1. N’encourir aucun danger. Il faut veiller durant ces 9 jours à ne s’exposer à aucun danger. On évitera notamment de passer une opération [dans la mesure du possible!]. On évitera aussi de se baigner à la mer, ou au moins, de ne pas entrer profondément dans l’eau.
2. Achat d’objets / vêtements. Depuis Rosh ‘Hodesh Av, on s’abstient d’acheter des objets qui réjouissent, même si on a l’intention de ne les utiliser qu’après le 9 Av. Par ex. on n’achètera pas de vêtements ou de meubles. [ch.551 §2]
Cet interdit implique aussi de ne pas passer de commande depuis Rosh ‘Hodesh, même si la livraison s’effectuera après le 9 Av. [M-B §51, Or leTsion III p.240] De même, on n’achètera pas de cadeau même si on prévoit de ne le donner qu’après la période de deuil.
3. Celui qui se marie juste après le 9 Av et n’aura pas le temps d’acheter ses vêtements ensuite, peut les acheter pendant ces 9 jours.
4. L’interdit de ne pas acheter durant ces jours n’est pas en vigueur si l’on encourt une perte. Par ex. si l’objet est en solde, et qu’il ne sera plus possible de l’acheter après le jeûne. Ou encore, si on ne pourra plus obtenir cet objet plus tard. [Shaar haTsioun §12] Il sera bien évidemment défendu de porter ensuite cet habit jusqu’après le jeûne.
5. Transactions. Depuis le 1er Av, il faut réduire au minimum les transactions, si on a suffisamment de revenus pour couvrir les frais courants. [M-B §11] Sauf si on risque de perdre une somme conséquente. Rav B-T Aba Shaoul permet pour cette raison de signer un contrat d’achat d’une maison, même pendant Tisha béAv, si on risque de ne pas retrouver de maison aussi agréable que la présente.
6. Déménagement. Selon la loi stricte, il est permis d’emménager dans un nouvel appartement pendant les 9 jours si on déménage par besoin, et non par plaisir. On rapporte toutefois que le ‘Hazon Ish déconseillait même de chercher un nouvel appartement durant cette période, sauf en cas de besoin urgent. [Piskei Teshouva §12]
7. Quand le mois d’Av arrive, nous réduisons les occasions de réjouissance. Si un juif a un procès avec un goy, il repoussera l’audience, car son Mazal [l’influence des Zodiaques] est défavorable. Il ne s’agit évidemment pas de simple astrologie, mais du fait que le souvenir de Jérusalem détruite à cause des fautes de nos pères monte devant Hashem dans cette période. Aussi, Hashem adopte dans ces jours une attitude de rigueur avec laquelle Il scrute les conduites de leurs enfants.
Les commentateurs du Choul’han Aroukh suggèrent aussi de s’abstenir de toute plaisanterie, afin de se concentrer sur notre deuil.
8.Consommation de viande et de vin. A l’exception des plats de Shabbat des 9 jours, il faut s’abstenir de consommer de la viande et du vin depuis Rosh Hodesh Av. [ch.551 §9]
[Celui qui a l’habitude à Rosh Hodesh de toujours manger de la viande en l’honneur de ce jour ne débutera cet interdit qu’à partir du 2 Av.] L’interdit de manger de la viande concerne aussi le poulet.
9. Un malade qui doit manger de la viande pour des raisons médicales pourra en consommer. S’il peut se contenter de poulet, il sera préférable d’agir ainsi.
10. Pendant les Shabbat des 9 jours, il est permis de consommer de la viande et du vin. Quant à la Havdala [à la sortie du Shabbat], les séfarades ont l’usage de boire le verre de vin, et s’abstiennent uniquement de le faire goûter aux convives. Par contre, les ashkénazes le font boire si possible à un enfant âgé d’au moins 6 ans.
11. Prenons le cas d’un plat de légumes cuits avec de la viande. Est-il permis de manger les légumes seuls? Selon la loi stricte, le Choul’han Aroukh permet. Toutefois, les décisionnaires rapportent que l’usage est de s’en abstenir. [M-B ch.551 §63]
Quant aux restes de plats du Shabbat qui ont cuit avec de la viande, le Or Letsion [III p.246] tolère de les manger [sans la viande], à condition que la viande n’ait pas lâché de goût fort dans le plat.
12. La viande pour les enfants. Les ashkénazes s’abstiennent de donner de la viande à un enfant dès qu’il est en âge de comprendre ce qu’est le deuil de Jérusalem. Concernant les séfarades, le Or Letsion [Ibid.] rapporte que l’usage est de leur en donner jusqu’à l’année d’avant la Bar Mitsva. Et de préciser que la raison de cet interdit n’est pas le deuil du Beit haMikdash, mais le souvenir que nous n’apportons plus de viande et de vin au Beit haMikdash. Ainsi, même si les enfants en bas âge sont concernés par les coutumes du deuil –notamment se laver ou écouter de la musique– ils ne sont pas concernés par la restriction de consommation de viande et de vin.
13. Jardinage.
Il faut s’abstenir d’aménager un jardin avec des jolies fleurs et plantes. On n’élaguera pas non plus les arbres. Par contre, l’entretien minimal du jardin est permis. Par ex. arroser les plantes ou tondre le gazon. [Chou-Ar ch.551 §2]
14. Construction/rénovation.
On distingue 2 sortes de travaux :
– Le besoin vital / essentiel, par ex. une grande famille qui a enfin l’opportunité d’agrandir sa maison, il est permis d’entamer ces travaux pendant les 9 jours. [M-B ch.551 §12]
– Mais si l’on veut rénover sa maison par plaisir, il est défendu de réaliser ces travaux pendant cette période.
15. Quelques exceptions.
Si on a employé avant Rosh Hodesh un artisan non-juif, on pourra le laisser travailler pendant les 9 jours. Si possible, on lui demandera de réaliser la part de travail qui ne réjouit pas particulièrement –telle que monter un mur, l’enduire–, plutôt que d’apporter des finitions de peinture ou de pose de carrelage. [Ibid., Cf. aussi Ben Ish Haï]
16. S’il faut casser un mur ou un sol pour atteindre un tuyau qui fuit, il sera permis de le reconstruire ensuite et de le repeindre comme initialement, car cette construction ne réjouit pas.
17. Ces interdits sont en vigueur pour la construction d’un bureau ou d’un atelier. Par contre, il est permis de rénover une synagogue.
18. Coudre.
On ne commencera pas à coudre ou tricoter de nouveau vêtement depuis Rosh ‘Hodesh Av.
Quant à continuer un habit déjà entamé, le particulier devra s’en abstenir. En revanche, on pourra permettre à un artisan couturier de continuer un habit commencé, s’il n’a pas la possibilité d’interrompre son travail jusqu’après le jeûne. [Chou-Ar. ch.551 §7-8]
De même, il est permis de réparer un vêtement déchiré pendant ces jours. [Ben Ish Haï – Devarim I §10]
19. Question:
Daniel se marie le surlendemain de Tisha béAv. Pendant les 9 jours, lui ou sa famille peuvent-ils coudre les ourlets de leurs tenues de soirée?
Réponse: A priori, ils doivent faire ces réparations avant Rosh Hodesh Av. A postériori, il leur sera permis de faire ces ourlets après, pendant les 9 jours. Ces dérogations ne sont toutefois données que pour la proche famille. Tandis que les autres convives n’auront aucune permission de faire ces ourlets pendant les 9 jours, quitte à ne pas mettre le nouveau vêtement acheté spécialement en vue du mariage.
Explication: Nous apprenions hier qu’il est certes permis de réparer un vêtement déchiré pendant les 9 jours, mais qu’il est défendu de coudre un nouvel habit. Achever un nouveau vêtement –en faisant son ourlet par ex.– est considéré comme la couture d’un nouvel habit.
Toutefois, nous rapportions avant-hier qu’en cas de force majeure, un futur marié peut acheter des habits pendant ces 9 jours, s’il n’a pas la possibilité de le faire ensuite, car la Mitsva de se marier –et donc, de se réjouir ce jour-là– repousse les usages de deuil. En théorie, il serait même permis de se marier pendant les 9 jours, n’était que cette période n’est pas de bon augure [Cf. M-B ch.551 §14]. Il pourra donc au même titre coudre les vêtements de son mariage. [Ibid. §46]
Quant à sa proche famille, les contemporains tendent à les inclure dans cette dérogation, du fait que leurs beaux vêtements font eux-aussi partie du décor du mariage. Par contre, on ne pourra pas étendre cette permission aux autres convives, car ils ne feront pas défaut s’ils portent un costume qui n’est pas neuf scintillant au mariage du très cher ami!
20. Il est interdit de coudre ou tricoter un napperon ou des rideaux. En revanche, il est permis d’apprendre à coudre, à condition de ne pas s’exercer en cousant un nouvel habit important, comme une robe ou un costume, mais plutôt un ouvrage secondaire comme un tablier. [Piskei Teshouvot §30]
Rav Harry Dahan de 5 minutes éternelles