"Les derniers événements en Grèce rappellent l’Allemagne des années 30, peu de temps avant l’avènement d’Hitler au pouvoir", estime l’ancien grand rabbin de Salonique. Le parti néonazi Aube Dorée, créé en 1980, vient enfin d’être déclaré hors-la-loi. Mais n’est-ce pas trop tard ?
Son emblème en dit long : il s’agit d’une croix antique qui rappelle étrangement la croix gammée, de sinistre mémoire. Son influence ne fait que croître, comme en témoignent ces chiffres : en 2012, Aube Dorée est devenu la troisième force politique du pays avec 18 députés au parlement et il comprend pas moins de 12 000 adhérents.
Malgré cette menace, les autorités n’ont décidé de prendre des mesures sévères contre les dirigeants d’Aube Dorée qu’après le meurtre, le 17 septembre dernier, d’un rappeur antifasciste Pavlos Fyssas. Les juges soupçonnent en effet des membres actifs du parti néonazi d’avoir participé à l’assassinat.
D’après un rapport judiciaire, les militants d’Aube Dorée auraient été impliqués dans de nombreuses activités criminelles, s’attaquant notamment à des immigrés dans des opérations musclées.
En 48 heures, le chef du parti néonazi, Nikolaos Mihaloliakos, a été arrêté avec un tiers de ses députés et une quinzaine de militants. Aube Dorée est accusée d’avoir couvert, voire provoqué, des actes criminels.
L’ancien rabbin de Salonique, Rav Mordehaï Frizis, qui vit aujourd’hui à Jérusalem, a confié son inquiétude au micro d’Aroutz Shéva en hébreu.
Il a souligné notamment que plusieurs meurtres d’immigrés avaient été commis avant celui du rappeur et a rappelé que des synagogues avaient été incendiées. "Ces crimes n’ont pas incité les autorités à agir fermement contre le parti et ses dirigeants, a-t-il précisé. Ce n’est qu’après l’assassinat du rappeur que le gouvernement grec, soumis à des pressions du monde extérieur, a décidé de sévir".
"La Grèce vit des événements qui rappellent ceux de l’Allemagne des années 30", a-t-il ajouté. Il a alors adressé un appel au gouvernement israélien, l’incitant à intervenir très discrètement, avec d’autres pays occidentaux, pour encourager les autorités grecques à se montrer très fermes face à ces mouvements extrémistes.