Le gaon, rav Nissim Tolédano zatsal, roch yéchivat Shéérit Yossef à Béer Yaacov et membre du Conseil des Grands de la Torah, s'est éteint subitement durant le Chabbat Nasso au domicile de sa fille à Bné-Brak, à l'âge de 78 ans. Le grand rabbin Yossef 'Haïm Sitruk qui était l'un de ses élèves les plus proches, nous livre ce hesped à la mémoire de son maître
Plusieurs milliers d'élèves et des dizaines de sommités rabbiniques et à leur tête le roch hayéchiva, le gaon rav Aaron Leib Steinman chlita l'ont accompagné le lendemain vers sa dernière demeure dans le cimetière de la yéchiva de Poniovitz à Bné-Brak.
Un grand homme nous a quittés
« Il est parti comme il a vécu : dans la discrétion.
Mon maître le roch yéchiva de Béer Yaacov, rabbi Nissim Tolédano zatsal est parti comme il a vécu : dans la discrétion. Quelques minutes avant la fin de Chabbat, il a été rappelé par son Créateur. Ses obsèques à Bné-Brak ont donné lieu à un grand rassemblement de talmidé 'ha'hamim, parmi eux tous les grands de notre génération qui le connaissaient personnellement.
Rabbi Nissim zatsal, qui était originaire du Maroc est venu en Israël d’abord pour y étudier de longues années à la yéchiva de Poniovitz où il était considéré comme l’un des éléments les plus brillants de son temps.
Fort de ses immenses connaissances et de son sens inné de la pédagogie, il aurait pu prendre la tête d’une grande yéchiva. Mais au lieu d'opter pour Jérusalem ou Bné-Brak, il a choisi de s'installer dans la petite localité de Béer Yaacov, à proximité de Ramlé dans le centre d'Israël. C'est là dans cette ville socialement éprouvée que rabbi Nissim, qui évitait soigneusement la vie mondaine, a décidé avec courage de construire avec le soutien de talentueux rabbanim, une yéchiva dont il a été l'âme et le moteur jusqu'à son dernier souffle. D'année en année, il a formé des centaines puis des milliers d'élèves.
J’ai eu le bonheur d’être l’un d’entre eux tout comme de nombreux rabbins aujourd'hui en fonction en France. Je me souviens des vergers et orangeraies que nous traversions pour aller profiter de l'enseignement de rabbi Nissim zatsal. Je me souviens de son omniprésence dans la yéchiva et de son action permanente, souvent avec le minimum de moyens. Je n'ai pas oublié que tous les jours, il étudiait avec moi en ‘havrouta, entre midi et deux heures. Et plus tard, lorsque mes propres enfants, Yaacov et Éphraïm sont devenus ses élèves, il leur consacrait la même attention à tel point et ils rappellent qu'il fut pour eux comme un père, soucieux du moindre de leurs besoins, et agissant avec toujours beaucoup de délicatesse, de gentillesse et de dévouement. Notre amitié a été scellée non seulement par le Limoud mais aussi par ses visites qu’il me rendait une fois par an à Marseille lorsque j’étais grand rabbin de la ville, puis à Paris où il a été le sandak (parrain) de mon fils Éphraïm.
En évoquant son souvenir, une forte émotion m'emplit, car j'ai conscience que si j'ai perdu un maître c'est l'ensemble du monde de la Torah qui a perdu un homme doté d'immenses qualités, qui représentait la Torah authentique celle qui ne se pare pas de brillants superficiels, mais plutôt celle qui insiste sur l'approfondissement et l'éclaircissement de l'étude de la Guémara.
Rabbi Nissim a formé, avec l'aide de D.ieu, d’innombrables élèves, et parmi eux ses propres enfants qui sont aujourd’hui des maîtres distingués de la Torah. Sa brusque disparition nous laisse tous un peu orphelins. Je voudrais, dans ces colonnes, exprimer à son épouse, la rabbanite qui a toujours été à ses côtés, notre plus sincère reconnaissance pour avoir eu le privilège de côtoyer ce grand homme de Torah, d'une si extraordinaire simplicité, entièrement dévoué à son prochain. Rabbi Nissim a été mon modèle, l'exemple par excellence de ce que doit être un talmid 'ha'ham. Que son souvenir soit béni. » Par le Rav Sitruk