La Dixième chaîne de télévision a diffusé un entretien exclusif avec Guilad Shalit, un an après sa libération. En voici quelques extraits qui permettent de mieux comprendre ce qu'a vécu l'ancien soldat franco-israélien.
Au cours de cette interview, Guilad décrit la vie qu'il menait lors de sa captivité : « Pendant la journée, je jouais avec mes gardiens à toutes sortes de jeux : échecs, dominos. Je jouais tout seul aussi. Je n'ai pas écrit de journal mais je dressais des listes, des choses que j'ai faites, pour ne pas oublier. Je dessinais la carte d'Israël, je dessinais Mitspé Hilla (la localité où il vit NDLR) avec toutes ses maisons, pour me souvenir et imaginer ces endroits. J'ai fait ça au tout début, pour ne pas oublier. Je cachais ces papiers parce que certains de mes ravisseurs n'aimaient pas que j'écrive des choses. Ils croyaient que je rassemblais des informations ».
Quant au jour de sa libération, Guilad affirme qu'il a ressenti « beaucoup de stress » : « Lors du voyage vers la frontière de Gaza, j'ai senti beaucoup de pression. Je ne savais pas si quelque chose allait se passer, si on allait essayer de nous prendre pour cible. Je craignais que quelque chose ne tourne pas rond à la dernière minute. Lorsque je suis sorti de la voiture et que je suis entré en Egypte au poste de Rafiah, je me suis senti plus léger. Et soudain, j'ai vu devant moi des dizaines, des centaines de personnes. Après des années au cours desquelles je n'avais vu qu'une poignée d'êtres humains, voir cette foule m'a fait bizarre, une sorte de choc. Ensuite, on m'a fait rentrer dans une pièce, on m'a identifié et j'ai été interviewé (par la télévision égyptienne) ».
La quotidien Yédiot A’haronot a publié d'autres extraits du documentaire. A la question du journaliste lui demandant s'il lui était venu à l'esprit qu'il resterait si longtemps détenu, Guilad a répondu : « Je savais que les négociations pouvaient prendre des années. J'avais peur qu'il m'arrive ce qui est arrivé à Ron Arad. Pour lui, les négociations ne sont plus d'aucune aide, on ne sait plus où il est. Je craignais que cela m'arrive. Qu'on me fasse disparaître. Dans ces moments-là, j'essayais de rester optimiste et de m'accrocher aux petites choses que j'avais là-bas. La télévision, la radio, une nourriture correcte ».
Pour rester sain d'esprit, Guilad explique quel a été son « secret » : « Il faut garder un cadre, ne pas rester au lit toute la journée. Je savais toujours quelle était l'heure et la date, selon le coucher du soleil, le lever du soleil et les prières. Au début, je ne savais pas ce qui se passait en Israël ou dans le monde. A un moment, on m'a permis de voir la télévision en arabe et après, on m'a donné un poste de radio et j'ai pu écouter les nouvelles d'Israël. Au début, je ne saisissais pas un mot d'arabe, et puis j'ai fini par comprendre un peu. Une sorte de communication s'est installée avec mes ravisseurs. Il y a eu des moments où le courant est passé, où un rire s'est fait entendre, quand nous regardions un bon match ou un film. Cela fait partie des choses qui m'ont aidé à garder toute ma tête là-bas ». Par Laly Derai, avec Hamodia.fr