« In God we trust… »

On a l’habitude de rappeler
qu’au sein du
monde idolâtre, Avraham
Avinou découvrit l’évidence
de l’unité divine.
Pourtant, on sait aussi
qu’à cette époque qui
fut la sienne, de
n o m b r e u x
cultes aussi
différents les
uns des autres
servaient aussi
une « force »
unique et totalisatrice
à laquelle
toutes les autres puissances
naturelles et surnaturelles
devaient se soumettre ! Ce fut le
cas des grands astres comme le
soleil, mais aussi des éléments
fondamentaux comme l’eau ou
le feu, ou encore des grands
principes d’explication des phénomènes
comme l’harmonie, le
mouvement ou – plus proche
de nous – la sacro-sainte « rationalité
»…

A cet égard, quand Moché
Rabbénou se rend auprès de
Pharaon pour lui transmettre
l’ordre divin de libérer le peuple
d’Israël, le roi d’Egypte lui
répond : « Mi Hachem Acher
Echma beKolo [Qui est D.ieu
dont il faudrait que j’entende
la Parole] ? », (Exode, 5, 1-2).
Bien qu’il utilisait le nom
d’Elokim, dont il tirait luimême
sa propre puissance,
Pharaon ignorait le nom de
Adnout, le Tétragramme : la
distinction entre ces deux termes
se trouve explicitée dans
le Choulkhan Aroukh (Ora’h
‘Haïm, Siman 5) où il est dit
que le terme « Elokim » désigne
« Celui qui est le maître de
toutes les forces », tandis que
le nom « Adnout » indique la
racine (l’origine) de toutes les
forces. Au point où quand c’est
ce Nom qui se dévoile, toutes
les autres forces s’annulent !

Ainsi, bien qu’il connaissait
le nom « Elokim », qu’il savait
pertinemment que l’ensemble
des forces dans ce monde tirent
leur source d’une origine
unique, à la question de savoir
ce qui rend possible cette unité,
la pensée de Pharaon s’arrête,
elle ne va pas plus loin…
Et pour cause ! Car la question
« qui ? » (« Mi ») ne renvoie pas
seulement à une interrogation
sur l’identité d’un sujet : c’est
la nature même de l’identité,
c’est-à-dire l’idée d’un sujet
absolu qu’elle met en question,
comme dans le verset : « Mi
Yakoum Bimkom Kodcho [Qui
pourrait bien
se lever à
sa place] ? »
( P s a u me s ,
24). Une
telle interr
o g a t i o n
vise donc un
sens plein de
l’identité, elle
constitue une
question sur
la possibilité
même d’un sujet,
et, de fait, elle
demeure pour Pharaon sans
réponse !

Et ce, parce que toute recherche
d’identité est d’abord questionnement
sur soi-même : identité
de l’identité. Parce que pouvoir
questionner correctement,
c’est d’abord pouvoir se mettre
en état de questionnement. Remettre
en cause le sol rigide de
certitudes sur lequel on se croit
si bien assis – ce dont Pharaon
est manifestement incapable,
plongé qu’il est dans la pure
affirmation tautologique de
lui-même.

Ainsi, quand Pharaon demande « Mi Hachem [Qui est
D.ieu] ? », il pense une existence
absolue qui n’est pas susceptible
d’être pour lui l’objet
d’une quelconque « représentation
» (ou, pour le dire en
d’autres termes, ce qui aurait
dû être pour lui la possibilité
d’une révélation de D.ieu,
s’évanouit en définitive dans
une « idée de la raison »). Il dévoile
par là que sa saisie métaphysique
du monde est bornée
à sa seule capacité de compréhension
et qu’elle s’inscrit dans
des limites qu’elle ne peut en
aucun cas dépasser ! Monothéiste,
Pharaon pourtant ne
pense pas D.ieu.

Histrion de la rationalité : telle
semble être l’impasse dans
laquelle s’engouffre encore
aujourd’hui l’athéisme intellectuel.
Dans la mesure où, penset-
il, le propre de la vérité est
reconnaissable au fait qu’elle
oblige à « l’adhésion universelle
» des esprits, si l’existence
de D.ieu ne s’impose pas à la
connaissance de tous sous la
forme d’une idée « claire et distincte
», preuve est ainsi faite
qu’elle ne relève pas d’un mode
possible de la pensée !

Syllogisme auquel on a pu
répondre non sans humour :
« Vous avez raison, le dieu
auquel vous ne croyez pas,
je n’y crois pas non plus ! ».
Y. R.


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