pays devait concrètement faire, il a répondu : "Amenez-les à cette fichue table, c'est tout ! Le problème, à l'heure actuelle, est qu'on ne peut pas les amener à cette fichue table." "Même s'il y avait des négociations avec les Palestiniens, cela ne modifierait en rien l'hostilité et la haine des islamistes et autres salafistes envers nous", a rétorqué l'officiel israélien.

Traité crucial

Cependant, l'ambassadeur sortant d'Israël en Égypte, Yitzhak Levanon, qui a quitté ses fonctions le mois dernier, s'est voulu rassurant. Il a exclu "dans les prochains mois" une annulation du traité de paix historique de 1979, crucial aux yeux d'Israël. Pour les dirigeants israéliens, la sauvegarde de cet accord de paix, le premier signé entre Israël et un pays arabe, sert les intérêts des deux pays voisins et des États-Unis. "Nous espérons que tout gouvernement qui sera formé en Égypte reconnaîtra l'importance de maintenir le traité de paix avec Israël, à la fois pour sa propre valeur et comme fondation de la stabilité sécuritaire et financière de la région", a expliqué le Premier ministre Benyamin Netanyahou dans un communiqué.

"Je crois que les Égyptiens ont assez de raisons de ne pas aller dans ce sens (de la remise en cause du traité, NDLR)", a estimé de son côté le président Shimon Peres, dans un entretien dimanche avec la radio française RFI. "Jusqu'à présent, les Frères musulmans n'ont jamais dirigé un grand pays. Diriger est une tâche difficile. Et diriger sans avoir de programme est encore plus compliqué. Donc, je ne veux pas tirer de conclusions hâtives. Je reconnais que cela crée des problèmes. Mais encore une fois, il nous faut attendre les conclusions", a-t-il dit. Source : Le Point.fr