Le Michkan, ce Temple portatif qui a accompagné les Enfants d’Israël dans le désert était le symbole même de la présence divine et il était la preuve évidente de la générosité collective du peuple juif dans ses premiers pas de peuple libre.
En effet, on découvre dans notre paracha que Moché dresse un inventaire des besoins de ce Michkan et qu’immédiatement, le peuple ne se contente pas de satisfaire ses exigences. Il va même bien au-delà. Cet empressement fut particulièrement remarquable : Les Enfants d’Israël et en particulier les femmes ont donné avec tout leur cœur, sans la moindre retenue. À tel point qu’il a fallu lancer un second décret pour leur demander d’arrêter leurs dons tant ceux-ci étaient nombreux. Nous en déduisons que le 'Hessed, la générosité est une valeur intrinsèquement juive. Cette extraordinaire réalisation que fut le Michkan est donc avant tout le fruit d’un élan de générosité collectif. Et c’est parce qu'il a été la réalisation d’un peuple uni qu’il n’a jamais été détruit, a contrario des deux Temples de Jérusalem. En d’autres termes, une œuvre est éternelle lorsqu’elle est sincère, désintéressée et surtout lorsqu’elle est collective car ici il n’y a pas point d’orgueil ni de vanité mais le seul désir de respecter la volonté divine. Quant à l’Arche qui renfermait la Torah, Rachi remarque que ses dimensions comprenaient des données qui n’étaient pas entières puisqu'elles se terminaient toujours par une moitié, le « 'Hetzi ». C’est pour expliquer que la Torah ne s’acquiert que lorsque l’on est prêt à se briser pour elle. L’étude de la Torah n’a jamais été une discipline facile. Pour l’acquérir, il faut se battre, et se dépenser jusqu'à ce que notre corps soit brisé par cet effort intense. Tous les sages d’Israël ont étudié dans des conditions très difficiles. Et notre enseignement est limpide : rien, pas même l’absence de confort d’espace ou de temps ne peut justifier que l’on délaisse l’étude de la Torah. Le Tabernacle était un microcosme dans lequel il suffisait de porter un seul regard pour comprendre les secrets de la vie : d’un côté la menora, de l’autre la Table : le monde spirituel pour la Menora, le monde matériel pour la Table et au milieu le Cohen Gadol qui pénétrait pour s’approcher du Saint des Saints et passait entre les deux, symbolisant ainsi cette tension permanente entre le spirituel et le matériel. Si nous savons dépasser cette tension et ces divisions, nous serons capables d’arriver à la plénitude de la Torah. Il n’y a pas de faux fuyants. Il y a des priorités à créer dans nos vies et l’étude de la Torah en est une majeure qui ne dépend pas de nos moyens mais uniquement de notre volonté.
Par le Grand Rabbin Sitruk, en partenariat avec Hamodia.fr