Arye se mit a réfléchir… Son fils unique, Chmouli, venait de faire ses valises et de quitter la maison avec colère… Jamais Arye ne s’etait entendu avec son fils. Arye était sorti des camps a l’age de 35 ans. Il y avait laisse toute sa famille… Depuis, il s’etait installe en Belgique,s’etait remarie, et avait un fils unique : Chmouli.

Chmouli,  »ce têtu », selon l’expression de son père, qui n’arrivait pas a comprendre ses parents, qui étaient tous deux rescapes des camps… Qui ne comprenait pas que son père ait peur de chaque petit bruit, que sa mère ne veuille pas le laisser sortir tard le soir…Ils avaient connu, eux, la situation ou un enfant part un jour et ne revient jamais…

Chmouli, lui, en avait assez de vivre avec des souvenirs, de manger du pain de la semaine dernière, sous prétexte que  »dans les camps, il n’y avait même pas ça, estime-toi heureux… »

Arye ne s’attendait pas a un enfant pareil… Il se rappelait des enfants qu’il avait perdus… Ils étaient plus doux, plus sensibles, plus obéissants… Il n’en avait jamais parle a Chmouli, mais celui-ci sentait le regard réprobateur de son père…

A 25 ans, Chmouli voulait être un jeune Belge, comme tout le monde, et il décida de quitter ses parents…

A ce moment-la, Arye comprit qu’il avait peut-être fait une erreur, et qu’il fallait vivre avec le présent, sans comparer l’unique enfant qu’il lui restait avec ceux qui n’étaient plus…

En pleine nuit, Chmouli était parti, en laissant un petit mot qui voulait tout dire…

Une semaine passa… Arye voulait absolument retrouver Chmouli, son fils unique…

Il le connaissait bien, il avait bien pu déjà quitter la Belgique, et s’installer a l’étranger… Ah ! Les jeunes, quelle fougue… Ou le chercher, a présent ?

Arye se mit a penser soudainement a Israël… Il n’y avait jamais mit les pieds, et jamais il n’avait penser a visiter ce pays… Mais aujourd’hui, avec ce qui lui arrivait, il ressentait le besoin de faire ce voyage…

Des le premier jour de son séjour en Israël, il se rendit au Kottel, l’endroit ou la présence divine est toujours présente depuis la destruction du Temple…

Il se mit a prier :  »Ha-chem, je voudrais tellement retrouver mon fils…

Qu’on reste au moins en contact… Qu’il sache quand je quitterai ce monde, et qu’il puisse dire le Kaddish en mon nom… »

Arye n’avait même pas de larmes… Il avait trop souffert pour pleurer…

Il fit sa prière en silence, puis demanda a l’homme qui se tenait près de lui :

– »Quels sont tous ces bouts de papiers, entre les pierres du Kottel ? »

– »Ceux qui ont une demande a faire a Ha-chem, l’écrivent sur un papier

qu’ils enfoncent entre les pierres… » lui répondit l’homme.

Arye eut du mal a comprendre… Ha-chem entend les prières, même sans qu’on ait a les écrire sur un bout de papier… Mais l’homme ajouta :  »On dit que ça vaut le coup d’essayer… »

Arye prit donc un stylo, et nota son nom sur un petit papier :  »Arye Ben Rayzel H’anna », et ajouta  »Je voudrais trouver mon fils Chmouel ChmelkeBen Sarah, qui est parti il y a maintenant 2 semaines…Je n’ai que lui… Et qu’il trouve aussi un bon parti pour se marier… »

Arye chercha une place libre entre deux pierres, et y glissa le papier.

Malheureusement, il y avait tellement de papiers, que sa demande retomba a ses pieds, accompagnée d’un autre petit papier, qui tomba en même temps.

Il se pencha pour les ramasser, mais son regard fut attire par le bout de papier qui n’etait pas a lui… Bien sur, il n’avait pas le droit de lire ce que d’autres avaient écrit, mais…l’écriture était trop connue et elle semblait l’appeler en criant…

Arye put y lire, en anglais :  »Chmouel Chmelke Ben Arye et Sarah. Je prie pour avoir les forces de retourner a la maison, et de m’arranger avec mon père… » C’était Chmouli !…

Encore penche, Arye se mit a pleurer, pleurer… Il sentait soudain qu’il n’etait pas le père de Chmouli, que Chmouli n’etait pas son fils… Mais qu’eux deux avait un seul père, Ha-chem, auxquels ils savaient s’adresser…

Arye pleura jusqu’e ce qu’un touriste le fasse asseoir et lui propose son aide. Arye décida alors de lui raconter ce qui venait de se passer…

Le touriste en fut tellement ému qu’il devint peu a peu religieux, après cette fameuse rencontre, et en tant que guide touristique, il ne manqua jamais de rapporter cette anecdote lors des visites au Kottel…

Parmi les touristes, il y en a toujours qui lui demandent : »Mais Chmouli est revenu chez lui ou pas ? »

Et le guide leur répond toujours :  »Je n’ai pas fait mon enquête, mais je suis sur qu’il est revenu…Et si ce n’est pas encore le cas, je vous promets qu’il reviendra bientôt… »

C’est ainsi. Le fils pense que le père le rejette. Il le quitte avec douleur, en pleurant : »Je veux revenir a la maison ». S’il savait tendre l’oreille, il entendrait certainement son père dire :  »Reviens vers moi, et je reviendrai vers toi…Je t’aime plus que tu ne le crois, lève-toi et reviens vers ton père… »

C’est aussi ce que dit La Bat Kol (voix qui représente Ha-chem) qui se lamente sur la destruction du Temple et sur l’exil : »Malheur au Père qui a du exiler ses enfants… Malheur aux enfants qui ont quitte leur père ».

Et comme le dit le guide touristique :  »Si le fils n’est pas encore revenu, il reviendra bientôt, je vous le promets… »

(Histoire vraie, et conclusion tirées du livre

 »Nifleotav Livnei Adam »)