Il y a trente ans, le grand rabbin Ra’hamim Naouri nous quittait et avec lui disparaissait l’une des plus grandes et nobles figures du judaïsme algérien d’après-guerre, et un être d’une immense sagesse et d’une exceptionnelle bonté. À l’occasion de cet anniversaire Hamodia publie le texte d’hommage à Rabbi Ra’hamim rédigé par l’un de ses disciples, Simon Darmon.
Le grand rabbin Ra’hamim Naouri zatsal exerçait à Bône, petite ville côtière de l’Est algérien, mais son autorité dépassait de loin le cadre de sa cité, et son autorité, reconnue de tous, s’étendait à l’ensemble de l’Algérie et même, au-delà. Sa vision d’un judaïsme conforme aux préceptes de la Torah concernait l’ensemble du peuple juif, du « klal Israël ».
Notre maitre se consacrait entièrement à la cause, avec un dévouement sans limites, et sans se soucier de sa santé. L’enseignement de la Torah sous toutes ses formes, à tous les niveaux et quel que soit l’âge des participants, constituait une part essentielle de son action. Sa personnalité, son charisme, sa foi, son sourire, la chaleur de ses sentiments, sa détermination et son dynamisme lui valaient l’attachement et le respect de tous, et nombreux étaient ceux qui recherchaient sa compagnie.
Revaloriser le Judaïsme et la Torah était pour lui un souci majeur. Comment opérer ? Deux objectifs :
-premièrement, former des jeunes qui deviendraient les cadres rabbiniques et communautaires de demain, en leur assurant des connaissances solides.
-Deuxièmement, faire prendre conscience à la communauté juive de Bône et à ses dirigeants de l’importance de cette notion du collectif d’Israël et ensuite attirer le plus possible de jeunes au Talmud Tora, en faisant de la synagogue le centre névralgique autour duquel gravite toute la vie communautaire.
En prenant lui-même la direction du Talmud Torah, le grand rabbin Ra’hamim NAOURI zatsal, assurait la réalisation et le succès de son plan d’ensemble, et l’orientation à donner à la kéhila.
Maintenir et garantir la continuité étaient pour lui essentiel. Pour cela, il s’était assuré du soutien de bien des rabbins en poste dans les différentes villes d’Algérie, du contrôle du rabbinat au sein du Conseil Supérieur Rabbinique, y compris la création et la bonne marche d’une École rabbinique. Il entretenait aussi des liens solides avec la Fédération des Communautés Juives d’Algérie. Et grâce à son action dévouée, les valeurs du judaïsme et de la Torah n’ont été qu’encore plus renforcées. Son action au sein du Beth-Din d’Algérie, puis en France à la tête du Beth-Din de Paris, lui a conféré l’appui et la sympathie de tous les cadres en place et de la jeunesse.
Il ne ménagea pas ses efforts pour promouvoir d’abord en Algérie et ensuite en France, une cacherout unique et accessible à tous, sous l’autorité d’un seul Beth-Din. Et grâce à son action bénéfique, en Algérie, et plus tard en France, les Juifs purent manger casher; plus facilement et surtout, à un prix raisonnable.
Mais ce n’est pas tout Le grand rabbin Naouri était un amoureux d’Israël et son amour pour notre terre était indéfectible car, disait-il, « il ne peut y avoir d’harmonie et de quiétude sans les trois piliers que sont le peuple d’Israël, la terre d’Israël et Hakadoch Barou’h Hou. »
Trente ans après sa disparition, rabbi Ra’hamim zatsal comme nous l’appelions, a été et reste un exemple de piété, d’humilité et d’engagement. Tous ceux qui l’ont connu ont eu le privilège de bénéficier de sa lumière. Quant aux autres, ils pourront puiser dans son héritage, un souffle vif en veillant à l’accomplissement et l’étude de la Torah. Que son souvenir soit une source de bénédictions pour sa famille, ses élèves et tout le peuple d’Israël, amen !
En partenariat avec Hamodia