Le Rav Haïm Amsellem est député à la Knesset du parti orthodoxe Shass. Originaire du Maroc, le Rav Amsellem qui est également francophone s’est souvent distingué par des prises de position peu « orthodoxes » dans le milieu ultra-orthodoxe… ce qui lui a valu dans le passé d’être remis au place par ses collègues du parti.

 Il y a quelques mois, des rumeurs dans la presse parlaient de l’éventuel remplacement du Rav Amsellem à la Knesset par un nouveau venu au sein du parti Shass

Notamment sur la question des conversions au judaïsme,  le Rav Amsellem a exposé dans un livre son approche d’en faciliter le processus autant que se peut tout en restant strictement dans le cadre de la Halakha.

Mardi 9 novembre, dans les colonnes de Kikar Hashabbat, un site internet d’information haredi, le Rav Amsellem s’est exprimé cette fois-ci sur les allocations versées à des étudiants mariés dans des institutions yeshivatiques par les caisses de l’Etat, question qui défraye la chronique ces jours-ci.


Là encore, le Rav Amsellem s’est singularisé par une prise de position qui peut lui attirer le courroux de beaucoup dans son milieu, de surcroit sur un point de controverse exacerbée entre laïcs et religieux en Israël.

 Le Rav Amsellem affirme que cette forme d’institutionnalisation des cadres d’études où des jeunes hommes par milliers ne font qu’étudier , est très récente dans l’histoire juive.

Elle n’a qu’un siècle et demi d’ancienneté au maximum et lorsqu’elle s’est développée avant la Création de l’Etat juif, cela était encore très marginal et uniquement dans certaines communautés juives d’Europe centrale et orientale, très peu en Europe occidentale. Il ajoute que cette forme institutionnalisée était inconnue au sein du judaïsme d’Afrique du Nord et des pays du Bassin méditerranéen.

Tout au long des générations, depuis l’Age d’or en Espagne puis en Afrique du Nord, dans les Balkans et au Moyen-Orient, les grandes figures rabbiniques et sages échelonnaient l’étude et la pratique d’un métier pour leur subsistance afin de ne pas constituer un fardeau sur le public. Il y a eu de très rares cas de personnalités particulièrement vertueuses qui étaient soutenues financièrement par d’autres.

Cela se faisait à titre privé et volontaire. Leurs proches ou amis conscients de l’envergure exceptionnelle par les vertus et la Kedousha (sainteté) d’un des leurs prenaient sur eux de subvenir à ses besoins.

Ces personnages exceptionnels faisaient l’objet de grande admiration et de nombreuses histoires estraordinaires leurs sont attribuées, comme le Rav Yaacov Abihsera du Maroc (le Abir Yaacov) ou le Baal Shem Tov d’Ukraine.

Faisant un tour d’horizon socio-historique, le Rav Amsellem explique que de facto, l’étude de la Torah n’était pas, à proprement parler, institutionnalisée dans les communautés juives de la sphère sépharade. En général, le soutien de l’étudiant la Torah par la personne le soutenant se faisait à titre privé.


Le Rav Amsellem rappelle que la forme d’institution des « kollelim »  n’a pratiquement pas de tradition ancienne. Le terme « kollel » était d’ailleurs inconnu jusqu’à il y a peu. Il ajoute même que dans les pays d’Europe, cela était très marginal et qu’une yeshiva  comptant 30 étudiants, c’était déjà beaucoup.

Aujourd’hui, le Rav Amsellem en conclut que ce phénomène n’a aucun précédent dans l’histoire du peuple juif, à savoir que systématiquement et sans faire de sélection au préalable, des dizaines de milliers d’hommes mariés ne font que vivre d’études toraniques 

Toutefois pour devenir rabbin, juge rabbinique et enseignant de haut niveau, le Rav Amsellem précise qu’il est indispensable de s’adonner à l’étude de façon très assidue et intense et ceci pendant de nombreuses années. Par conséquent, le cadre le plus indiqué pour cela est effectivement le Kollel . Il est donc indispensable pour assurer la formation de ces savants de la Torah que l’Etat prenne sur lui le financement mais uniquement pour les élèves susceptibles d’atteindre un tel niveau et non de façon automatique comme jusqu’à présent.

Pour les autres étudiants de la Torah, le Rav Amsellem estime qu’il faut envisager d’autres cadres d’études et que le public israélien serait prêt à y participer.

Meir Ben-Hayoun
 
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