Samedi dernier, 10 avril 2010, a eu lieu à Mulhouse un événement qui aurait pu tourner à la catastrophe : La partie supérieure de la synagogue a pris feu, et l’incendie s’y est propagé jusque sur le toit, occasionnant d’importants dégâts.
Fort heureusement, l’office du Chabbath matin se tenait ce jour-là dans une salle communautaire adjacente, de sorte qu’il n’y a pas eu de victimes, et que la présence des fidèles a permis de sauver les Sifrei Tora et d’autres objets précieux qui se trouvaient dans l’édifice.
Selon les premières données de l’enquête en cours, le sinistre ne serait pas dû à un acte de malveillance, mais à un court-circuit dans la soufflerie de l’orgue.
Ah, cet orgue de la synagogue de Mulhouse, que d’encre n’a-t-il pas fait couler, et que de fâcheries n’a-t-il pas engendrées !
C’est lorsqu’il a été, en 1889, introduit dans l’édifice qu’une partie des fidèles, groupés autour de familles comme celles des MEYER, des REIN et des SAMUEL, ont commencé de développer une communauté « dissidente », la « SISTO » (« Société israélite de stricte observance »), dont le souci essentiel était de défendre, auprès de leurs enfants, les valeurs de la halakha.
Installée en dernier lieu rue des Bonnes-Gens, près de la Porte de Bâle, cette communauté disparut bien entendu en 1939. Après la Libération, ses survivants furent accueillis par celle de Mulhouse-Dornach, qu’ils ont animée et développée pendant plus de cinquante ans, avec le soutien de rabbins dévoués et érudits.
Réussite éclatante, à compter le nombre de ceux qui, issus de ses rangs, sont devenus des maîtres en Tora, ou simplement des Juifs fidèles à nos traditions !
Avec la disparition de cette vieille pomme de discorde, une page d’histoire mulhousienne est désormais tournée. Il n’y a certes pas lieu de s’en réjouir, en notre époque où leur dépeuplement menace dans leur existence même toutes les communautés de petite et moyenne importance de la province française.
Je me garderai bien, n’étant ni rabbin ni théologien, de chercher à donner une signification transcendante à cet événement, mais nombreux sont ceux qui chercheront probablement à la découvrir.
Jérusalem, avril 2010.
Jacques KOHN.
Je vous communique ci-après, à sa demande, une mise au point que m’a fait parvenir M. Patrick HIRSCHHORN, Président de la Communauté Israélite de Mulhouse
Votre dévoué.
Jacques KOHN.
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Il me faut encore une fois tordre le coup de manière définitive à la version du pseudo acte criminel et je compte sur votre professionnalisme pour comprendre et diffuser à vos interlocuteurs la réponse suivante :
J’ai ouvert moi-même la Shul aux Pompiers et étais avec eux lorsqu’ils ont fracturé la porte d’accès à la galerie du 2e étage qui était fermée à clé. L’expert des pompiers avec qui j’étais le lendemain du sinistre m’a montré le câble sur lequel s’est produit le court-circuit. Je suis prêt à analyser avec sérieux toute autre hypothèse qu’un fait accidentel, mais je crois que l’imagination a ses propres limites et ce n’est pas à vous que j’apprendrai ce que valent ces supputations gratuites en tant que preuve. Je vous remercie donc de me servir de relai.
En revanche si les souvenirs de M. WEILL sont pour la plupart exacts, ses conclusions n’engagent évidemment que lui et il prend l’entière responsabilité de son raisonnement.
Patrick HIRSCHHORN.