––– Quel type de pain ? –––
1. ‘Lorsque vous mangerez du pain du pays’ – seule une pâte qualifiable de pain est imposable. Cette stipulation inclut plusieurs critères. On s’intéressera notamment à la composition de la pâte, à sa qualité, et à sa cuisson.

2. La composition de la pâte. Elle doit être à base de l’une des 5 céréales: le blé, l’orge, l’épeautre, le seigle ou l’avoine. Un pain fait de farine de riz uniquement n’est pas imposable de Hala.

3. Le liquide avec lequel on pétrit. Pour plusieurs domaines de Halakha, seuls 7 liquides ont un statut de boisson: l’eau, le vin, le miel, l’huile d’olive, le lait, la rosée, et le sang. A exclure, tous les autres jus de fruit. Certains pensent qu’il en va de même pour les lois de Hala. Seule une pâte pétrie avec l’un de ces liquides est imposable.
Ainsi, si on pétrit une pâte avec des œufs ou du pur jus de fruit uniquement (sans eau), on ne prononcera pas de Berakha sur ce prélèvement.

4. La qualité de la pâte et de la cuisson. Ce sujet assez complexe sera amplement développé plus tard. A titre de présentation de la Mitsva de la Hala, évoquons tout de même quelques généralités. Le verset de la Torah précise que la Mitsva de la Hala ne concerne qu’une pâte à pain. Par définition, le pain est une pâte solide cuite au four. Soit 2 cas de figure font l’objet de discussions : une pâte solide frite ou bouillie – telle que des pâtes à la sauce ou un fricassé. Ou encore, une pâte complètement liquide cuite au four – telle qu’une une gaufre.


––– Quelle quantité de pâte est imposable ? –––

1. La Torah précise de prélever la Hala ‘comme prémices de votre pâte’. La Guemara **[Eirouvin 83B] déduit qu’il faut nécessairement pétrir une quantité correspondante au volume de manne journalier que chacun ramassait, soit 1 Omer = 1/10e de Eifa = 43,2 Beitsa (œuf).
Reste à définir la mesure exacte d’un œuf…

2. Commençons par introduire une notion générale à de nombreux domaines de Halakha. La plupart des mesures de la Torah sont exprimées en volume de l’époque, et non en poids. Ce mode de quantification cause 2 problèmes majeurs.
Tout d’abord, nous ne connaissons plus avec exactitude ces mesures. Soit, le volume d’une Beitsa de l’époque fait l’objet d’une discussion. Beaucoup l’évaluent entre 54cm³ et 57,6cm³, tandis que le Hazon Ish prouve qu’elle atteint 100cm³.
Mais encore, la mesure en volume est très aléatoire, car elle dépend de la spongiosité de l’aliment.
Par ex. quand la Torah enjoint de manger un aliment –du pain pour le Birkat Hamazon, ou de la Matsa [galette] à Pessah–, la quantité requise est d’un Kazaït – le volume d’une olive. Or, le volume d’un aliment diminue si on le comprime bien que son poids reste le même. Faut-il de ce fait calculer la quantité d’aliment imposée en le compressant ou en le laissant tel quel ? Cela fait l’objet de grandes discussions.
En général, les décisionnaires ont adopté comme convention de se fonder sur le poids d’un Kazaït d’eau, soit 27g. Mais convertir un volume en unité de poids constante entraîne parfois de grandes incohérences, lorsque l’aliment a une masse volumique nettement inférieure de celle de l’eau. C’est notamment le cas de la Matsa à Pessah, pour laquelle nombre de décisionnaires pensent qu’il suffit de manger 18 ou 20g pour atteindre le volume de 27cm3 !

3. Cette incohérence refait encore surface pour les lois de Hala. Plusieurs estiment que la farine de notre époque est plus légère que celle d’antan, et convertir son volume en poids de 27g par Kazaït faussera considérablement la mesure imposable.
De plus, si on tamise une farine puis qu'on la remet dans son paquet, on remarque que son volume est bien plus important après tamisage. A quelle mesure se fier?

4. Concrètement, si l’on résume les différents avis, il ressort qu’à partir de 1200g de farine, on prélèvera la Hala sans prononcer de Berakha. Et à partir de 1667g, les séfarades, ainsi que beaucoup d’ashkénazes, prononcent la Berakha.
Précisons tout de même que certains ashkénazes se fondent sur les décisions du Hazon Ish et ne tolèrent de prononcer la Berakha sur le prélèvement qu’à partir de 2250g de farine. Tandis que rav O. Yossef zatsal permet de dire la Berakha à partir de 1560g.
Mais, comme cité, l’usage le plus répandu est de retenir la mesure de 1667g pour dire la Berakha, et de prélever sans Berakha à partir de 1200g.

5. Dans la farine de blé complet, le son s’associe à la farine pour atteindre la quantité requise. De même, si l’on mélange plusieurs sortes des 5 céréales, elles s’associeront pour imposer de Hala.

6. En revanche, la farine de maïs, la fécule de pomme de terre, ou toute farine d’une quelconque autre origine ne peut s’associer aux 5 céréales pour atteindre la quantité requise.
Le cas se présente notamment pour la tortilla mexicaine, pétrie avec de la farine de blé et de maïs. On ne prélèvera de Hala que si l’on mélange 1200g de farine de blé.

7. A une exception près: la farine de riz. Cette céréale présente une propriété très spéciale. Si l’on fait un pain à base de farine de riz, cette pâte sera dispensée de Hala, puisqu’elle ne fait pas partie des 5 céréales. Mais lorsqu’on la mélange à l’une des 5 céréales, la farine de riz s’associe pour atteindre le volume de Hala imposable.
Par ex. si on mélange même 800g de farine de blé à 900g de farine de riz, il faudra prélever la Hala avec Berakha, à partir du moment où l’on discerne le goût du blé dans le produit final.

8. La farine saupoudrée sur le plan de travail pour travailler la pâte s’associe pour atteindre la quantité de pâte imposable de Hala. Cette loi pose plusieurs problèmes, que nous préciserons plus tard.

9. Si on a besoin de pétrir une grande quantité de farine, il est interdit de diviser cette quantité en 2 afin d’esquiver la Mitsva de la Hala. Mais si on sépare cette pâte pour des raisons techniques –par ex. parce que le pétrin est trop petit–, la division sera permise. Il sera alors préférable d’associer les pâtes ou les pains une fois cuits pour en prélever la Hala, comme nous l’expliciterons ci-après. **[ch.324 §14 et Shakh §25]
 
Rav Harry Dahan du 5Minutes Eternelles