––– Interdit de manger sans prélever la Hala –––
1. La Torah n’enjoint de prélever la Hala qu’à partir du moment où l’on commence à pétrir la pâte. Celui qui prélève la Hala sur sa farine ne s’acquitte pas de son devoir.
2. A partir du moment où l’obligation de prélever la Hala débute, il devient formellement interdit de consommer de cette pâte même crue.
Soit, dès que la pâte s’est entièrement prise en masse.
3. Attention: cet interdit ne concerne que le pain pétri en Israël. Tandis que la pâte pétrie en dehors d’Israël peut encore être consommée, à condition bien sûr de prélever la Hala ensuite.
4. D’où l’application concrète : le prélèvement de la Hala à Shabbat. Nos Maîtres ont interdit de prélever la Hala pendant Shabbat, car cette action ressemble à une réparation. Si on a oublié de prélever la Hala avant l’entrée du Shabbat, il ne sera pas possible de manger de ce pain pendant Shabbat en Israël – car il est interdit de manger du pain dont la Hala n’a pas été prélevée. En revanche, si le pain a été pétri en dehors d’Israël, on pourra le consommer en laissant un bout de côté, puis à la sortie du Shabbat, on prélèvera un bout de ce reste avec Berakha.
5. Compilons à présent cette loi avec celle du Tsirouf Sal – l’association de pains par panier, et découvrons un cas de Halakha assez inattendu…
La famille Israël invite les Cohen pour un repas de Shabbat. Mme Cohen apporte des Halot, que Mme Israël met dans le panier où se trouvent ses propres Halot. Si chacune de ces dames n’a pétri qu’un kilo de pain – et n’a donc pas encore prélevé la Hala de ces pains, ces 2 kilos réunis sont à présent imposables de la Mitsva de Hala. Si le cas se produit à Shabbat en Israël, ces 2 familles se verront privées de ces pains, à partir du moment où 1,2Kg de farine pétrie se retrouve dans un même panier !
––– Interdiction de manger la Hala prélevée –––
1. A l’époque où la Mitsva de la Hala était imposée par la Torah, celui qui mangeait le bout de Hala prélevé était passible de mort par le tribunal céleste. Aussi, même à notre époque où la Mitsva de prélever n’est que Dérabanan – d’ordre rabbinique – nos Maîtres ont défendu de manger ce bout de pâte.
Cette instruction implique plusieurs mises en garde à respecter quant à la manipulation de la Hala prélevée.
2. Nous apprendrons que l’usage est de brûler au four la Hala une fois prélevée. Quand on l’enfourne, il faut veiller à ce qu’aucun autre aliment ne cuise en même temps, jusqu’à ce que la Hala soit carbonisée. Il est en effet interdit a priori de cuire dans un même four un aliment permis en même temps qu’un aliment interdit à la consommation.
3. On ne posera pas non plus directement la Hala sur une plaque ou sur la tôle, mais on l’enveloppera auparavant d’aluminium par ex.
4. Lorsqu’un aliment interdit à la consommation se mélange à d’autres aliments, il existe plusieurs conditions pour permettre ce mélange.
Par ex. lorsqu’une goutte de lait tombe dans un plat de viande, si le volume du plat est supérieur à 60 fois le volume de la goutte de lait, ce plat ne sera pas interdit par les lois de Bassar béHalav – l’interdit de mélanger le lait et la viande.
Pour la Hala aussi, si après l’avoir prélevé, le bout retombe dans la pâte et se remélange, cette pâte est permise à la consommation si certaines conditions sont remplies :
— en Israël, le volume de la pâte doit être 100 fois plus grand que celui du bout de Hala.
— en dehors d’Israël, il suffit que son volume soit un peu plus grand que la Hala.
5. Après avoir prélevé la Hala, on vérifiera qu’aucune miette de Hala ne soit restée collée aux doigts, avant de remettre la main dans la pâte.
––– Prélever alors que la pâte n’est pas encore imposable
1. Le dicton ‘avant l’heure, ce n’est pas l’heure!’ est vrai pour le prélèvement de la Hala. Si on prélève une pâte qui n’est pour le moment pas encore imposée, ce prélèvement ne la dispensera pas lorsqu’elle sera imposable.
2. Cette règle est d’une importance –et inconvenance !– capitale pour les lois de Tsirouf Sal – association par panier. Comme nous l’illustrions avant-hier avec le cas des Cohen invités chez la famille Israël à Shabbat, il arrive que des pains se fassent imposer de prélèvement de Hala plusieurs jours après cuisson, s’ils se retrouvent dans un même panier. Mesdames Cohen et Israël ne pourront pas contourner le problème en prélevant chacune avant Shabbat la Hala de leur kilo de pain, car ces pains ne sont pour l’instant pas imposés des lois de Hala.
Pour parer au problème, ces dames procèderont de l’une des 3 manières:
a. elles veilleront à ne pas poser les pains dans un même panier, selon les instructions que nous préciserons plus tard.
b. Mme Cohen explicitera son souhait de rester en possession de ses pains, car 2 pâtes ou pains qui n’appartiennent pas à un même propriétaire ne sont pas imposés des lois de Hala.
c. L’une de ces 2 femmes s’efforcera de pétrir avant Shabbat plus de 1,66Kg de farine et de prélever la Hala de sa pâte, car une pâte déjà prélevée ne s’associe pas à une pâte non prélevée pour imposer cette dernière de Hala.
3. Nous apprenions que la farine que l’on saupoudre pour travailler une pâte s’associe à la farine pétrie pour devenir imposée de Hala. Ainsi, si on pétrit 1,15Kg de farine, et que l’on saupoudre 100g de farine, il faudra prélever la Hala sans Berakha une fois que la pâte sera étalée ou tressée. Si on a prélevé la Hala avant que la barre des 1,2Kg ne soit dépassée, il faudra nécessairement la prélever une seconde fois.
4. Beaucoup de décisionnaires pensent que le seuil d’imposition de la Hala est 1,66Kg. Toutefois on prélève la Hala sans Berakha à partir de 1,2Kg pour s’acquitter dans le doute de l’avis du Shakh **[ch.324 §3].
Aussi, si on prélève une pâte [sans Berakha] faite à partir de 1,2Kg de farine, et qu’on lui ajoute par la suite 460g, il faudra la prélever à nouveau. Mais attention : ce second prélèvement s’effectuera lui-aussi sans Berakha, car on doute que la pâte ait été acquittée dès le premier prélèvement – dans l’éventualité où l’avis du Shakh ferait loi !
Par le Rav Harry Dahan du 5 Minutes Eternelles